Les représentants des syndicats CGT des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et Jarrie, de l’UD et de la FNIC se sont réunis ce jeudi 12 septembre à Grenoble.
Deux jours après le placement en redressement judicaire de Vencorex, le collectif des syndicats CGT s’est réuni, ce jeudi 12 septembre, à l’union départementale, à Grenoble. L’occasion d’établir un « plan de bataille » impliquant salariés des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et Jarrie, habitants, élus locaux et pouvoirs publics. La CGT appellera ainsi à la grève le 1er octobre, ainsi qu’à une grande manifestation à Pont-de-Claix, à laquelle sont conviés les salariés des industries chimiques de la France entière. Mais avant cela, les représentants syndicaux seront reçus à Bercy, ce lundi 16 septembre.
Regroupant les représentants CGT des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et de Jarrie, l’union départementale CGT Isère et la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC) CGT, celui-ci s’est réuni ce jeudi 12 septembre dans les locaux de l’UD, à la bourse du travail de Grenoble. Un rendez-vous fixé de longue date mais dont l’ordre du jour s’est retrouvé chamboulé par les derniers évènements.
Hubert Franchi (plateforme de Jarrie), Adrien Poirieux (FNIC), Nicolas Benoît (UD CGT), Denis Carré (plateforme de Pont-de-Claix).
De fait, salariés et syndicalistes affirment avoir été « menés en bateau » par la direction et l’actionnaire, le groupe thaïlandais PTT Global Chemical. « Jusqu’à fin juillet, on n’avait pas connaissance de la cessation de paiements de Vencorex », rappelle Denis Carré, délégué CGT de la plateforme chimique de Pont-de-Claix. « Pour nous, il y avait peut-être une restructuration à faire », poursuit-il, mais une telle issue n’était alors pas évoquée ouvertement.
Néanmoins, ceux-ci ne tombent pas pour autant des nues. Les difficultés économiques de Vencorex – qui produit des isocyanates, utilisés pour les revêtements (peintures, vernis…) – se sont en effet aggravées au cours des derniers mois, malgré un plan d’économies de 53 millions d’euros. Les derniers chiffres faisaient ainsi état de pertes prévisionnelles de 80 millions d’euros à la fin 2024. En cause principalement, la concurrence asiatique sur le marché et le « dumping social » pratiqué par les sociétés chinoises.
Le 1er octobre, véritable « point de démarrage » de la lutte
Pour la CGT, l’objectif de la réunion syndicale, ce jeudi, était donc d’élaborer un « plan de bataille ». Celui-ci « implique les salariés des entreprises concernées mais s’appuiera également sur les habitants du secteur, les élus locaux ainsi que les pouvoirs publics », explique-t-elle. Une riposte à la hauteur de l’enjeu. Car pour le syndicat, il ne s’agit pas seulement de sauver les emplois des 500 salariés de Vencorex – dont 420 dans l’usine de Pont-de-Claix, principal opérateur de la plateforme chimique.
Les plateformes chimiques emploient 1 000 salariés auxquels s’ajoutent 5 000 emplois induits.
Les délégués CGT ont fixé un « plan de bataille » mobilisant salariés, habitants et élus.
La FNIC CGT lance en effet un appel à la grève et à une « manifestation d’envergure », ce jour-là, dans la commune iséroise. « L’ensemble des syndicats CGT et des salariés des industries chimiques de toute la France sont appelés à converger devant la plateforme chimique de Pont-de-Claix », le 1er octobre, annonce Adrien Poirieux, référent départemental de la fédération. « Cette journée sera le point de démarrage des actions que nous serons amenés à organiser sur le territoire », précise la CGT.
La réunion syndicale s’est déroulée à l’UD CGT, à la bourse du travail.
D’ici là, les discussions se poursuivront également avec les autorités. Ce lundi 16 septembre, à 14h, les responsables syndicaux sont ainsi conviés à une réunion au ministère de l’Économie et des Finances, avec la ferme intention de pouvoir « peser dans les discussions concernant l’avenir des sites chimiques ».
La CGT a aussi noué, depuis plusieurs mois, des contacts avec des parlementaires isérois de gauche, qui ont adressé « une lettre au préfet, restée sans réponse, pour réclamer un comité de pilotage ». Et ce mercredi 11 septembre, le sénateur écologiste Guillaume Gontard, les députées du Nouveau Front populaire Cyrielle Chatelain et Marie-Noëlle Battistel, le président de la Métropole (et maire de Pont-de-Claix) Christophe Ferrari et le maire de Jarrie Raphaël Guerrero ont de nouveau interpellé l’État, cette fois via un courrier adressé à Michel Barnier.
Ils alertent le Premier ministre sur « la situation très préoccupante de la filière chimique sud-grenobloise », à laquelle le placement en redressement judiciaire de l’usine Vencorex de Pont-de-Claix « fait courir un risque majeur ». Pour les élus, « l’urgence de cette situation appelle une réponse rapide de l’État, afin de trouver des solutions de reprise pour cette entreprise ». Ils souhaitent « être informés dans la durée » des négociations.
Vague de démissions chez Vencorex
Quant à l’avenir de Vencorex et plus globalement de la chimie du sud grenoblois, celui-ci reste plus que jamais en suspens aujourd’hui. Si diverses rumeurs courent au sujet d’un éventuel repreneur, rien n’est confirmé à ce stade. « Dans une société capitaliste, on n’a pas la main sur ce choix », déplore Adrien Poirieux. « Dernièrement, c’était un Thaïlandais, demain ce sera peut-être un Chinois… Si on était dans une société avec un contrôle ouvrier, en lien avec ces subventions données par l’État – donc par le contribuable -, on pourrait avoir notre mot à dire », regrette-t-il.
L’incertitude entourant la pérennité des activités a en tout cas entraîné une vague de démissions chez Vencorex. Les chiffres à cet égard sont édifiants. Entre l’avant et l’après-Covid, on est ainsi passé de 1,8 à 12 % de salariés démissionnant chaque année, le plus souvent pour rejoindre la concurrence.
Ceux qui restent sont quant à eux déterminés à tout tenter pour s’opposer aux fermetures de sites et aux licenciements. Et ce, en mobilisant à leurs côtés une partie de la population. Dans les faits, souligne Denis Carré, « 5 000 emplois, ce sont potentiellement 5 000 hommes ou femmes qui vont avec [NDLR : les compagnons ou compagnes des salariés], sans compter les enfants ». Beaucoup possèdent en outre « un père, un oncle ou un grand-père » ayant travaillé sur une plateforme chimique. C’est tout un pan de l’histoire ouvrière du territoire qui se retrouve menacé…
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