mardi 1 octobre 2013

Un budget 2014 très classe...

Par Benoît Borrits
Sous couvert de « pause fiscale », le gouvernement a construit son budget 2014 sur une forte réduction des dépenses publiques. Cédant aux injonctions du patronat en matière de politiques de l’emploi, cette pause fiscale se traduit par des transferts massifs de richesse des ménages vers les entreprises.
Déterminant plus de la moitié de la répartition du Revenu national brut, le budget est le marqueur le plus important de la nature d’une politique. C’est à cette aune qu’il mérite d’être jugé. Sous la pression d’une droite décomplexée, le gouvernement a choisi de se placer sur le thème de la « pause fiscale » après le budget d’austérité de 2013 : promis, juré, après les efforts de l’année dernière, l’heure est désormais à l’apaisement, d’autant que la reprise se profile à l’horizon...
L’austérité reste toujours à l’agenda des budgets européens. À peine ce budget élaboré, le ministre des finances, Pierre Moscovici, a rencontré, le matin du 25 septembre, la Commission européenne pour montrer qu’il respecte bien les critères du Pacte de stabilité. Il est vrai que la musique s’est infléchie ces derniers mois suite aux catastrophes provoquées par des ajustements budgétaires drastiques dans les pays du sud de l’Europe. Les dirigeants européens ont compris, mais un peu tard, que des baisses brutales de budget et de déficit ont un effet récessif sur l’économie. Désormais, le gouvernement français est plus prudent. On admet que le déficit 2013 sera de 4,1 % au lieu de 3,7 % et le budget 2014 se construit sur un déficit de 3,6 % alors qu’il devait initialement être inférieur à 3 %.
Dans un scénario de croissance de 0,9 % pour 2013, contre 0,1 % en 2013, un effort budgétaire reste d’actualité et le gouvernement a choisi de le faire porter à 80 % sur des réductions de dépenses et à 20 % sur une hausse de la fiscalité : 3 milliards de prélèvements nouveaux contre 33 milliards en 2013. Les réductions de dépenses seront de 15 milliards d’économies se répartissant en 9 milliards sur les dépenses de l’État et 6 milliards sur les régimes sociaux. Une seule bonne nouvelle dans ces réductions de dépenses : sur les 9 milliards de l’État, 500 millions proviennent d’une réduction de la charge de la dette s’expliquant par les faibles taux d’intérêt dont bénéficie actuellement la France. Pour le reste, il s’agit de 2,6 milliards de salaires et de dépenses courantes, de 2,6 milliards de dépenses d’investissement et de 3,3 milliards de concours aux collectivités locales et au budget européen. Dans un pays dans lequel le chômage massif est chronique, la réduction de la dépense publique n’est pas vraiment annonciatrice de créations d’emplois publics ou d’effet d’entraînement sur le reste de l’économie.
Ce sujet est tellement sensible que le texte d’introduction le positionne comme un budget « pour la croissance et l’emploi ». Si l’emploi ne se trouve pas au rendez-vous du côté du secteur public, c’est donc du côté du secteur privé qu’il faut le chercher... Le discours du gouvernement est désormais limpide. « Quand vous baissez le coût du travail, que faites-vous ? Vous créez de l’emploi dans le pays, vous permettez aux entreprises de créer de l’emploi » déclarait Pierre Moscovici début septembre.
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