Municipales : les raisons du vote des communistes parisiens
Le vote interne dans les sections du PCF de Paris
a donné 57 % des voix pour des listes d’union au premier tour avec le
Parti Socialiste, aux prochaines élections municipales. Au-delà de ses
implications électorales, cette décision aura des conséquences
importantes – et généralement négatives – concernant les perspectives
pour le PCF, pour le Parti de Gauche et, par-dessus de tout, pour la
construction d’une force politique capable de défendre les intérêts des
travailleurs face aux conséquences sociales désastreuses du capitalisme.
Après l’immense enthousiasme suscité par la campagne du Front de
Gauche en 2012, le vote des communistes parisiens provoque une vague
d’incompréhension et de déception dans la couche la plus militante et
active de la classe ouvrière, celle qui forme la colonne vertébrale des
organisations syndicales. La réaction a été du même ordre chez les
communistes parisiens qui ont voté pour des listes du Front de Gauche.
Tous les communistes – y compris ceux qui ont voté pour des listes
communes avec le PS – sentent que la décision parisienne tend à briser
l’élan créé en 2012, plaçant un point d’interrogation sur l’avenir du
Front de Gauche.
Cependant, il serait complètement erroné de tirer la conclusion que
ce vote exprime un sentiment « pro-PS » ou qu’il y aurait un quelconque
« virage social-démocrate » à la base du parti. Ce n’est pas vrai. Les
camarades qui ont voté pour des listes d’union avec le PS sont loin
d’être des inconditionnels de la politique du PS, que ce soit au niveau
parisien ou au niveau national. Il est vrai que Pierre Laurent et une
majorité de dirigeants de la fédération parisienne voulaient, dès le
départ, des listes d’union avec le PS. Ce positionnement a pesé dans la
balance, certes. Mais il n’a pas été décisif, à notre avis. Il y a
quelques mois, même si l’on ne peut l’affirmer avec certitude, il
semblait à bien des communistes que l’option Front de Gauche était
majoritaire à la base du parti, malgré la position de la direction
nationale. Quoi qu’il en soit, ce qui ne fait pas doute, c’est que le
soutien à des listes Front de Gauche s’est progressivement affaibli au
fil des semaines. Les partisans des listes PS-PCF avaient des arguments –
certains plus forts que d’autres –, mais l’un des principaux
facteurs qui expliquent le résultat du vote est indiscutablement le
comportement de la direction du Parti de Gauche.
Dans les discussions au niveau des sections parisiennes, de nombreux
militants communistes ont expliqué qu’ils auraient préféré des listes du
Front de Gauche, mais qu’ils ne voyaient pas comment c’était possible
compte tenu de l’attitude du PG. Tout en accusant le PCF de se livrer à
la « lutte des places » au détriment des questions de programme, les
dirigeants parisiens du PG se sont montrés extrêmement revendicatifs,
justement, en ce qui concerne les « places ». Ils exigeaient la tête de
liste parisienne. Ils exigeaient une répartition des positions éligibles
selon le schéma des « trois tiers », à savoir : un tiers pour le PCF,
un tiers pour le PG et un tiers pour des formations minuscules dont la
plupart des gens n’ont jamais entendu parler, mais qui se verraient
attribuer autant d’élus que le PCF ! Le PG considérait aussi comme « non
négociable » d’avoir les têtes de liste dans plusieurs arrondissements
clés de la capitale, comme par exemple le 10e, le 12e et le 20e, au
détriment du PCF.
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