Plus de 90 % des bâtiments « détruits ou gravement endommagés » (soit plus de 3 500 structures), 59 % des terres agricoles dont « la santé a été détériorée », des fermes rasées au bulldozer, des immeubles d’habitation démolis… En somme, entre octobre 2023 et mai 2024, ce sont « des milliers d’habitations et des terres (qui) ont été rendues inhabitables », relève Amnesty International qui livre, ce jeudi 5 septembre, les conclusions de son enquête sur 8 mois de destructions à l’Est de Gaza par l’armée israélienne dont l’objectif affiché est la création d’une « zone tampon ».
« La campagne de ruine incessante de l’armée israélienne à Gaza est une campagne de destruction injustifiée. Nos recherches montrent que les forces israéliennes ont détruit des bâtiments résidentiels, forcé des milliers de familles à quitter leurs foyers et rendu leurs terres inhabitables », résume Erika Guevara-Rosas, directrice générale de la recherche, du plaidoyer, des politiques et des campagnes de l’ONG qui demande l’ouverture d’une enquête pour crime de guerre.
Des destructions hors combats contraires au droit international
Dans quatre zones où l’ONG a enquêté, « des structures ont été délibérément et systématiquement démolies » après que l’armée israélienne en avait pris le contrôle, hors combats avec le Hamas, dit-elle dans ce rapport publié jeudi 5 septembre et qui s’appuie sur l’analyse d’images satellites, des témoignages ou des vidéos filmées le long de la ligne de démarcation. Or, rappelle Amnesty, « le droit international humanitaire interdit la destruction des biens d’un adversaire, sauf si celle-ci est justifiée par une nécessité militaire impérieuse », et « les attaques directes contre des biens de caractère civil sont également interdites ».
Si certaines structures détruites avaient « probablement déjà été utilisées par des groupes armés », cela ne suffit pas à « transformer des écoles, des logements ou des mosquées en objectifs militaires », souligne l’ONG. Et si Israël estimait nécessaire la création d’une zone tampon afin de protéger sa population d’attaques venant de Gaza, « il semble qu’il existait d’autres solutions sur le territoire israélien » permettant d’arriver au même résultat, mais qui n’ont « pas été envisagées », poursuit-elle.
« Ces destructions injustifiées doivent donc faire l’objet d’une enquête pour crime de guerre », conclut l’ONG qui estime également que « compte tenu des éléments de (son) enquête démontrant que certaines destructions d’habitations et d’autres biens de caractère civil visaient à punir des civil·es pour des attaques de groupes armés, ces agissements doivent également faire l’objet d’une enquête pour le crime de guerre de sanction collective ».
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