« Nous sommes prêts », « ces vols décolleront, quoi qu’il arrive », a martelé, lundi 22 avril, le premier ministre britannique Rishi Sunak, lors d’une conférence de presse, à propos du projet de son gouvernement d’expulser les migrants vers le Rwanda, quelle que soit leur nationalité. Un projet maintes fois retoqué, mais qui a finalement été validé lundi soir par les Chambres des Lords après son adoption à la Chambre des communes.
La réponse de l’exécutif aux 30 000 personnes ayant traversé clandestinement la Manche à bord de canots de fortune en 2023 fait l’objet de vives critiques parmi les associations d’aide aux migrants, l’opposition travailliste mais aussi jusqu’à l’ONU. Elle va « à l’encontre des principes fondamentaux des droits humains », avait notamment jugé son Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk. Après l’adoption, l’ONU a appelé le gouvernement britannique à « reconsidérer son plan » dénonçant des lois britanniques « de plus en plus restrictives qui ont érodé l’accès à la protection des réfugiés » depuis 2022.
« Une violation des droits humains protégés au niveau international »
Le texte avait d’ailleurs été retoqué à l’automne dernier par la Cour suprême du Royaume-Uni qui avait jugé illégal ce projet d’expulsions des demandeurs d’asile en raison des risques qu’ils encourent. Pour y parer, le projet a été remodelé et adossé à un nouveau traité entre Londres et Kigali qui définit le Rwanda comme un pays tiers sûr et prévoit le versement de sommes substantielles en échange de l’accueil des migrants.
« Aucune cour étrangère ne nous empêchera de faire décoller les avions », a également insisté Rishi Sunak, alors que de premières expulsions vers le Rwanda avaient été bloquées par la justice européenne. Poussé par l’aile droite de sa majorité, le chef de gouvernement s’était même dit prêt à sortir des traités internationaux si nécessaire. Il déclare désormais que des « avions charter » ont d’ores et déjà été réservés et pourraient décoller d’ici 10 à 12 semaines.
Les compagnies et autorités aériennes qui faciliteraient ces vols « pourraient être complices d’une violation des droits humains protégés au niveau international », ont pour leur part estimé lundi les rapporteurs spéciaux auprès des Nations unies sur le trafic d’êtres humains, sur les droits des migrants et sur la torture. Le commissaire du Conseil de l’Europe pour les droits de l’homme, Michael O’Flaherty, a qualifié, de son côté, cette loi d’« atteinte à l’indépendance de la justice ».
Un plan, par ailleurs, jugé « impraticable », « brutal » et « qui ne réussira pas à mettre fin aux traversées de la Manche » par le directeur général de l’organisation Care4Calais Steve Smith, rapporte l’AFP. Le gouvernement devrait « se concentrer plutôt sur la tâche vitale consistant à traiter les demandes d’asile de manière juste et rapide », a aussi réagi Enver Solomon, du Refugee Council. C’est une « honte nationale » et il « laissera une tache sur la réputation morale de ce pays », a ajouté, dans un communiqué, Sacha Deshmukh, à la tête d’Amnesty International au Royaume-Uni, tandis qu’Amnesty, Freedom from Torture et Liberty, dénonce « une menace significative pour l’Etat de droit ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire