Par Roger Martelli
La séquence électorale est achevée. La
gauche a gagné à deux reprises. Les
socialistes retournent au pouvoir avec une
majorité absolue. L’abstention législative
est à son sommet. Le Front national relooké
et conforté colore la droite tout entière. Le
Front de gauche s’est installé vaillamment
dans le paysage mais a moins de députés
que le PCF n’en avait auparavant.
Tout n’a pas commencé dans la félicité. Jusqu’au
mois de novembre dernier, les sondages
donnent au candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon un score modeste, de 4 % à
8 %. Infiniment mieux que le très faible résultat
communiste de 2007, déjà au-dessus du niveau
annoncé pour Olivier Besancenot, toujours
candidat putatif, mais très au-dessous des
espérances, le total des estimations en faveur
de la gauche de gauche se situant en-deçà des
fatidiques 10 %. L’annonce inopinée du retrait
de Besancenot à l’automne, libère toutefois
brusquement l’espace de celui que les médias
s’obstinent à classer sous l’étiquette malvenue
de « populiste de gauche ».
En tout cas, la situation change brutalement au
printemps. Alors que la campagne électorale
semble s’assoupir, les sondages laissent entrevoir
une sensible montée de l’ex-socialiste, qui sait
marier la formule assassine (son « capitaine
de pédalo », adressé à François Hollande,
fait le buzz…) et la rigoureuse démonstration
pédagogique. Le 18 mars, c’est le choc.
Alors que 30 000 personnes maximum étaient
attendues pour une manifestation parisienne de
rue, ce sont 120 000 participants enthousiastes
qui se pressent place de la Bastille. Dès lors
la machine est enclenchée. Lille, Toulouse,
Marseille… Les rassemblements populaires de
plein air – une novation… – sont gigantesques et
chaleureux et les sondages s’envolent. À tel point
que certains se prennent à rêver : et pourquoi pas
une présence au second tour ?
Paradoxalement, alors que les plus de 11 % de
Jean-Luc Mélenchon constituent le plus gros
résultat à la gauche du PS depuis 1981, le
score du candidat et le fait qu’il ait été devancé
par Marine Le Pen sont vécus comme une
déception. Il n’y a pourtant pas de quoi. À lui
seul, Mélenchon dépasse de 2,2 % le total des
pourcentages du PCF et de l’extrême gauche en
2007. Alors que les voix s’étaient dispersées à
la gauche du PS, entre 1995 et 2007, elles sont
cette fois concentrées sur le Front de gauche. Le
camouflet de 2007 est effacé.
Un début d’ancrage prometteur
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