La saignée redoutée par les syndicats se confirme. La nouvelle direction de Casino, passé en mars dernier aux mains de nouveaux actionnaires, le duo de milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, leur en a soumis l’ampleur lors d’une convocation ce mercredi 24 avril. Entre 1 293 et 3 267 postes pourraient disparaître au sein du groupe, selon le nouveau « projet de réorganisation », sur fond de cession de la quasi-totalité de ses hypers et supermarchés à Intermarché, Auchan et Carrefour.
À la perte de 2000 postes dans les magasins et les entrepôts s’ajouterait la suppression de 500 autres au sein du siège historique du groupe, à Saint-Etienne, qui en compte actuellement 1 564. Les autres sièges, dont les syndicats pensaient jusque-là qu’ils seraient épargnés, pourraient également subir la perte de quelque 700 postes.
Le scénario pourrait s’avérer encore plus sombre si les quelques magasins encore restants dans le giron du distributeur et certaines de ses plateformes logistiques n’ont pas trouvé de repreneurs d’ici septembre : 1 974 salariés de plus pourraient être alors laissés sur le bas-côté.
« Même si on s’y attendait, ces chiffres sont un choc », a réagi auprès de l’Humanité Jean Pastor, le délégué syndical Central CGT Géant Casino, selon qui cette décision serait le résultat du travail de sape lancé de longue date par l’ancienne direction du groupe, menée par l’ex-grand banquier Jean-Charles Naouri, patron tout-puissant durant trente ans.
Casse sociale sans précédent
Prévue pour le 6 mai, une réunion des comités sociaux et économiques devrait, selon le distributeur, plancher sur un « projet de plan de sauvegarde de l’emploi » (PSE), conduit parallèlement aux négociations avec les syndicats pour en définir le contenu. Casino « proposera une phase de départs volontaires pour les salariés concernés » par un PSE « présentant un projet professionnel, afin de limiter autant que possible le nombre de départs contraints », selon un communiqué de la direction.
L’intersyndicale de Casino (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) n’a eu de cesse au cours des derniers mois d’alerter sur la « casse sociale sans précédent » qu’ils anticipaient face à un « dépeçage » mené à marche forcée, sans considération pour l’avenir des salariés, soumis aux choix d’investisseurs guère soucieux de leur sort.
Pendant longtemps l’un des plus gros employeurs de Saint-Etienne et du département de la Loire, Casino, 125 ans après sa création, s’est endetté à hauteur de 6,4 milliards d’euros et amorce, avec l’annonce de ces suppressions d’emplois et ces ventes à la découpe, une nouvelle étape dans sa lente agonie.
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