J-10 avant la manifestation unitaire contre le Pacte budgétaire.
"Le traité renforcera le chômage", "Sur cette question, c'est au
peuple de se prononcer", "Les femmes précaires, premières victimes de
l'austérité"... Dix personalités du monde politique, associatif et
syndical expliquent leur position sur le pacte budgétaire européen.
- Cécile Cukierman, sénatrice PCF de la Loire : «Il n’y a que le peuple qui peut décider de son avenir»
« Ce traité organise la mise sous tutelle du Parlement et donc de la
démocratie, du choix des peuples. Nous nous sentons dessaisis. Mais ce
n’est pas un caprice de parlementaire : nous sommes l’expression de la
démocratie, et si nous sommes dessaisis, c’est donc la démocratie qui
est dessaisie de l’avenir du pays. En 2005, le peuple s’était déjà
exprimé contre un traité européen, donc nous demandons que celui-ci soit
lui aussi soumis au référendum. Ce sont des questions importantes : ce
traité va servir à justifier l’austérité pendant des années. Il n’y a
que le peuple qui peut décider de ce que sera ou ne sera pas son avenir,
certainement pas la Commission européenne. Dans mon département, la
Loire, je vois beaucoup d’élus, pas forcément engagés dans des partis
politiques mais progressistes, nous interpeller. Au-delà du Front de
gauche et des parlementaires socialistes et écologistes qui voteront
contre ce texte, je vois l’opposition au pacte budgétaire s’élargir
petit à petit à l’ensemble des forces progressistes du pays. »
- Karima Delli, députée européenne
Europe Écologie-les Verts (EELV) : «C’est maintenant
qu’il faut changer de cap»
« Le rejet de l’Europe tel qu’il apparaît dans les sondages est une
conséquence de la politique Merkel-Sarkozy menée depuis 2008. Il y a,
pour François Hollande, une occasion d’inverser la tendance et ne pas
encourager le repli sur soi. Il ne la saisit pas en défendant le TSCG,
qui serait un véritable délitement économique, entraînerait un
accroissement de la récession, et aiguise le risque du repli
nationaliste. Il faut s’engager dans une autre voie, et à mes yeux cette
voie ne peut être qu’un saut fédéral. C’est maintenant qu’il faut
changer de cap, qu’il faut avancer des propositions concrètes pour, par
exemple, remettre à plat le rôle de la BCE pour la transformer en un
véritable Trésor européen, constituer un bouclier social, avancer sur la
transition écologique. Et surtout réconcilier les citoyens avec
l’Europe, relancer le rêve européen. Le tout sous contrôle démocratique,
celui du Parlement européen et des Parlements nationaux sur la
Commission européenne. L’Europe doit disposer d’un vrai budget, alimenté
par exemple par des taxes environnementales ou sur les transactions
financières. C’est à ces conditions que l’on peut réinventer une Europe
plus solidaire, une Europe des peuples. »
- Christophe Ramaux, membre du collectif
des Économistes atterrés : «L’austérité plonge les pays dans la récession»
« Le creusement de la dette publique, ces trente dernières années,
n’est pas dû à un excès de dépense, puisque l’on a fait au cours de
cette période plutôt de l’austérité budgétaire. Si la dette passe de
25 % du PIB en 1982 à 65 % en 2007 et plus de 90 % aujourd’hui, c’est
parce que les politiques budgétaires et salariales étouffent l’activité
et diminuent les recettes fiscales. Si ces recettes diminuent, c’est
d’abord en raison de politiques contre la croissance, ensuite en raison
des cadeaux fiscaux aux plus riches, dans une véritable
contre-révolution fiscale. Avec le TSCG, les règles budgétaires
connaîtront un durcissement inédit. Le simple calcul du déficit
structurel, la « mauvaise graisse » qu’il faudrait limiter à 0,5 %, est
une notion libérale qui prête à polémique depuis des lustres. 2007
marque la faillite du libéralisme. Deux ans plus tard, les néolibéraux
réussissent le hold-up intellectuel de prendre prétexte de l’une des
conséquences de la crise – la dette publique – pour réclamer d’aller
plus loin dans l’application de modèles qui ont failli. La preuve : mois
après mois depuis le début 2012, dans les pays soumis à des cures
d’austérité d’une violence inouïe, Grèce, Portugal, Italie et Espagne,
le déficit est plus important qu’en 2011. Faute d’activité, l’austérité
plonge les pays dans la récession. »
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