Pendant
25 ans, ouvriers mécaniciens et pyrotechniciens ont consciencieusement
assemblé les ogives nucléaires destinées à assurer l’indépendance de la
France en matière de dissuasion. Des pièces contenant du plutonium ou du
césium étaient manipulées sans précaution particulière sur la base de
l’Île Longue, dans la rade de Brest. Aujourd’hui, plusieurs salariés
frappés de cancers ou de leucémies tentent de faire reconnaître leurs
maladies professionnelles. Le ministère de la Défense et l’ancienne
Direction des chantiers navals déclinent toute responsabilité.
Ambiance
concentrée ce 18 septembre dans la salle des pas perdus du tribunal de
Rennes. Une quinzaine d’anciens salariés de la direction des chantiers
navals (DCN) de l’Île Longue, dans la rade de Brest, se serrent autour
de leur avocate, maître Cécile Labrunie. Elle va devoir prouver que le
cancer de Louis Suignard, découvert en 2009, est d’origine
professionnelle. Mécanicien, Louis a travaillé sur la base militaire de
l’Île Longue de 1989 à 1997. C’est de cette presqu’île qu’appareillent
les sous-marins nucléaires français qui filent ensuite patrouiller dans
les profondeurs océaniques. « Je faisais partie de l’équipe chargée d’assembler les têtes nucléaires »,
détaille Louis Suignard. Six têtes nucléaires par missile balistique.
Seize missiles par sous-marins, soit 96 ogives nucléaires à assembler
pour chacun des dix sous-marins nucléaires sortis des chantiers de la
DCN depuis 1971 [1] (lire aussi notre enquête, « Nucléaire : et si on s’intéressait aux installations militaires secrètes ? »). Sans oublier que les ogives usées doivent être rechargées lorsque les sous-marins rallient la base.Lire la suite
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