lundi 16 septembre 2024

« Unir les classes populaires » : à la fête de l'Huma, Raphaël Arnault et François Ruffin clarifient leurs désaccords


 Invités à réfléchir à l'union des classes populaires pour battre le Rassemblement national, Raphaël Arnault, François Ruffin, Marie Pochon et Nicolas Sansu ont débattu, parfois vivement, de cette urgence vitale pour la gauche.

Il y a des repas de famille plus agités que d’autres. Alors que la gauche peine à séduire les classes populaires, préférant bien souvent l’abstention massive ou le Rassemblement national, quatre de ses représentants élus face à des candidats d’extrême droite étaient réunis ce samedi à l’Agora de la Fête de l’Humanité pour répondre à une question essentielle pour conquérir le pouvoir. Comment unir les classes populaires pour défaire le RN ? Autour de la table, les députés Marie Pochon (Les écologistes), Nicolas Sansu (PCF), François Ruffin (Picardie debout) et Raphaël Arnault (FI). 

Quelques jours après la sortie de François Ruffin dans L’Obs, déclarant qu’un « désaccord électoral et moral s’est creusé avec Jean-Luc Mélenchon » à la suite des propos du leader insoumis appelant à « mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires » et à « laisser tomber tout le reste », c’est peu dire que le député de la Somme était attendu par les militants insoumis et leur représentant du jour, Raphaël Arnault, élu dans le Vaucluse. Dès son entrée en scène, à l’annonce de son nom, des huées se sont largement fait entendre, mêlés aux applaudissements tout aussi nombreux. Résultat : une atmosphère volcanique. Jusqu’à la première prise de parole de l’insoumis. 

Le racisme, principale épine dans le pied

Soulignant l’utilité d’un tel débat « dans une période de clarification politique », Raphaël Arnault a tout d’abord tenu à se faire le porte-voix « d’une colère qui s’agite dans la salle ». « François, je te le dis avec la plus grande sincérité : tu as blessé énormément de camarades, notamment la jeunesse, lance-t-il alors. Pour pointer le problème de ce que cela veut dire politiquement, notamment sur la question antiraciste, plus que jamais centrale. Si on esquive cette question, on est mort ».

Et de poursuivre, tout en rappelant à l’ordre les militants les plus véhéments « parce que le but est à l’échange » : « Tu es dans la faute politique. Diviser les classes populaires entre elles n’est pas la bonne façon d’entrevoir la période politique. La principale épine dans le pied, c’est ce racisme qui pollue les classes populaires. Je voudrais qu’on arrête cette illusion qui dirait que, tout d’un coup, un vote d’extrême droite est apparu. Non, il y a un vote de droite historiquement fort dans les classes populaires rurales, et ce vote se radicalise »

« Gagner en Picardie comme en Seine-Saint-Denis ce n’est jamais perdre son temps »

Comment poursuivre la lutte, selon lui ? « Ce qu’on a à faire, ce n’est pas d’aller séduire des racistes, tranche-t-il. C’est d’obtenir des victoires sur le terrain social en tendant les bras aux mouvements antiracistes ». Une prise de parole conclue par la reprise en choeur de Siamo tutti antifascisti. Un chant qui n’était pas dirigé vers François Ruffin.

Le député de la Somme a rapidement répondu à Raphaël Arnault. Tenant en premier lieu à le « féliciter » pour sa victoire, tout en lui demandant : « Veut-on vraiment unir les classes populaires ? C’est la première question. Et là, j’ai un désaccord moral et électoral profond dans la durée avec Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise ». Une première prise de parole qui provoque autant de défiance que d’adhésion dans l’assistance.

« Mettons les choses sur la table, annonce-t-il. Quand il dit qu’il faut tout faire pour la jeunesse et les quartiers populaires et le reste on laisse tomber, qui ici est d’accord avec cette ligne ? Levez les mains ! ». Seule une poignée de mains se lèvent. « Voilà ! Vous pouvez me huer, mais vous savez, en 2022, au lendemain des législatives, alors que dans ma Picardie il y avait zéro députés avant, on en a eu huit. Le midi rouge ? Basculé à l’extrême droite ! Le médoc, des terres ouvrières, populaires, qui ont envoyées des députés socialistes et communistes pendant un siècle à l’Assemblée nationale ? Basculé. Le choix de Jean-Luc Mélenchon est suicidaire, il ne nous permet pas d’être majoritaire, c’est un choix de l’abandon et de la défaite. Il nous faut tout faire pour toutes les classes populaires. Il s’agit de ne laisser tomber personne. Gagner en Picardie comme en Seine-Saint-Denis ce n’est jamais perdre son temps ».

Et d’ajouter, cette fois uniquement sous les applaudissements : « C’est un danger pour les quartiers populaires et pour les personnes racisées d’être isolées politiquement du reste du pays. Il nous faut les raccrocher. Face à une extrême droite qui construit des murs, le rôle de la gauche est de détruire ces murs. Il y a un immense commun entre les quartiers populaires et les campagnes populaires. Il y a un chemin pour les unir »

Convaincre en dehors des cercles de la gauche

Des intentions auxquelles souscrit Marie Pochon, députée de la Drôme, s’appuyant sur sa campagne victorieuse en 2024 : « Je ne perds rien de ma radicalité et qui anime l’ensemble de mes engagements, mais pour gagner, il me faut aller chercher plus loin que les seules voix de gauche. Sinon, la prochaine fois, ça ne passera pas. Il faut aller convaincre des gens qui ont mis des bulletins de vote différents qu’on a perdus au fil des échéances électorales. Et c’est particulièrement important dans les territoires ruraux. Il faut aller convaincre en dehors de nos cercles »

Si, selon elle, « dans les villages », il n’y a plus de « fierté d’exister », en dehors du fait de se dire « vrai français », ou « vrai bonhomme », « il y a beaucoup de choses à déconstruire, mais il faut mener ce travail ». « Et faire ça, ce n’est pas abandonner la radicalité de notre projet », précise-t-elle.

« Il faut unir, rebondit Nicolas Sansu, député PCF du Cher. Aujourd’hui, beaucoup raisonnent entre ‘nous’ et ‘eux’. Il faut faire que le ‘nous’ soit un combat collectif contre un ‘eux’ qui représente les 500 plus grosses fortunes qui s’enrichissent comme jamais depuis qu’Emmanuel Macron est président. Là on fait des ponts entre toutes les classes populaires ! »

En se tournant vers Raphaël Arnault, l’élu communiste avertit : « Il ne faut pas faire d’anathèmes. Ici, il n’y a que des combattants pour le progrès social. Surtout, il faut être lucide : quoi que l’on dise, nous avons perdu toute une partie de notre pays. ne pas le voir serait un drame. Dans tous les territoires désindustrialisés, nous avons perdu la bataille idéologique. Il faut se battre pour recréer des solidarités. Pour cela, nous devons nous ouvrir davantage aux associations, aux syndicats, au peuple. C’est cela qui donnera un projet politique pour tous ».  

L’antiracisme partout

« Croyez-vous aux “fâchés pas fachos” ? », demande-t-on ensuite à Raphaël Arnault. « Je pense que vous connaissez la réponse, évacue-t-il d’un rire. Accordons-nous sur une chose : nous avons tous conscience que toute personne qui met un bulletin RN dans l’urne n’est pas un néo-fasciste en puissance. En revanche, nier qu’ils sont racistes, c’est gravissime »

Marquant un temps d’arrêt, il revient sur sa campagne. « Certains camarades m’ont dit : attention, tu parles trop d’islamophobie, d’antiracisme… On a tellement intégré le discours des réactionnaires et des classes possédantes, qu’on en vient à réfléchir comme eux. Mais on ne doit pas reculer sur ces questions, comme on ne doit pas le faire sur le sujet de la Palestine ! »

François Ruffin reprend la parole. « Je m’adresse à vous avec gravité. Nous avons obtenu un répit, une dernière chance, mais pas plus. La lame de fond en faveur du RN, elle se poursuit. Cela doit nous demander du sang froid pour trouver la meilleure stratégie, lance-t-il, sous des applaudissements qu’il interrompt, justifiant ne pas « chercher pas les applaudissements ». L’antiracisme, il est évident et permanent quand on est dans un coin comme le mien. Quand on défend les usines de Picardie, on sait que bon nombre de salariés sont des racisés. Quand on défend les auxiliaires de vie, les aides à domicile, on défend à la fois les femmes racisées qui exercent ces fonctions dans les métropoles que les femmes blanches qui font les mêmes métiers dans les campagnes. Et quand j’ai défendu Whirlpool, qu’est-ce que j’entendais ? Que c’était la faute des étrangers. Qu’est-ce que je fais ? Je réponds à ce qu’ils disent, mais ça ne suffit pas. Je reviens avec un tract qui parle de leur PDG, de son immense baraque, de ses moyens, et je raconte ça. Il faut des images pour leur montrer qui est leur véritable adversaire. Et c’est un autre que celui que leur montre la télé. Non ce n’est pas l’immigré, ce sont ceux qui se gavent »

Et de terminer, plaisantant autour d’une ambiance qui se « réchauffe » largement : « Si on veut unir les classes populaires, il est évident qu’il faut combattre le racisme pour casser les barrières ». En coulisses, néo et ancien insoumis se serrent la main. Et tous les débatteurs en conviennent en sortie de scène : « On s’est dit les choses ».

Le PCF Isère rend hommage à Claude Bertrand, ancien élu communiste « visionnaire », décédé à 84 ans

Claude Bertrand, ancien élu communiste de premier plan, s’est éteint fin août.

Claude Bertrand, ancien élu communiste à Saint-Martin-d’Hères, Échirolles et au conseil départemental, est décédé le 23 août 2024, à l’âge de 84 ans. Vice-président du Département en charge de la culture durant une décennie, il fut également président du SMTC. Une figure de la vie politique iséroise, dont l’action et le parcours auront marqué les militants qu’il a côtoyés.

« Claude Bertrand fait partie de cette génération d’élus communistes visionnaires, qui ont su marquer l’histoire du département à bien des égards. Son parcours inspirant restera dans les mémoires. » Les propos de Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF, témoigne à la fois de la trace laissée par l’infatigable militant et élu et du profond respect que celui-ci inspire, au sein de son parti comme en dehors. Le Drômois d’origine – et Isérois d’adoption – s’est éteint le 23 août, à l’âge de 84 ans.

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Claude Bertrand a notamment œuvré pour la culture, l’éducation et les transports.

Claude Bertrand, enseignant et militant depuis « toujours » au Parti communiste, a cumulé de nombreux mandats et fonctions au cours de sa vie politique. D’abord à Saint-Martin-d’Hères où il fut conseiller municipal à partir de 1977. Puis surtout à Échirolles où il s’installa au début des années 1980, prélude à un long bail au conseil municipal, de 1983 à 2008, dont 18 ans comme adjoint des maires Gilbert Biessy et Renzo Sulli. Ses délégations ? L’éducation, le développement économique et la culture.

« Il avait le souci de défendre toutes les formes de culture »

Saluant la « vie d’engagement » de Claude Bertrand, Amandine Demore, maire d’Échirolles, a fait part de son immense « respect » envers l’ancien élu, dont elle a loué les nombreux combats menés « pour le bien collectif ». L’édile PCF a notamment souligné son rôle dans le passage du collège Jean-Vilar en zone d’éducation prioritaire ainsi que dans la création du Musée de la Viscose ou encore dans l’expansion de l’espace Comboire.

Si Claude Bertrand s’imposa comme un acteur phare de la politique échirolloise durant près de trois décennies, son autre grand théâtre fut la scène départementale. Siégeant au conseil général – comme on l’appelait à l’époque – comme élu du canton d’Échirolles-Est, durant trois mandats, de 1992 à 2011, il a surtout endossé le costume de vice-président en charge de la culture et du patrimoine. Une délégation qu’il assuma sans discontinuer, entre 2001 et 2011.

José Arias a connu Claude Bertrand à Saint-Martin-d’Hères, puis au Département où il lui a succédé à la présidence du groupe communiste. Il garde en mémoire « son action en tant que vice-président à la culture », marquée par de nombreuses innovations, telles « l’accès à la gratuité des musées ». Il se souvient aussi, lorsque lui-même était vice-président à l’action sociale, de la volonté qu’avait son camarade de conduire « des actions conjointes pour permettre l’accès à la culture de tous les habitants du département, quelle que soit leur situation sociale ».

José Arias souligne également le « soutien [de Claude Bertrand] à l’ensemble des troupes de théâtre et du spectacle vivant » du territoire isérois. Un élu qui avait « le souci de défendre toute forme de culture, capable d’argumenter aussi bien en faveur d’un bon équilibre budgétaire pour la MC2 que pour le maintien d’une troupe de théâtre dans le Nord-Isère », salue-t-il.

Bien qu’étant d’une autre génération, Claude Bertrand montrait en outre un fort intérêt pour l’actualité culturelle, « notamment les cultures urbaines, comme le hip-hop », souligne José Arias, qui évoque un homme « sans préjugés ». « S’il était encore en fonction, il se poserait la question de défendre le street art, tout en ayant le souci du créateur », assure ainsi l’ancien premier adjoint de Saint-Martin-d’Hères. « Pour lui, il n’y avait pas de culture élitiste ou de sous-culture. »

D’importantes réalisations à la tête du SMTC

Parmi ses autres casquettes, Claude Bertrand a aussi été président du Syndicat intercommunal des eaux de la région grenobloise (Sierg) et bien sûr du Syndicat mixte des transports en commun (SMTC), ancêtre du Smmag, de 2001 à 2008. Sylvain Laval, actuel président du Smmag, a ainsi adressé tout son « respect à cet homme de gauche, militant du parti communiste, à cet homme d’engagements et de réalisations au service de toutes et de tous ».

Claude Bertrand a piloté d’importants projets pour le réseau de transports en commun. Citons notamment l’implosion de l’auto-pont pour la réalisation de la ligne C et le futur passage de la ligne E dont il a initié la réflexion, ainsi que l’extension de la ligne B jusqu’à Gières (2006) et la mise en service des lignes C (2006) et D (2007).

« Les communistes de l’Isère lui rendent hommage, et apportent leur soutien à sa famille et ses proches », conclut de son côté Jérémie Giono, au nom de la fédération PCF.

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Claude Bertrand a notamment piloté la mise en service de la ligne C du tram.

 

dimanche 15 septembre 2024

« Nous avons une obligation de résultat » : le Nouveau Front populaire prépare sa riposte au hold-up d'Emmanuel Macron


 Après Lucie Castets reçue vendredi 13 septembre, les quatre représentants des formations qui constituent le NFP se sont donné rendez-vous à l’Agora de l’Humanité. Au menu : riposte au hold-up d’Emmanuel Macron sur les élections et unité de la gauche.

C’est traditionnellement l’un des débats les plus suivis de l’Agora, celui des responsables de la gauche. En cette année politique qui s’est accélérée depuis la dissolution prononcée par Emmanuel Macron au soir des élections européennes, l’Agora est en surchauffe.

Avec 11 millions de voix aux élections législatives, le poids du RN « nous place devant une responsabilité immense, vis-à-vis de vous, les citoyens et de la République », souligne Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF. Ajoutant : « nous avons une obligation de résultat », et la condition première à cette obligation, c’est que « nous devons rester unis, être plus forts pour changer la France, changer la vie des gens ».

« Préserver cette unité comme un bien commun »

Mais comment faire tandis qu’Emmanuel Macron a choisi d’assurer sa survie politique en donnant les clés de Matignon à la droite ? « C’est de préserver cette unité comme un bien commun qui va nous permettre de construire et d’avancer, rappelle le responsable communiste. C’est continuer d’avancer ensemble, comme on le fait depuis deux mois, débattre, devant vous comme on le fait maintenant ». « Nous avons réussi à faire élire 193 députés, qui font que nous sommes la première force coalisée à l’assemblée nationale. C’est un point d’appui pour nous opposer à la politique de la droite et de l’extrême droite ».

Le réalisme prévaut aussi chez Fabien Roussel : « Il faut aussi que nous nous disions que ce n’est pas suffisant. Nous avons gagné, mais nous n’avons pas assez gagné. La prochaine fois, il faudra gagner plus. »

Dans une Agora débordant de public de toute part, quelqu’un crie « un seul parti ! » Réponse de l’écologiste Marine Tondelier : « Je ne crois pas en un seul parti. Écologiste, je crois beaucoup à la biodiversité. Si le NFP a fonctionné, c’est qu’il allait de Philippe Poutou à François Hollande. » La salle, jamais à court de facétie, laisse entrevoir de quel côté elle penche et scande alors : « Poutou ! Poutou ! Poutou ! »

Alors oui, « nous sommes quatre forces politiques avec des histoires, des propositions qui nous rassemblent mais qui aussi sont différentes. Ces différences et ces nuances doivent continuer de faire débat entre nous, respectueusement, sans insulte et sans dispute », relève Fabien Roussel.

« Je ne veux plus qu’on se balance des tacles »

Marine Tondelier abonde : « Je ne veux plus qu’on se balance des tacles. » La responsable écologiste poursuit : « Je le dis à tout le monde, y compris aux opposants internes à Olivier Faure. Je les ai trouvés très perméables aux critiques des macronistes. Quand j’ai entendu dire des gens du NFP : vous avez eu Michel Barnier, c’est de votre faute. Vous n’avez pas voulu de Cazeneuve, je ne suis même pas sûr que tous les socialistes passent le contrôle technique macroniste… »

En fait, reprend Olivier Faure, « la droite a peur qu’on puisse l’emporter »« Le problème n’était pas les ministres insoumis, mais le programme du Nouveau Front Populaire. » Il déplore d’entendre « à chaque fois les mêmes arguments quand la gauche est proche du pouvoir ; la gauche c’est la faillite, c’est l’incapacité à bien gérer, c’est ceux qui vident les poches » des gens. Au contraire, clame le premier secrétaire du PS, « je prends comme un honneur qu’il y ait des Français de droite qui ont peur de nous voir ensemble. Ils nous aiment divisés ». Et de prévenir : « Sans les insoumis, un Front populaire devient un front minoritaire. »

61 % des électeurs de gauche pensent qu’il faudrait une candidature unique du NFP en 202,7 selon un récent sondage. Avant cette échéance majeure, il y a l’urgent selon Manuel Bompard (FI). Face au coup de force de Macron qui ne veut pas reconnaître la réalité des unes, « je crois qu’il faut répondre de la manière suivante : censure, mobilisation, destitution ». « Oui, j’assume de dire que face au coup de force antidémocratique (…) d’Emmanuel Macron, il faut utiliser tous les moyens à notre disposition. Oui, la procédure de destitution du président est un de nos moyens. Elle sera examinée ce mardi en bureau de l’Assemblée. Le NFP y étant majoritaire, je pense que cette procédure pourra continuer à avancer (…) Peut-être qu’il ne tombera pas parce qu’il y a eu un accord secret entre Emmanuel Macron et le RN ». Mais, assure l’insoumis, rien n’est possible « sans mobilisation populaire ».

« La question qui nous est posée c’est comment on fait »

« Quand l’essentiel est en jeu, résume Olivier Faure, la gauche a toujours su se retrouver. La gauche a toujours été antifasciste ». Il n’en fallait pas plus pour déclencher dans la salle un intermède musical : le public entonne évidemment un Siamo tutti antifascisti !

Lutter contre l’extrême droite, « personne ne dira l’inverse, convient Manuel Bompard. La question qui nous est posée c’est comment on fait ». C’est déjà l’heure d’un bilan, pour le responsable insoumis. « J’ai déjà dit que l’idée qu’il faudrait mettre de côté certains sujets pour battre l’extrême droite était contreproductive, il faut affronter la substitution du clivage de classe par un autre clivage, en fonction de l’origine, de la couleur de peau », défend-il. « Ne commettons pas l’erreur de penser que le clivage dans le pays est géographique, ne faisons pas l’erreur de croire que la jeunesse et les quartiers populaires n’existent que dans les villes et métropoles », poursuit-il, dans une allusion à la position de François Ruffin. Et de souligner un chiffre : 45 % des logements sociaux sont situés hors des agglomérations de plus de 200 000 habitants.

Marine Tondelier l’assure, même s’il y a eu un regain de participation aux dernières législatives, la crise démocratique n’est pas réglée pour autant : « Quand vous retournez voter pour la première fois depuis longtemps et qu’on vous met Barnier à Matignon après, ça ne vous donne pas envie de recommencer ». C’est pourquoi elle défend une action qui va au-delà des partis, et associe associations, syndicats… Ce qu’elle appelle un « écosystème NFP ». Quand on est écologiste, on ne se refait pas.

« Si Barnier cherche des ministres pour augmenter Smic, abroger la réforme des retraites… nous ne sommes pas sectaires », lance Fabien Roussel à la Fête de l’Humanité

Lors du déjeuner de presse qu’il donne chaque année à la Fête de l’Humanité, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a estimé que « pour l’instant (Barnier) n’a dit que des banalités ». Volontairement provocateur, il a rappelé sa volonté « d’arracher des avancées pour les Français, pour les salaires, les services publics ».

« Je voudrais que Barnier parle. C’est pour ça que je vais le voir. Pour l’instant il n’a dit que des banalités », commence Fabien Roussel, vendredi 13 septembre, lors du déjeuner de presse qu’il donne chaque année à la Fête de l’Humanité. Le secrétaire national du PCF a décidé de répondre à l’invitation du premier ministre qui multiplie les « consultations » en vue de composer un gouvernement qu’il s’est engagé à annoncer la semaine prochaine.

« S’il cherche des ministres pour augmenter le smic et les salaires, pour abroger la reformes des retraites, pour augmenter le budget des services publics, nous ne sommes pas sectaires », ajoute le communiste précisant – pour éviter toute polémique – qu’il dit « ça avec une forme d’humour et d’ironie » et qu’il « mord volontairement le trait ».

« On peut faire de la provocation. Mais notre attitude, c’est d’arracher des avancées pour les Français, pour les salaires, les services publics. Si je suis ministre, il va falloir que Barnier s’accroche ! Il va falloir des milliards ! Mais qu’on ne vienne pas nous dire qu’on est sectaire. La question est politique, sur le fond des politiques qui seront menées », assure encore le dirigeant.

« Le RN est parti pour soutenir Barnier, on ne va pas les lâcher »

Le PCF a plusieurs fers au feu et entend aussi poursuivre son combat contre l’extrême droite. « Le RN est parti pour soutenir Barnier. Alors je vais faire le tour des circos RN. Je vais dire partout que si des écoles ferment, des postes ferment, des brigades de gendarmerie ferment, c’est fait avec la complicité du RN. On va aller dans chaque circonscription, on ne va pas les laisser tranquilles, on ne va pas les lâcher », promet le porte-parole de la formation, Léon Deffontaines.

L’ex-candidat aux Européennes s’est également dit en désaccord avec la stratégie de Jean-Luc Mélenchon. « Nous ne devons pas opposer quartiers populaires et ruralité. Ils ont les mêmes maux, les mêmes difficultés pour l’emploi, le logement, les services publics. Nous devons mener des campagnes similaires pour créer une conscience de classe », assure-t-il alors que le leader insoumis a estimé, lors de la manifestation du 7 septembre contre le « hold-up de Macron », qu’il fallait mobiliser jeunesse et quartiers populaires. « Tout le reste, on perd notre temps », avait ajouté le triple candidat à la présidentielle, lors d’une discussion avec des militants.

« Mais ce n’est pas parce que nous avons des différences stratégiques qu’on doit pour autant être des frères ennemis, juge également Léon Deffontaines. Dialoguons et restons unis. La seule force d’opposition à Macron et au gouvernement c’est le NFP ! »

« La question ce n’est pas NFP ou pas NFP, a embrayé le sénateur communiste Ian Brossat. La question c’est de savoir comment faire gagner le NFP la prochaine fois en obtenant une majorité absolue à l’Assemblée nationale. La question c’est d’élargir notre base électorale. L’union à gauche est nécessaire. Il faut qu’elle perdure ».

 

Quel débat national des communistes ? - Résolution du CN du 7 septembre 2024

Alors que la situation internationale est marquée par la militarisation grandissante, les guerres et des politiques de puissances lourdes de dangers, et que la France s’enfonce dans la précarisation du monde du travail, la désindustrialisation et la crise des services publics, nous venons d’affronter en France deux échéances électorales nationales majeures qui portent à son paroxysme la crise de régime.

Cette séquence a été marquée à la fois par une nouvelle progression inédite de l’extrême droite, en particulier dans une partie de l’électorat populaire, sur fond de nouvelle étape de la crise capitaliste, avec des conséquences déjà gravissimes dans la vie de nos concitoyens, et par une réaction forte du pays permettant d’empêcher le Rassemblement national et ses alliés d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale.

Le Nouveau Front populaire est la coalition qui a obtenu le plus de députés à l’Assemblée mais les résultats du premier tour montrent qu’il n’y a pas de progression importante de la gauche et qu’il existe des différences substantielles d’orientation et de stratégie entre les différentes forces. Et si notre parti a su être au cœur du débat public lors de ces échéances, nos résultats sont décevants et marqués par la perte de députés.

Reconstruire une influence forte PCF, donner un avenir à notre parti pour être utile au peuple implique de le hisser à la hauteur des défis de la période.

Au regard de cette situation, débat national des communistes doit contribuer à répondre à trois questions :

1. Quelle analyse précise faisons-nous de la séquence électorale européenne et législative et des résultats du PCF, comment préparer les prochaines législatives et municipales en articulant action du PCF et politique unitaire ?

2. Comment lutter plus efficacement contre l’extrême droite et les politiques capitalistes qui nourrissent sa progression et gagner des transformations révolutionnaires ?

3. Quelles campagnes politiques et idéologiques prioritaires mener pour reconquérir le monde du travail et les catégories populaires, quels changements sont nécessaires dans notre organisation pour y parvenir ?

 

Pour nourrir ce débat, la direction nationale versera au débat des éléments d’analyse :

- Sur la séquence électorale européenne et législative, l’électorat communiste et l’électorat de gauche ;

- Sur le stade actuel de la crise du capitalisme, des rapports mondiaux et de la progression des forces d’extrême droite en Europe et dans le monde ;

- Sur les dernières évolutions de la crise française ;

- Sur les avancées et les obstacles dans l’organisation du Parti et les transformations décidées au dernier congrès.

 

Méthode et calendrier de travail

Une commission nationale est mise en place pour organiser l’animation du débat des communistes.

Elle est composée de : Pierric Annoot, Cathy Apourceau-Poly, Jeremy Bacchi, Stéphane Bonnery, Elsa Koerner, Clara Gimenez, Pierre Miquel, Evelyne Ternant, Shirley Wirden, Igor Zamichiei.

Calendrier de travail :

- Septembre–octobre : Tenue d’assemblées générales des communistes en cellule et section

- Novembre : tenue des conseils départementaux

- 14 décembre : conférence nationale

Les assemblées générales des communistes doivent donner lieu à des comptes-rendus écrits qui feront l’objet d’une synthèse lors des conseils départementaux de novembre et seront également traités nationalement.

Un appel à contributions individuelles est également lancé.

La conférence nationale votera un relevé de décisions pour l’action des communistes dans les mois qui viennent.

 

samedi 14 septembre 2024

Immigration : les gauches européennes cèdent à l’extrême droite


 Courant après une « opinion publique » abreuvée des thèses de l’extrême droite, la gauche en finit par prendre le « problème » migratoire pour acquis.

En Allemagne, le chancelier social-démocrate, Olaf Scholz, a décidé de renforcer les contrôles aux frontières pour lutter contre l’immigration clandestine. Au Danemark, qui avait été en 1952 le premier pays au monde à ratifier la convention de Genève sur les réfugiés, les socialistes se sont mis à assumer une politique migratoire qui fait de leur pays un champion des restrictions migratoires.


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Est-ce la réalité des problèmes sociaux qui pousse à ce choix ? Non. On s’y résout parce que l’extrême droite a imposé son credo anti-immigration comme une donnée d’évidence. Et, comme toujours lorsqu’elle marque des points, il se trouve des forces pour expliquer que les questions posées par elle sont pertinentes et qu’il faut simplement y répondre autrement. En Allemagne, Sahra Wagenknecht le dit depuis longtemps, alors même qu’elle a été une figure de l’aile gauche de Die Linke. Et ses propos ont trouvé chez nous à l’époque des échos favorables, y compris au sein de La France insoumise.

Nous revoilà en tout cas au point de départ, à un moment où la scène politique européenne s’infléchit vers la droite. Il ne faut pas donner des armes à l’extrême droite. Chercheurs, militants associatifs, experts du dossier migratoire peuvent toujours expliquer que les mouvements migratoires n’ont rien d’un tsunami, que le « grand remplacement » est une absurdité, que la montée des flux migratoires est un phénomène mondial (voir encadré ci-dessous), etc., les responsables n’en ont cure : si « l’opinion publique » pense que l’immigration est un « problème », il faut le traiter comme tel.

La nouvelle politique migratoire devra mettre en balance les intérêts de tous au lieu de pousser à fond le curseur dans une seule direction. Le défi est considérable : anticiper les « crises migratoires » annoncées par les instances situées en première ligne ; mobiliser au plus tôt les moyens humains nécessaires (et pas seulement sous forme d’emplois précaires) ; rappeler les réussites tout autant que les échec de l’intégration ; saluer le rôle majeur des immigrés dans les emplois « essentiels » (et pas seulement par temps de pandémie) ; relayer publiquement les travaux qui, tels ceux de l’OCDE dans son rapport sur l’année 2001, démontrent que l’immigration rapporte plus au budget public qu’elle ne lui coûte ; rompre avec une logique perverse qui voudrait faire de l’intégration – voire de l’assimilation – une condition d’entrée sur le territoire, alors que l’intégration à la nation s’est toujours effectuée à force de temps, sur une ou deux générations, au prix d’un effort mutuel de toutes les parties. Bref, sortir du déni.

François Héran, Immigration : le grand déni, Seuil, La République des idées, 2023

On conviendra ici que la réalité des migrations se prête mal au jeu des oppositions extrêmes, à la sanctification des murs comme à l’affirmation éthique du « no border ». Mais quand, à gauche, on commence à expliquer que « nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde », on finit très vite par se trouver pris dans un engrenage qui, au nom du réalisme, conduit à des reculs successifs et, à l’arrivée, à l’abandon même des valeurs. Car, le contrôle accru des frontières n’étant en aucun cas une solution, s’y engager conduit inexorablement à devoir aller toujours plus loin dans la solution répressive. Cela ne pose aucun problème si, comme à l’extrême droite, on pense que la clôture nationale est en elle-même une valeur.

Mais si l’on s’y refuse, on doit avoir d’autres ambitions que celles de faire mieux que la droite ou l’extrême droite et, en aucun cas, on ne peut laisser croire qu’une gestion humaine volontaire des flux migratoires repose d’abord sur des moyens techniques de contrôle. Pour « accueillir » – et comment ne pas le faire quand on sait que les migrations continueront d’augmenter à l’échelle planétaire ? –, il faut une société compatible avec l’exigence de partage, de solidarité, d’impératif absolu des droits humains, d’inclusion et non d’exclusion.

Si la gauche n’est pas capable de se porter à ce niveau de projet, si elle n’installe pas le récit de cette société nécessaire et possible, elle se perdra elle-même et elle perdra, sur le terrain des valeurs tout autant que sur celui du réalisme.

Vencorex en redressement judiciaire : la CGT fixe son « plan de bataille » et appelle à une manifestation nationale le 1er octobre à Pont-de-Claix


 

Les représentants des syndicats CGT des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et Jarrie, de l’UD et de la FNIC se sont réunis ce jeudi 12 septembre à Grenoble.

Deux jours après le placement en redressement judicaire de Vencorex, le collectif des syndicats CGT s’est réuni, ce jeudi 12 septembre, à l’union départementale, à Grenoble. L’occasion d’établir un « plan de bataille » impliquant salariés des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et Jarrie, habitants, élus locaux et pouvoirs publics. La CGT appellera ainsi à la grève le 1er octobre, ainsi qu’à une grande manifestation à Pont-de-Claix, à laquelle sont conviés les salariés des industries chimiques de la France entière. Mais avant cela, les représentants syndicaux seront reçus à Bercy, ce lundi 16 septembre.

Depuis le dépôt par Vencorex de sa déclaration de cessation de paiements, vendredi 6 septembre, la prochaine étape ne faisait guère de doute. Sans surprise, l’entreprise a donc été placée en redressement judiciaire par le tribunal de Lyon, ce mardi 10 septembre. Déjà préparé depuis plusieurs jours à cette éventualité, le collectif des syndicats CGT a « pris acte » de la mesure.

Regroupant les représentants CGT des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et de Jarrie, l’union départementale CGT Isère et la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC) CGT, celui-ci s’est réuni ce jeudi 12 septembre dans les locaux de l’UD, à la bourse du travail de Grenoble. Un rendez-vous fixé de longue date mais dont l’ordre du jour s’est retrouvé chamboulé par les derniers évènements.

Grenoble Veynes Lus-la-Croix-haute

Hubert Franchi (plateforme de Jarrie), Adrien Poirieux (FNIC), Nicolas Benoît (UD CGT), Denis Carré (plateforme de Pont-de-Claix).

De fait, salariés et syndicalistes affirment avoir été « menés en bateau » par la direction et l’actionnaire, le groupe thaïlandais PTT Global Chemical. « Jusqu’à fin juillet, on n’avait pas connaissance de la cessation de paiements de Vencorex », rappelle Denis Carré, délégué CGT de la plateforme chimique de Pont-de-Claix. « Pour nous, il y avait peut-être une restructuration à faire », poursuit-il, mais une telle issue n’était alors pas évoquée ouvertement.

Néanmoins, ceux-ci ne tombent pas pour autant des nues. Les difficultés économiques de Vencorex – qui produit des isocyanates, utilisés pour les revêtements (peintures, vernis…) – se sont en effet aggravées au cours des derniers mois, malgré un plan d’économies de 53 millions d’euros. Les derniers chiffres faisaient ainsi état de pertes prévisionnelles de 80 millions d’euros à la fin 2024. En cause principalement, la concurrence asiatique sur le marché et le « dumping social » pratiqué par les sociétés chinoises.

Le 1er octobre, véritable « point de démarrage » de la lutte

Pour la CGT, l’objectif de la réunion syndicale, ce jeudi, était donc d’élaborer un « plan de bataille ». Celui-ci « implique les salariés des entreprises concernées mais s’appuiera également sur les habitants du secteur, les élus locaux ainsi que les pouvoirs publics », explique-t-elle. Une riposte à la hauteur de l’enjeu. Car pour le syndicat, il ne s’agit pas seulement de sauver les emplois des 500 salariés de Vencorex – dont 420 dans l’usine de Pont-de-Claix, principal opérateur de la plateforme chimique.

Les plateformes chimiques emploient 1 000 salariés auxquels s’ajoutent 5 000 emplois induits.

C’est bien, plus largement, « l’avenir des 1 000 salariés des deux plateformes et des 5 000 emplois induits du bassin sud grenoblois » qui se joue aujourd’hui, indique la CGT. Laquelle entend se battre « pour le maintien complet des activités présentes sur le territoire », et donc pour la sauvegarde de l’ensemble de la chimie grenobloise. Ceci, du fait de l’interdépendance des activités au sein des deux sites isérois, qui fait craindre aux syndicalistes un « effet domino », comme une possible fermeture pour Arkema.
Quid de ce fameux plan de bataille ? La CGT réclame de nouveau « la mise en place d’un comité de pilotage » rassemblant les représentants des salariés, des directions, des pouvoirs publics et les élus locaux. Mais aussi la mise en œuvre « d’expertises économiques dans chaque structure concernée, afin de faire la lumière sur les impacts directs et indirects d’une fermeture potentielle de Vencorex ».
Collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes

Les délégués CGT ont fixé un « plan de bataille » mobilisant salariés, habitants et élus.

Le syndicat a également décidé d’organiser des assemblées générales dans les prochains jours pour informer les salariés des entreprises concernées et « définir les contours de la lutte à venir ». Un échauffement avant la prochaine échéance majeure, annoncée comme le véritable temps fort et moment pivot de ce combat : la grande journée de mobilisation nationale du 1er octobre.

La FNIC CGT lance en effet un appel à la grève et à une « manifestation d’envergure », ce jour-là, dans la commune iséroise. « L’ensemble des syndicats CGT et des salariés des industries chimiques de toute la France sont appelés à converger devant la plateforme chimique de Pont-de-Claix », le 1er octobre, annonce Adrien Poirieux, référent départemental de la fédération. « Cette journée sera le point de démarrage des actions que nous serons amenés à organiser sur le territoire », précise la CGT.

Grenoble Veynes SNCF Lus-la-Croix-Haute

La réunion syndicale s’est déroulée à l’UD CGT, à la bourse du travail.

D’ici là, les discussions se poursuivront également avec les autorités. Ce lundi 16 septembre, à 14h, les responsables syndicaux sont ainsi conviés à une réunion au ministère de l’Économie et des Finances, avec la ferme intention de pouvoir « peser dans les discussions concernant l’avenir des sites chimiques ».

La CGT a aussi noué, depuis plusieurs mois, des contacts avec des parlementaires isérois de gauche, qui ont adressé « une lettre au préfet, restée sans réponse, pour réclamer un comité de pilotage ». Et ce mercredi 11 septembre, le sénateur écologiste Guillaume Gontard, les députées du Nouveau Front populaire Cyrielle Chatelain et Marie-Noëlle Battistel, le président de la Métropole (et maire de Pont-de-Claix) Christophe Ferrari et le maire de Jarrie Raphaël Guerrero ont de nouveau interpellé l’État, cette fois via un courrier adressé à Michel Barnier.

Ils alertent le Premier ministre sur « la situation très préoccupante de la filière chimique sud-grenobloise », à laquelle le placement en redressement judiciaire de l’usine Vencorex de Pont-de-Claix « fait courir un risque majeur ». Pour les élus, « l’urgence de cette situation appelle une réponse rapide de l’État, afin de trouver des solutions de reprise pour cette entreprise ». Ils souhaitent « être informés dans la durée » des négociations.

Vague de démissions chez Vencorex

Quant à l’avenir de Vencorex et plus globalement de la chimie du sud grenoblois, celui-ci reste plus que jamais en suspens aujourd’hui. Si diverses rumeurs courent au sujet d’un éventuel repreneur, rien n’est confirmé à ce stade. « Dans une société capitaliste, on n’a pas la main sur ce choix », déplore Adrien Poirieux. « Dernièrement, c’était un Thaïlandais, demain ce sera peut-être un Chinois… Si on était dans une société avec un contrôle ouvrier, en lien avec ces subventions données par l’État – donc par le contribuable -, on pourrait avoir notre mot à dire », regrette-t-il.

L’incertitude entourant la pérennité des activités a en tout cas entraîné une vague de démissions chez Vencorex. Les chiffres à cet égard sont édifiants. Entre l’avant et l’après-Covid, on est ainsi passé de 1,8 à 12 % de salariés démissionnant chaque année, le plus souvent pour rejoindre la concurrence.

Ceux qui restent sont quant à eux déterminés à tout tenter pour s’opposer aux fermetures de sites et aux licenciements. Et ce, en mobilisant à leurs côtés une partie de la population. Dans les faits, souligne Denis Carré, « 5 000 emplois, ce sont potentiellement 5 000 hommes ou femmes qui vont avec [NDLR : les compagnons ou compagnes des salariés], sans compter les enfants ». Beaucoup possèdent en outre « un père, un oncle ou un grand-père » ayant travaillé sur une plateforme chimique. C’est tout un pan de l’histoire ouvrière du territoire qui se retrouve menacé…