Dans le cadre de leur cycle de conférences à périodicité mensuelle, les sections du PCF de l’Yvette, Massy et Université Paris-Saclay avaient invité Gérard Streiff ce 26 mars. Soixante participants attentifs pendant l’heure de l’exposé et actifs pendant celle de discussion.
Gérard Streiff a analysé l’évolution du Rassemblement national (RN), a conduit à réfléchir sur les raisons de la croissance de son influence et a fourni des pistes pour la contrer.
Il y a une crise morale exacerbée par le confinement passé. Le doute vis-à-vis des institutions, des partis, de la science, de l’efficacité de l’action collective, l’absence de perspective d’un monde meilleur poussent au repli sur soi et favorisent le RN.
Le RN, comme tous les mouvements d’extrême droite, est opposé à l’égalité, adepte de la théorie des complots, autoritaire, nationaliste. Mais, à la différence de « Reconquête » qui se revendique de la droite dure, il se prétend ni de gauche, ni de droite.
Il singe la lutte de classes en jouant l’opposition peuple/élite, mais l’élite, pour lui, ce n’est pas le CAC 40 et ses commis, mais le voisin qui a une plus grosse voiture, Mbappé, les Parisiens.
Ses cadres, ses députés sont essentiellement des cadres du privé ou du public, des technocrates libéraux.
Le RN a lissé son discours, renouvelé son vocabulaire. Sa tactique est celle du catcheur huilé. Il joue la respectabilité. Pas d’illusion à avoir : Il est fondamentalement raciste : Son directeur général, Gilles Penelle, écrivait : « Si on ne fait rien, ils envahiront nos cathédrales et coucheront avec vos filles. »
Son obsession est l’immigration, l’islamisme, l’insécurité, la chasse aux pauvres qui trafiquent. Il est climato sceptique (« Le Giec exagère »).
Il prône l’augmentation des salaires par la diminution de cotisations sociales patronales, ce qui tuerait la Sécurité sociale.
Le groupe RN à l’Assemblée nationale se divise sur la constitutionnalisation de l’IVG. Les vieux démons sont toujours là.
Comment est vu le RN par l’opinion publique ? Des éléments contradictoires :
1 Français sur 2 considère que le Pen comprend les problèmes quotidiens des Français, mais aussi 1 Français sur 2 considère qu’elle est un danger pour la démocratie. 30 % des Français considèrent qu’elle ferait mieux que Macron. Les possédants multiplient les contacts avec elle (industrie agroalimentaire, Edouard Leclerc, groupe patronal Ethic, 1/4 du CAC 40). L’opinion comme quoi les chômeurs trouveraient du travail s’ils le voulaient est devenue très majoritaire.
Comment la contrer ? C’est difficile vu le côté glissant de ses propositions et vu que son programme n’est pas à l’ordre du jour. Il nous faut toutefois savoir combattre ses positions économiques et sociales. On entend souvent : « On ne l’a jamais essayée. » « On ne risque rien et quand elle se plantera, on reviendra aux affaires. » Si retour aux affaires, il se referait dans un pays abimé, une société de divisions entre travailleurs, et de cela on ne se relève pas facilement.
Quelques pistes supplémentaires :
Le RN a très peu de militants locaux. Reconstituer le maillage politique et de voisinage du PCF ; faire vivre des cellules et le militantisme de proximité.
Réimplanter le PCF sur les lieux de travail. C’est là que les travailleurs sont les plus aptes à saisir le contenu libéral, pro capitaliste des mesures préconisées par le RN, à voir l’absence totale du RN dans le combat contre le patronat.
N’abandonner ni les électeurs abusés ni les abstentionnistes.
Porter nos mesures de transformation sociale et économique, ne pas cacher leur coût, mais aussi leur efficacité pour s’attaquer à la racine des difficultés sociales de beaucoup de nos concitoyens. Un exemple simple : la santé. Le budget de l’Assurance Maladie est de 500 milliards d’euros. L’AME( Aide médicale d’État pour les étrangers en situation irrégulière) est d’1 milliard d’€. Sa suppression, réclamée par le RN) est totalement inefficace pour résoudre la crise hospitalière. Il faut viser ailleurs et à une tout autre échelle (voir propositions du PCF pour financer la Sécurité sociale).
François Perinet
co-organisateur de la rencontre
Article publié dans CommunisteS, n°991, 10 avril 2O24.
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