Jérôme a 47 ans. Après avoir enseigné vingt ans dans une ZEP, il est
aujourd’hui écrivain, et vit dans le Nord-Pas-de-Calais. Militant de
longue date, il a d’ores et déjà arrêté son choix : en 2012, il votera
pour le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon.
Coralie Delaume. Votre choix en faveur de Jean-Luc Mélenchon semble ferme et définitif. Qu’est-ce qui le motive ?
Jérôme. Je
suis adhérent au Parti communiste français (PCF). Je suis juste un
militant de base et j'ai fait partie de ceux qui, au sein du parti
communiste, ont milité pour une stratégie unitaire, celle du programme
partagé avec les autres composantes du Front de Gauche (FDG) : le Parti
de Gauche (PG) de Mélenchon ou encore Gauche Unitaire.
La
stratégie du FDG a d'ailleurs plutôt bien fonctionné depuis 2009 en
affirmant la présence d'un pôle de « la gauche de la gauche » aux
Européennes, aux Régionales et aux Cantonales où il a tout de même frôlé
les 10% dans une relative indifférence médiatique.
Pour
ces présidentielles, qui sont — et je le déplore — des élections
personnalisées à l'extrême, il me semble que Mélenchon, avec ses
qualités de débatteur et d'orateur est le mieux à même de porter le
programme du FDG.
C.D. : Justement, la
présidentielle étant autant le choix d'un homme que celui d'un
programme, ne craignez vous pas que le caractère emporté de Mélenchon n'éloigne de lui bon nombre d'électeurs potentiels ? N'en fait-il pas un peu trop ?
J. : Je
ne crois pas. Les médias dominants ont tendance à caricaturer les
candidats qui soutiennent des programmes réellement alternatifs. Je me
souviens notamment d'un véritable choc frontal entre Jean-Michel Apathie
et Mélenchon sur RTL, à propos de la réforme des retraites. Apathie
était tout surpris de se retrouver avec, en face de lui, un homme qui
osait dire, et de manière argumentée, chiffrée, qu'il y avait d'autres
solutions que celles présentées comme allant de soi et allant évidemment
dans le sens d'une régression sociale.
De toute façon, quand on
porte un programme comme celui du FDG à la fois radical et réaliste, il
faut être très combatif. Que ce soit Mélenchon ou les militants.
C.D. : On constate actuellement un gros succès de Marine Le Pen
auprès des couches populaires. Comment expliquez-vous que l’audience
de votre candidat soit moindre que la sienne auprès de cet électorat ?
J. : Je
pense que vous posez la question centrale. Si le FDG entame une lente
mais régulière montée dans les sondages, on reste très loin des scores
du FN. Et pourtant, de fait, son électorat est potentiellement le nôtre.
Je dirais même que Marine Le Pen nous l'a en grande partie piqué. Pas
elle seule, mais le FN, depuis le déclin électoral du PCF, notamment.
Lire la suite
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire