Depuis plusieurs mois, plusieurs semaines, c'est une véritable offensive qui se mène sur le thème du "coût du travail". Au nom de la compétitivité des entreprises, la perte du AAA vient accélérer cette offensive dont l'objectif au final est assez simple: transférer des poches des ménages à celles des actionnaires 50 à 80 milliards d'euros. Pour décrypter le débat sur compétitivité et coût du travail vous trouverez ci-dessous une note très argumentée de Jean Paul Duparc.
Dans ces derniers mois, et plus encore depuis la perte du AAA,
Sarkozy, Fillon, Parisot, se relaient en boucle pour assener qu’il faut
prendre des mesures courageuses pour « baisser le coût
du travail », présenté comme l’obstacle à l’emploi, à la
compétitivité et le facteur essentiel des délocalisations. C’est ce coût
qui serait le facteur premier du déclin industriel du pays.
Compétitivité et coût du travail
Droite et patronat reprennent ainsi le discours des agences de
notation, exigeant des « mesures structurelles » et qui sont bien
obligées d’admettre les effets pervers et récessifs de
l’accumulation des restrictions budgétaires !
Le coût du travail par rapport à qui ?
La concurrence libre et non faussée comme la libre circulation des
produits et des capitaux, ainsi que l’orientation européenne qui
encourage les dumpings fiscaux et sociaux en son sein, obligent
à se poser la question. Car nulle baisse des charges ne permettra de
rattraper les salaires des pays émergents, ni non plus les salaires
des pays d’Europe orientale. Ce n’est d’ailleurs pas
souhaitable. C’est une impasse totale et évidemment ce serait une
catastrophe sociale et économique ( Que la directive Bolkestein avait
tenté d’importer en ouvrant la voie à ce que des salaires
des pays d’origine soient pratiqués en France !)
La seule comparaison raisonnable est de comparer les salaires dans
l’industrie en France et en Allemagne ou en Belgique, pays aux niveaux
de vie comparables, puisque nous avons avec ces deux
seuls deux pays un déficit du commerce extérieur plus important
qu’avec la Chine (Hong Kong inclus)
Le MEDEF, relayé un temps par l’INSEE, avait bien tenté d’imposer à
l’automne 2010, une vision de coût salarial structurellement plus élevés
en France qu’en Allemagne. Mais dès le printemps 2011
l’INSEE était obligé de faire machine arrière.
D’ailleurs une note de la Commission des comptes de la Sécurité
Sociale en juin 2010 a montré qu’en coût annuel complet pour un salarié à
temps plein en Allemagne et en France, le coût global
restait supérieur en Allemagne, même si l’écart s’était réduit entre
2000 et 2008. (la réduction de cet écart est d’ailleurs à mettre en
relation avec les orientations impulsées par Schroeder il
y a quelques années, dans un pays sans SMIC et qui a généralisé en
direction des chômeurs les petits boulots très mal payés, d’où
l’extension récente d’une grande et nouvelle pauvreté en
Allemagne)
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