Communiquez, il en restera toujours quelques choses, semble être la doctrine du ministre du Logement, Guillaume Kasbarian. En fin de semaine, celui qui s’est illustré en portant une loi prévoyant d’emprisonner les locataires ayant des retards de paiement, et a mené une nouvelle charge contre le secteur HLM.
« Nous avons le devoir collectif d’accélérer les files d’attente (…), Il faut réinterroger la pertinence à continuer à occuper un logement social de ceux qui ont largement dépassé les plafonds de revenus », a-t-il déclaré, le 11 avril aux Echos. Estimant que 8 % des locataires de HLM ont des revenus désormais trop élevés pour être encore éligibles au logement social, il a promit de s’en prendre au « logement à vie ».
La sortie du ministre surfe sur une image populiste du logement HLM. Mais elle est fausse. « Cette notion de « logement social à vie », si elle peut être efficace médiatiquement, n’a pas de réalité juridique » a taclé l’Union social pour l’habitat (USH) dans un communiqué. Nombre de commentateurs ont rappelé que la loi oblige déjà les bailleurs à vérifier tous les ans la situation de leurs locataires. Ceux dont les revenus dépassent les plafonds doivent d’abord payer un surloyer, puis devront quitter leurs logements, si cette hausse se confirme et s’accroit.
2,6 millions de personnes en liste d’attente pour un HLM
« Plutôt que produire du logement social, Guillaume Kasbarian préfère réduire le parc HLM et (…) opposer les classes populaires entre elles » a de son côté commenté la Confédération nationale du logement (CNL). Le ministre a fait cette déclaration alors que le manque de logements atteint un niveau sans précédent.
La concurrence des locations de courtes durées, le blocage de la mobilité résidentielle, ont entrainé une raréfaction de l’offre pendant que l’inflation a accrue l’inadéquation entre le niveau de vie des Français et les couts de l’immobilier, à l’achat comme à la location.
Le déficit est aussi alimenté par la crise de la construction. En tout, le nombre de logements construits entre octobre et septembre 2023, a chuté de 30 % par rapport aux douze mois précédents et de 19,3 % par rapport à l’avant Covid. La baisse est encore plus marquée dans le secteur HLM.
D’environ cent vingt milles nouveaux logements pas an produits avant l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, on est passé à 80 000 en 2023. Dans le même temps, le nombre de demandeurs de HLM a atteint 2,6 millions, dont 1,8 nouveaux inscrits.
Décalée par rapport à l’ampleur de la crise, la critique du ministre est par ailleurs en contradiction avec d’autres mesures qu’il prône. « Faciliter l’expulsion des classes moyennes du logement social accusées d’être « trop riches », c’est organiser la ghettoïsation de nos HLM », a commenté le sénateur communiste de Paris Ian Brossat.
C’est pourtant en principe au nom de la mixité sociale, et pour répondre aux besoins des classes moyennes, que le gouvernement promeut une autre mesure qui va mettre en péril le logement sociale : l’intégration du logement intermédiaire, en principe 10 à 15 % inférieur au prix du marché, dans le décompte des 25 % de HLM dont les communes doivent se doter au nom de la loi SRU.
C’est aussi avec ces arguments qu’il veut donner aux maires plus de pouvoir sur les attributions, alors que ces derniers favorisent des catégories sociales plus élevées et des personnes résidant déjà sur leurs communes. Ces contradictions n’empêchent pas toutes ces mesures de devoir figurer dans un même texte de loi, dont la présentation en Conseil des ministres est prévue pour mai prochain.
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