mardi 16 avril 2024

« Un scandale sanitaire et écologique » : alerte au plomb sur le chantier de Notre-Dame


 Cinq ans après l’incendie qui a détruit la charpente, la flèche et une partie du mobilier de Notre-Dame de Paris, un collectif dénonce l’inaction des pouvoirs publics face à la pollution au plomb.

À trois mois des JO, le ciel de Paris a enfin retrouvé sa flèche. Mais, à ses pieds, la colère gronde. Il y a cinq ans jour pour jour, Notre-Dame était en flammes. Le nuage qui s’est échappé de cet incendie spectaculaire a emporté, sur l’île de la Cité et bien au-delà, des milliards de particules des 400 tonnes du plomb qui recouvrait la cathédrale, soit près de quatre fois les émissions annuelles de plomb dans l’atmosphère dans la France entière.

À l’époque, le Collectif plomb Notre-Dame, créé dans la foulée, demandait l’application d’urgence des règles préventives, comme le confinement de l’édifice et sa décontamination immédiate, l’information et le suivi des personnes concernées, qui travaillent ou vivent sur place. « Rien n’a été fait », dénoncent dans un communiqué commun l’Association Henri Pézerat, la CGT Paris et l’Association des familles victimes du saturnisme.

Pire : la reconstruction de l’édifice se fait à l’identique, et donc avec du plomb. « À la pollution liée à l’incendie s’ajoute donc maintenant celle du relargage des poussières de plomb issues de la nouvelle toiture et de la flèche », alertent les associations et l’organisation syndicale dans le communiqué.

Pollution jusqu’à 50 kilomètres au-delà de Paris

Ce lundi 15 avril, elles appellent à un rassemblement sur le parvis de Notre-Dame à 18 heures. Car l’enjeu est de taille. En décembre 2019, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) publiait un rapport indiquant que la pollution au plomb s’étendait jusqu’à 50 kilomètres au-delà de Paris. Pourtant, selon une enquête publiée par Mediapart en septembre 2019, le ministère de la Culture aurait alors fait le choix d’ignorer cette étude qui préconisait entre autres le confinement et la dépollution du site.

En juillet 2023, des mesures effectuées à l’intérieur et aux alentours de la cathédrale montrent que les taux de plomb relevés dans les poussières sont 5 à 50 fois supérieurs à ce que préconise le Code de santé publique. Entre-temps, en juin 2022, les associations et la CGT Paris déposent une plainte avec constitution de partie civile pour mise en danger d’autrui. « Un juge d’instruction a été désigné, expliquent-elles. Mais aucun procès ne s’est ouvert. »

Pour elles, pas de doute : « Les lenteurs de la justice servent bien les responsables de ce scandale sanitaire et écologique. » Les résultats d’une étude pilotée par la Banque mondiale en septembre 2023 montrent que 5,5 millions de personnes sont mortes en 2019 dans le monde à cause de maladies cardiovasculaires dues à l’exposition au plomb, un polluant éternel hautement neurotoxique, reprotoxique et cancérigène, également dangereux pour les systèmes cardiovasculaire et rénal. Et ce quel que soit le seuil d’exposition.

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