mercredi 24 avril 2024

Chez Samsung, les cadres dirigeants devront travailler gratuitement un jour de plus par semaine

Arguant d'une situation économique dégradée, le constructeur sud-coréen Samsung, qui a accusé une baisse de 14 % de son chiffre d’affaires annuel en 2023, a imposé aux cadres dirigeants de ses dizaines de filiales de travailler un jour de plus, le samedi ou le dimanche. Sans contrepartie financière.

Le samedi ou le dimanche. C’est peut-être la seule marge de manœuvre laissée aux cadres des dizaines de filiales de Samsung Electronics Co., notamment celles des divisions liées à la fabrication et les divisions commerciales. Ils devront désormais se soumettre à une semaine de travail de six jours, selon une révélation du Korea Economic Daily.

La raison invoquée par le puissant conglomérat sud-coréen pour imposer cette décision unilatérale, qui sera mise en œuvre dès ce lundi 22 avril ? Des résultats économiques jugés décevants, que ses cadres dirigeants sont donc invités, sans contrepartie financière, à redresser de toute urgence.

« Considérant que les performances de nos principales unités, dont Samsung Electronics Co., n’ont pas répondu aux attentes en 2023, nous introduisons la semaine de travail de six jours pour les dirigeants, afin d’injecter un sentiment de crise et de déployer tous les efforts pour la surmonter », a ainsi déclaré l’un des responsables du groupe Samsung, relayé dans Les Échos.

Les résultats financiers du 4e trimestre 2023 révèlent une baisse de 14 % du chiffre d’affaires annuel, par rapport à 2022, ainsi qu’une chute de 96 %, au cours du premier trimestre 2024, de son bénéfice d’exploitation, par rapport au premier trimestre 2023.

Des chiffres à mettre en lien avec une baisse du nombre d’appareils vendus : 400 000 de moins que l’année dernière, la chute mondiale de la demande en semi-conducteurs. Avec, en toile de fond, une forte dépréciation du won, la monnaie coréenne, qui créerait un climat d’incertitude autour de l’avenir de la firme, connue pour ses activités dans l’électronique mais également présente dans l’industrie lourde, les services financiers, l’hôtellerie et les parcs d’attractions.

Une entreprise qui piétine les libertés syndicales

Cette régression des droits sociaux n’a cependant rien de surprenant au sein d’une entreprise, véritable institution en Corée du Sud par son poids économique, qui s’est illustrée, à travers son histoire, par son peu d’égards pour ses salariés.

En 2016, l’unique syndicat du groupe, le SGS (Syndicat général du groupe Samsung), créé en 2003, avait ainsi dénoncé des violations des droits de l’homme au sein de l’entreprise, mais aussi la situation des travailleurs précaires, les maladies professionnelles liées à l’utilisation de produits chimiques cancérigènes, à l’origine de leucémies mortelles non reconnues par l’entreprise, ainsi que l’évasion fiscale.

En 2019, le président, Lee Sang-hoon, et le vice-président du géant de l’électronique, Kang Kyung-hoon, avaient par ailleurs écopé de dix-huit mois de prison pour la répression antisyndicale qu’ils ont exercée d’une main de fer alors qu’ils étaient à la tête du groupe.

En tournée européenne en décembre 2016, le SGS avait été reçu en France, au siège de la CGT et au Sénat, avant la visite de sa délégation au Royaume-Uni, en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Luxembourg.

 

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