Depuis mai, le prix
du blé a augmenté
de près de 40 %,
celui du maïs de plus de 60 %. Le soja suit la tendance. Ces hausses
spéculatives se traduiront par une flambée des prix alimentaires. Les
paysans français, acheteurs de céréales pour leur bétail, sont les
premiers à payer
la facture.
Une spéculation durable est engagée sur le blé, le maïs et le soja
depuis plusieurs semaines. Par effet de contagion, la hausse des prix
touche aussi les céréales secondaires, comme l’orge et les oléagineux,
et les plus cultivés en Europe : le colza et le tournesol. Depuis juin,
le prix du blé a augmenté de près de 40 % et celui du maïs de plus de 60
% à la Bourse de Chicago. La tendance est la même sur les autres places
financières où s’échangent chaque jour des milliers de tonnes de grains
sans bouger de leurs silos. Plus sidérant encore, les récoltes de 2013,
2014 et même 2015 peuvent être partiellement prévendues sur le marché à
terme très au-dessus de 200 euros la tonne car une sécheresse sévère
sévissant au États-Unis, en Russie, en Ukraine et au Kazakhstan pousse
les spéculateurs à considérer que les prix resteront élevés plus
longtemps que lors de la crise de 2007-2008, qui déboucha sur des
émeutes de la faim dans près de 40 pays.
Pour le blé, la production mondiale pourrait être cette année de
662 millions de tonnes, auxquels s’ajoute un stock de report de fin de
campagne de 177 millions de tonnes. Il n’y a donc pas de risque de
pénurie. Mais les stocks sont inégalement répartis. Les pays
structurellement déficitaires n’étaient guère enclins aux achats, ces
dernières semaines, car ils voulaient connaître la qualité des blés
récoltés avant de s’engager. Dans le même temps, les trois gros pays
exportateurs que sont la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan ont une
récolte en baisse de 34 % par rapport à 2011. Dès lors, leurs capacités
d’exportation seront moindres. La Russie a déjà beaucoup exporté cet été
et le souci de stabiliser les prix des denrées alimentaires sur leur
marché intérieur peut inciter ces trois pays à relever leurs stocks de
sécurité. Il n’en faut pas plus pour qu’on anticipe d’énormes profits en
spéculant sur les céréales dans les salles de marché.
S’agissant du maïs, les États-Unis tablent désormais sur une récolte
de 273 millions de tonnes, au lieu des 375 millions de tonnes envisagés
au mois de mai dernier. Comme ce pays utilise 40 % de son maïs pour
produire de l’éthanol destiné aux véhicules, la part des réservoirs
entre en concurrence avec celles de la consommation humaine et animale.
Du coup, les spéculateurs tablent aussi sur une pénurie de maïs et sur
des prix en forte hausse.
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