jeudi 26 septembre 2024

Échirolles. La ville va évacuer l’immeuble Le Carrare, point de deal majeur, mais « aucun habitant ne sera à la rue », promet la maire

Le Carrare, un point de deal en plein centre d’Échirolles, à deux pas de la mairie et du commissariat.

Il devenait donc, affirme la maire, « impératif de fermer provisoirement, pour une durée de trois semaines, afin que les travaux puissent se faire et que les habitants puissent retrouver un lieu digne pour vivre ». Concrètement, ces derniers doivent évacuer les lieux dans un délai de trois jours, à compter de la signature des arrêtés, la date limite étant fixée au vendredi 27 septembre, à 9h.

Une question brûle cependant toutes les lèvres : les résidents du Carrare seront-ils tous relogés durant les trois semaines de travaux ? Les rares personnes ayant accepté de s’exprimer, ce mardi, en sortant du bâtiment, ne cachaient d’ailleurs pas leur inquiétude, partageant la même interrogation. « Que va-t-on devenir ? Il paraît que la mairie va nous trouver un logement mais est-ce qu’on aura tous un appart correct avant vendredi ? », lance ainsi un couple souhaitant rester anonyme.

« Il y en a qui ont de la famille ou des amis pour les aider mais pas nous », ajoute le jeune homme. Sa compagne concède quant à elle qu’il « fallait bien faire quelque chose ». Mais un élément l’interpelle : « Pourquoi c’est à nous qu’on demande de partir ? On n’est pas responsables », s’insurge-t-elle, avant de s’interrompre face aux regards inquisiteurs.

Sur ce point néanmoins, Amandine Demore se veut à la fois rassurante et catégorique : « Le sujet qui me tenait à cœur avant de signer ces arrêtés, c’est que les habitants ne se trouvent pas sans solution. Normalement, c’est au propriétaire d’assurer le relogement dans ce cas, mais nous allons les accompagner avec le CCAS, en lien avec les services de la préfecture. Personne ne sera à la rue ! », promet-elle.

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Amandine Demore, maire d’Echirolles, s’est exprimée à l’hôtel de ville pour présenter l’objectif de ces arrêtés.

De combien de personnes s’agit-il ? Difficile à dire, même pour la mairie. Officiellement, Le Carrare compte 80 logements, des studios et petits appartements type T1 ou T2. Mais tous ne sont pas occupés, loin de là. Certains sont squattés, d’autres ont même été totalement condamnés par leurs propriétaires, avec des portes blindées, pour éviter les intrusions.

L’évaluation est très compliquée « vu le niveau de dégradation qu’on a dans cet immeuble », confirme la maire d’Échirolles, qui a demandé aux services sociaux de la ville un état des lieux définitif. Officieusement, certaines sources évoquent un maximum de 60 logements habités (squatteurs compris) ; d’autres estiment que moins de la moitié des appartements sont occupés légalement.

Éviter le retour du point de deal après les travaux

Si des locataires sont inquiets, c’est également le cas des copropriétaires, dont le syndic devait se réunir en fin d’après-midi, en présence de représentants de Foncia et de la municipalité. L’un d’eux, rencontré ce mardi midi devant Le Carrare, avait ainsi bien du mal à avaler la pilule : « On nous prévient par un simple mail, sans aucune explication. Regardez, ça, ce sont les 70 messages qu’on a déjà échangés sur notre groupe WhatsApp de la copropriété depuis ce matin », nous montre-t-il, en désignant l’écran de son smartphone.

Outre la nature des travaux à effectuer, un point préoccupe particulièrement l’Échirollois : « Moi, comme les autres, on demande d’abord une chose à la mairie : est-ce qu’on va nous indemniser ? » « Je leur réponds que je dois prendre mes responsabilités en tant que maire », rétorque Amandine Demore. « S’il s’était passé quoi que ce soit ici – une électrocution ou autre -, c’est moi qui aurais été responsable. Je suis désolée pour eux mais l’immeuble s’est dégradé depuis une dizaine d’années et on leur avait fait une série de préconisations il y a quelque temps… Aujourd’hui, je dois agir. »

L’édile et certains résidents sont en tout cas au moins d’accord sur une chose, employant le même adjectif : la situation était devenue « intenable ». À partir de vendredi matin, le bâtiment sera « fermé et sécurisé, on ne pourra plus rentrer dedans », assène l’élue PCF. Quid des doutes formulés par un copropriétaire quant au possible retour des dealers, au terme des trois semaines de chantier ? Éviter cela est bien « l’objectif », souligne-t-elle, insistant sur le travail que va mener conjointement la ville « avec la copropriété, les forces de l’ordre, la préfecture, le parquet ».

Amandine Demore réaffirme sa détermination : « Je ne lâcherai rien. Les territoires appartiennent aux habitants, absolument pas aux dealers. » Reste une autre question épineuse. Contraints de déménager sous 72 heures, les trafiquants vont-ils simplement déplacer le point de deal à quelques rues du Carrare ? Consciente du risque, la maire met en avant la surveillance policière spécifique. Mais elle l’admet aussi, sa demande de renforts policiers adressée à Emmanuel Macron est restée lettre morte. Et celle-ci de conclure alors, un brin dépitée : « On a besoin de retrouver de la police de proximité, de mettre des moyens dans la prévention, dans la justice… Je crains qu’avec ce nouveau gouvernement, on n’en prenne pas le chemin. »

Un comite de suivi avec la ville, la préfecture et le parquet

La préfecture de l’Isère, la ville d’Échirolles et le parquet ont effectué un nouveau point de situation sur l’évacuation des résidents du Carrare, dans un communiqué commun diffusé ce mardi 24 septembre au soir. « Chacune des personnes concernées est reçue par les services sociaux de la mairie et de l’État, afin de les mettre en sûreté et de les reloger de façon temporaire, le temps que les copropriétaires puissent s’assurer de la remise en sécurité de l’immeuble dans un délai de trois semaines », confirment-ils.

Par ailleurs, en raison des conséquences du trafic, « la maire, le préfet et le procureur, comme ils s’y étaient engagés, ont mis en place un comité de suivi pour restaurer la sécurité et la tranquillité publiques dans et autour du Carrare », ajoutent les services de l’État et de la ville, qui annoncent, parallèlement à la fermeture de l’immeuble, la poursuite des « opérations de contrôle renforcées sur ce secteur » de la part des policiers.

 

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