Une impression d’affolement et de désordre se dégage des propos de
Nicolas Sarkozy dès les premières phrases de son entretien télévisé.
Logement, emploi des jeunes apprentissage, création d’une banque de
l’industrie... Par un coup de baguette magique, ou un tour de bonneteau,
tout sera réglé dès le mois de février... Le chef de l’État en
froid avec l’opinion publique a donné le sentiment d’annoncer qu’il
réglera dans l’urgence des problèmes que sa politique a aggravés depuis
cinq ans. Mais le coeur du propos confirme que l'injustice sociale et
fiscale aura donc bien été le fil conducteur, le marqueur de son
quinquennat.
Nul ne peut reprocher au président candidat non encore déclaré un
manque de suite dans les idées. Ses premières décisions, en 2007, se
chiffraient à 15 milliards d’euros de cadeaux en tous genres au monde de
la finance et à l’oligarchie de la fortune. Droits de succession, ISF,
toutes les modestes contributions au fonctionnement de la société que la
République se doit de réclamer aux plus nantis étaient outrageusement
allégées. La défiscalisation des heures supplémentaires, le bouclier
fiscal, rien n’était assez beau pour le grand patronat, en loyal fondé
de pouvoir duquel l’hôte de l’Élysée s’est constamment comporté.
Généraliser la pratique du chantage patronal
Quand approche l’heure de rendre des comptes aux électeurs, qui
pourraient bien délivrer un jugement très sévère, Nicolas Sarkozy
persiste: il veut alléger les cotisations patronales et faire compenser
le manque à gagner dans les caisses de l’État par une hausse de 1,6
point de la TVA, qui passera ainsi de 19,6 % à 21,2 %. En clair, il
s’agit d’un renchérissement du coût de la vie. Injustice toujours: la
TVA pèse proportionnellement plus lourd sur les petits revenus que sur
les gros. Au nom de l’exigence de « compétitivité », Nicolas Sarkozy
veut généraliser la pratique du chantage patronal, qui vise à faire
renoncer les travailleurs à la durée légale du travail de 35 heures ou à
accepter des baisses de salaires en brandissant la menace de plans de
licenciements ou de délocalisations. Du slogan « travailler plus pour
gagner plus », qui lui valut quelques succès en 2007, on est passé à un
projet « travailler plus et gagner moins ». Les salariés de Continental à
Clairoix (Oise) ont douloureusement appris ce que valaient pareils
marchés de dupes.
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