Par Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français.
Le premier acte de Jean Vilar lorsqu’il a été nommé, en 1951,
directeur du Théâtre de Chaillot, a été de lui rendre le nom qui lui
avait été attribué en 1920 : Théâtre national populaire. Tout est là.
Vilar concevait le théâtre – « nécessaire à la vie de l’homme comme de
manger » – dans son ouverture « à cette fraction majoritaire de notre
pays qu’on appelle populaire ». Il invitera les acteurs sociaux à être
« des militants qui, dans les locaux des groupements populaires,
ouvriront, élargiront le dialogue entre notre profession et les classes
populaires », et les artistes à sortir de la « solitude peuplée qui est
celle d’une compagnie théâtrale afin d’élargir l’influence sociale du
théâtre ». « Nous ne serons jamais assez dans le siècle », répétait-il
(1).Le compagnonnage de Vilar et des communistes débute dès 1947 lorsqu’il crée, avec le soutien du maire communiste de la ville, la Semaine d’art en Avignon, devenue, dès 1948, le Festival d’Avignon, associant théâtre, danse, arts plastiques et même cinéma. Notre complicité avec Vilar ne s’est jamais démentie jusqu’à sa mort en 1971. Elle se fondait sur des idées fortes que résume la résolution du comité central du PCF à Argenteuil en 1966 : l’art et la création sont indispensables à l’émancipation humaine, et une liberté totale doit être garantie à l’artiste comme à l’intellectuel. L’élévation du niveau culturel du peuple est un objectif aussi impérieux pour réussir le changement de société que la lutte pour la justice sociale.
La philosophie et l’action de Vilar comme celle d’Aragon (qui contribua à faire d’Argenteuil un acte de rupture avec le stalinisme) restent essentielles pour penser le monde. Les deux créateurs ont, en leur temps, fait preuve d’innovation. Il nous revient, pour leur être fidèles, d’agir avec la même capacité d’invention. La contribution des communistes à l’élaboration, dans le cadre du Front de gauche, d’un projet novateur pour l’art, la culture et l’information a été portée par cette ambition (2).
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