De la mobilisation contre la sélection à la mobilisation des travailleurs
Les étudiants sont mobilisés depuis janvier contre le plan Vidal.
Lancée dans un premier temps par les enseignants-chercheurs organisés
notamment au sein de l’Association des Sociologues de l’Enseignement
Supérieur, le mouvement a été rapidement rejoint par les étudiants qui
ont montré leur détermination dès le 1erfévrier, première journée de
grève. Depuis, les assemblées générales dans les universités ont réuni
plusieurs milliers d’étudiants, de Bordeaux à Rennes en passant par
Toulouse, Poitiers, Nantes ou Paris. Si la mobilisation n’a pas encore
pris un caractère massif, le 22 mars pourrait constituer un tournant
dans le mouvement.
Du côté des cheminots, la mobilisation commence face à la publication
du rapport Spinetta et la menace sur l’avenir du rail qu’il constitue.
Constamment attaqués, les cheminots combatifs n’entendent pas laisser le
gouvernement mettre à mort leur statut. Le 22 mars, ils rejoindront
donc les salariés de la fonction publique pour défendre leurs droits.
Le spectre d’une convergence entre étudiants et travailleurs
La date du 22 mars apparaît donc comme un potentiel tournant dans le
quinquennat de Macron. Après une pluie d’attaques restées sans réponse
massive, l’hégémonie du président semble commencer à vaciller. Division
de la majorité autour de la politique anti-migrants du gouvernement,
scandale des conditions de vie dans les EHPAD, ministres accusés dans
des affaires de viol, le président apparaît moins jupitérien que jamais.
Dans ces conditions, une convergence entre les étudiants, les
cheminots et les fonctionnaires pourrait avoir des conséquences
profondes. Rien n’effraie plus le gouvernement que le spectre d’un
nouveau mai 68. Face aux attaques répétées du gouvernement qui cible
tous les acquis du mouvement ouvrier, de la loi travail XXL au Plan
étudiants en passant par la réforme de l’assurance-chômage ou des
retraites, si un mouvement part, il risque de durer.
Hormis 68, l’histoire des victoires du mouvement social est émaillée
de convergences entre les étudiants et les travailleurs. En 1986,
l’imminence d’un mouvement des cheminots avait pu accélérer la décision
du gouvernement de retirer le projet de loi Devaquet instaurant la
sélection, signant ainsi une importante victoire du mouvement étudiant.
En 1995, la mobilisation des travailleurs de la fonction publique et des
cheminots, rejoints par les étudiants, provoquait le mouvement social
le plus important depuis mai 68 et aboutissait à une victoire. En 2006,
la journée du 7 mars où les étudiants mobilisés contre le CPE étaient
rejoints par les lycéens et les travailleurs, notamment de la SNCF,
constituait un tournant de la mobilisation qui allait mener au retrait
du CPE.
Une journée à préparer pour stopper le gouvernement
Le 22 mars 2018 peut être l’étincelle qui mettra le feu aux poudres
de la contestation contre le gouvernement Macron. Dès aujourd’hui, les
étudiants et les travailleurs doivent activement préparer cette date et
construire la mobilisation en mettant en place des cadres
d’auto-organisation dans toutes les universités et les lieux de travail.
La convergence entre les étudiants et les travailleurs peut ouvrir la
brèche permettant de mettre fin au flot incessant d’attaques menées par
le gouvernement. Dans un contexte d’exacerbation de la lutte des
classes, le départ d’un mouvement pourrait enclencher un cycle de
mobilisations de l’ampleur de celui qui, en mai 68, a permis aux
étudiants et aux ouvriers de passer tout près d’une révolution.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire