dimanche 15 septembre 2024

« Nous avons une obligation de résultat » : le Nouveau Front populaire prépare sa riposte au hold-up d'Emmanuel Macron


 Après Lucie Castets reçue vendredi 13 septembre, les quatre représentants des formations qui constituent le NFP se sont donné rendez-vous à l’Agora de l’Humanité. Au menu : riposte au hold-up d’Emmanuel Macron sur les élections et unité de la gauche.

C’est traditionnellement l’un des débats les plus suivis de l’Agora, celui des responsables de la gauche. En cette année politique qui s’est accélérée depuis la dissolution prononcée par Emmanuel Macron au soir des élections européennes, l’Agora est en surchauffe.

Avec 11 millions de voix aux élections législatives, le poids du RN « nous place devant une responsabilité immense, vis-à-vis de vous, les citoyens et de la République », souligne Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF. Ajoutant : « nous avons une obligation de résultat », et la condition première à cette obligation, c’est que « nous devons rester unis, être plus forts pour changer la France, changer la vie des gens ».

« Préserver cette unité comme un bien commun »

Mais comment faire tandis qu’Emmanuel Macron a choisi d’assurer sa survie politique en donnant les clés de Matignon à la droite ? « C’est de préserver cette unité comme un bien commun qui va nous permettre de construire et d’avancer, rappelle le responsable communiste. C’est continuer d’avancer ensemble, comme on le fait depuis deux mois, débattre, devant vous comme on le fait maintenant ». « Nous avons réussi à faire élire 193 députés, qui font que nous sommes la première force coalisée à l’assemblée nationale. C’est un point d’appui pour nous opposer à la politique de la droite et de l’extrême droite ».

Le réalisme prévaut aussi chez Fabien Roussel : « Il faut aussi que nous nous disions que ce n’est pas suffisant. Nous avons gagné, mais nous n’avons pas assez gagné. La prochaine fois, il faudra gagner plus. »

Dans une Agora débordant de public de toute part, quelqu’un crie « un seul parti ! » Réponse de l’écologiste Marine Tondelier : « Je ne crois pas en un seul parti. Écologiste, je crois beaucoup à la biodiversité. Si le NFP a fonctionné, c’est qu’il allait de Philippe Poutou à François Hollande. » La salle, jamais à court de facétie, laisse entrevoir de quel côté elle penche et scande alors : « Poutou ! Poutou ! Poutou ! »

Alors oui, « nous sommes quatre forces politiques avec des histoires, des propositions qui nous rassemblent mais qui aussi sont différentes. Ces différences et ces nuances doivent continuer de faire débat entre nous, respectueusement, sans insulte et sans dispute », relève Fabien Roussel.

« Je ne veux plus qu’on se balance des tacles »

Marine Tondelier abonde : « Je ne veux plus qu’on se balance des tacles. » La responsable écologiste poursuit : « Je le dis à tout le monde, y compris aux opposants internes à Olivier Faure. Je les ai trouvés très perméables aux critiques des macronistes. Quand j’ai entendu dire des gens du NFP : vous avez eu Michel Barnier, c’est de votre faute. Vous n’avez pas voulu de Cazeneuve, je ne suis même pas sûr que tous les socialistes passent le contrôle technique macroniste… »

En fait, reprend Olivier Faure, « la droite a peur qu’on puisse l’emporter »« Le problème n’était pas les ministres insoumis, mais le programme du Nouveau Front Populaire. » Il déplore d’entendre « à chaque fois les mêmes arguments quand la gauche est proche du pouvoir ; la gauche c’est la faillite, c’est l’incapacité à bien gérer, c’est ceux qui vident les poches » des gens. Au contraire, clame le premier secrétaire du PS, « je prends comme un honneur qu’il y ait des Français de droite qui ont peur de nous voir ensemble. Ils nous aiment divisés ». Et de prévenir : « Sans les insoumis, un Front populaire devient un front minoritaire. »

61 % des électeurs de gauche pensent qu’il faudrait une candidature unique du NFP en 202,7 selon un récent sondage. Avant cette échéance majeure, il y a l’urgent selon Manuel Bompard (FI). Face au coup de force de Macron qui ne veut pas reconnaître la réalité des unes, « je crois qu’il faut répondre de la manière suivante : censure, mobilisation, destitution ». « Oui, j’assume de dire que face au coup de force antidémocratique (…) d’Emmanuel Macron, il faut utiliser tous les moyens à notre disposition. Oui, la procédure de destitution du président est un de nos moyens. Elle sera examinée ce mardi en bureau de l’Assemblée. Le NFP y étant majoritaire, je pense que cette procédure pourra continuer à avancer (…) Peut-être qu’il ne tombera pas parce qu’il y a eu un accord secret entre Emmanuel Macron et le RN ». Mais, assure l’insoumis, rien n’est possible « sans mobilisation populaire ».

« La question qui nous est posée c’est comment on fait »

« Quand l’essentiel est en jeu, résume Olivier Faure, la gauche a toujours su se retrouver. La gauche a toujours été antifasciste ». Il n’en fallait pas plus pour déclencher dans la salle un intermède musical : le public entonne évidemment un Siamo tutti antifascisti !

Lutter contre l’extrême droite, « personne ne dira l’inverse, convient Manuel Bompard. La question qui nous est posée c’est comment on fait ». C’est déjà l’heure d’un bilan, pour le responsable insoumis. « J’ai déjà dit que l’idée qu’il faudrait mettre de côté certains sujets pour battre l’extrême droite était contreproductive, il faut affronter la substitution du clivage de classe par un autre clivage, en fonction de l’origine, de la couleur de peau », défend-il. « Ne commettons pas l’erreur de penser que le clivage dans le pays est géographique, ne faisons pas l’erreur de croire que la jeunesse et les quartiers populaires n’existent que dans les villes et métropoles », poursuit-il, dans une allusion à la position de François Ruffin. Et de souligner un chiffre : 45 % des logements sociaux sont situés hors des agglomérations de plus de 200 000 habitants.

Marine Tondelier l’assure, même s’il y a eu un regain de participation aux dernières législatives, la crise démocratique n’est pas réglée pour autant : « Quand vous retournez voter pour la première fois depuis longtemps et qu’on vous met Barnier à Matignon après, ça ne vous donne pas envie de recommencer ». C’est pourquoi elle défend une action qui va au-delà des partis, et associe associations, syndicats… Ce qu’elle appelle un « écosystème NFP ». Quand on est écologiste, on ne se refait pas.

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