Des centaines de milliers de manifestants ont crié "non" au
nouveau plan de rigueur du gouvernement espagnol, à la hausse de la TVA,
aux coupes budgétaires qui frappent les fonctionnaires et les chômeurs,
jeudi soir, à Madrid comme dans 80 autres villes d'Espagne.
"Mains en l'air, c'est un hold-up", hurlait la foule dans la capitale
espagnole, reprenant ainsi le cri de ralliement des manifestations qui
se multiplient depuis l'annonce, le 11 juillet, de ce plan destiné à
économiser 65 milliards d'euros. "Si tu veux gagner, lutte sans
relâche", "Rajoy nous vole", "Je veux un Noël", proclamaient de petites
pancartes. D'autre portaient ce seul mot "NO" illustré d'une paire de
ciseaux, symbole de ces coupes budgétaires qui ont déclenché la colère
de tout le pays.
Le nouveau tour de vis ne passe pas chez des Espagnols déjà écrasés
par de lourds sacrifices consentis dans un pays en récession, étranglés
par un chômage de près de 25%. "Nous ne pouvons rien faire d'autre que
de descendre dans la rue. J'ai perdu entre 10% et 15% de mon salaire
depuis quatre ans. Et les nouvelles mesures ne serviront pas à résoudre
la crise", s'indigne Sara Alvera, fonctionnaire de 51 ans à la Cour des
comptes, venue manifester avec son mari, employé dans le privé.
"Si tu ne luttes pas, qu'auras-tu?"
"Quel Noël fabuleux nous allons passer. Il n'y aura aucun extra cette
année. Tous les ans, ils baissent les salaires, pendant que les prix
montent, le métro, le bus...", s'inquiète Paloma Martinez, une
fonctionnaire de 47 ans, une petite pancarte à la main portant les mots:
"Si tu ne luttes pas, qu'auras-tu?" "Si nous n'achetons plus, les
commerces fermeront, ils vont licencier encore des gens",
ajoute-t-elle. "Les gens doivent sortir dans la rue, plus s'il le faut,
tout le temps qu'il faudra."
Depuis la semaine dernière, répondant aux mots d'ordre des syndicats
ou des "indignés", ou alertés par les réseaux sociaux, des Espagnols de
tous horizons se rassemblent quotidiennement dans les rues, portant
les t-shirts jaunes des fonctionnaires de la Justice, verts de
l'Education ou les blouses blanches des infirmières. Les architectes,
sous une banderole "Non à la précarité", les chercheurs, avec une
pancarte "moins de science, plus de pauvreté", le monde du spectacle,
promenant un mannequin noir pendu avec l'inscription "théâtre public
exécuté" étaient au rendez-vous jeudi.
Dans la foule encore, des policiers en chemises noires, des pompiers
casqués, promenant la maquette géante d'un hélicoptère rouge sur un
chariot. "Ils dévalorisent notre travail, qui est un travail dur. Nous
devons descendre dans la rue. Pompiers, balayeurs, infirmiers, pour
dire 'assez'", résume Manuel Amaro, un pompier de 38 ans.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire