Dans la foule regroupée devant le 75, avenue de la Grande armée, quelques élus dont le Secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent, des salariés des usines PSA d’Aulnay, Sochaux, Rennes, Poissy, Caen et des sites mosellans, mais aussi des employés de Renault ou Sanofi-Aventis venus apporter leur soutien dans la lutte pour l’emploi. Pour Ruiz, délégué CGT qui travaille depuis 23 ans dans l’usine PSA d’Aulnay, la manifestation de ce matin s’adresse d’ailleurs à tous les patrons, pas seulement à la direction de PSA : « L’objectif de cette mobilisation, c’est de faire reculer PSA mais surtout de faire en sorte que ça serve de leçon à toutes les entreprises, que ça leur passe l’envie de licencier des gens ».
Le plan social détaillé ce matin par la direction de PSA, supprimant 8.000 emplois, est jugé inacceptable et injustifié par les travailleurs : Mickaël Montasprini, venu avec ses collègues CFDT du site de Metz, rejette l’argument économique en rappelant que le constructeur « a distribué 200 millions l’an passé aux actionnaires ». Il explique qu’ « actuellement, il y a plus de 10 milliards d’euros dans les caisses du groupe, donc il n’y a pas de problème, mais on ferme des usines en France pour aller dans les pays émergents comme la République Tchèque, l’Iran et la Chine, où la main d’œuvre est à moindre coût ». La lutte contre le plan social devrait se renforcer à la rentrée, explique Ruiz : « Aujourd’hui il s’agit d’opérer une prise de conscience avant les vacances. Mais la mobilisation va prendre plus d’importance à la rentrée, il y aura des actions plus fortes ».
« L’Etat devrait être beaucoup plus interventionniste »
Et face à l’annonce des 819 millions d’euros de pertes pour PSA au premier semestre par lesquelles le constructeur a justifié ce matin son plan, Miguel Hernandez, adjoint communiste au maire d’Aulnay, oppose le fait que « les dividendes ont augmenté, et 800 millions de pertes, dans un groupe comme PSA et compte tenu des 11 milliards engrangés ces 10 dernières années, ce n’est rien ». « Les dividendes accordés l’année dernière aux actionnaires permettraient de maintenir Aulnay pendant 4 ans ! », ajoute-t-il, regrettant le manque d’autorité du gouvernement : « L’Etat doit aussi être beaucoup plus interventionniste avec PSA : on demande la constitution d’un pôle industriel public, comme pour les banques ou les transports ».
Mais la réaction du gouvernement ce matin a beaucoup déçu. Son plan d’aides à la filière, centré sur des subventions pour l’achat de véhicules hybrides ou tout-électriques, est perçu comme marginal et inadapté car il ne contient aucune mesure de soutien pour les usines concernées par des suppressions de postes ou une fermeture. Ruiz s’indigne : « Il y a quelques années, l’Etat a prêté 3 millions d’euros à PSA alors que le groupe n’en avait pas besoin. Et maintenant il y a la fermeture d’Aulnay et peut-être celle à venir de Rennes, et l’Etat dit "c’est privé, je ne peux pas m’en occuper" ? ». Pour Miguel Hernandez, pas de quoi « relancer l’activité et la production automobile, ce ne sont que des mesures d’accompagnement à l’achat de voitures chères [les véhicules hybrides], que peu de monde peut se payer. Il y a zéro mesure sur le pouvoir d’achat, les salaires ». « C’est du cosmétique, ça ne touche qu’une petite frange des acheteurs potentiels », regrette-t-il.
- À lire aussi :
PSA : la nomination d'un expert "repousse provisoirement la machine à licencier"
"Ce n'est pas aux salariés de PSA de payer la note"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire