Plus de 107 millions d’électeurs russes étaient appelés aux urnes ce dimanche. Photo AFP.
Vladimir
Poutine a été réélu hier président, pour un quatrième mandat de six
ans. La participation semble avoir été relativement importante.
Au
23, rue Olympiskiï De-revni, des petits groupes discutent devant un
établissement scolaire. Le bureau de vote connaît une affluence
correcte, ce dimanche. « Nous sommes venus voter avec les enfants pour
aller ensuite profiter du soleil et faire de la luge », nous raconte
Macha, la quarantaine.
Dehors, l’une des responsables sortie pour fumer a connu
trois présidentielles. Elle nous assure que la participation est
similaire, cette fois-ci. Le large banquet, les cadeaux attirent aussi
un électorat intéressé. Pour Macha, cependant, « ici, elle devrait être
moins forte. Plusieurs de (ses) amis n’iront pas voter ». En mars 2012,
la participation à Moscou et à Saint-Pétersbourg avait été moins forte
qu’ailleurs, 64 %. Dans la capitale, Vladimir Poutine y avait enregistré
son plus mauvais score (48 %, contre 63 % au niveau national), ce qui
illustrait les conséquences d’une crise politique débutée en 2011. À
l’occasion des législatives, Medvedev et Poutine avaient échangé leur
place sur le tandem du Kremlin entre chef de l’État et chef du
gouvernement, provoquant d’importantes protestations. « Les jeunes issus
des milieux aisés, les couches moyennes supérieures avaient sanctionné
cette permutation. Même si le contexte est différent, le décalage entre
ces deux grandes cités et le reste de la Russie continue », analyse
Denis, journaliste au quotidien Novaïa Gazeta.
Au sovkhoze Lénine, l’effervescence retombe petit à petit.
L’ancienne ferme d’État se replonge dans son activité première :
l’agriculture. « On va se reposer et retrouver notre métier », nous
confie Anastasia après plusieurs mois à jongler entre la campagne et le
sovkhoze. Pour le candidat du Parti communiste (PCFR), du Leviï Front
(Front de gauche) et d’autres formations de gauche, « ce n’est en rien
une fin ». Au contraire, pour Pavel Groudinine, « une campagne s’achève
mais une autre débute. Car nous défendons un changement de régime afin
que le peuple retrouve des droits : accès aux soins, à l’éducation, à la
culture »… Dans la course à la seconde place entre les sept autres
candidats, Pavel Groudinine paraissait très bien placé, hier soir. Mais
il devrait faire moins bien que Guennadi Ziouganov, candidat du PCFR en
2012 qui avait alors atteint les 17 %. Sachant que les thèmes de son
programme, « 20 pas vers une vie digne », relatent une réalité sociale
et économique que Vladimir Poutine prétend cerner comme l’un de ses
principaux défis.
Risque de coupes budgétaires dès l’automne
Pour son quatrième mandat, le président sortant a promis
de « diviser par deux le taux de pauvreté » (14 %) et « d’atteindre une
croissance autour de 4 % » grâce à d’importants investissements. Pour
l’heure, cependant, si les prévisions de croissance varient autour de 2 %
pour 2018 et 2019, plusieurs élus du PCFR sont inquiets et pensent que
des coupes budgétaires auront lieu à l’automne. « C’est là tout le
paradoxe de cette élection, constate, pour l’Observatoire France-Russie,
Jean Radvanyi. La majorité des Russes sont fiers de leur président,
mais demeurent inquiets quant au fond sur l’avenir du pays. »
Sans surprise, poutine l’emporte haut la main
À la fermeture des bureaux de vote, hier soir, au moins 70
% des 109 millions de Russes sont allés voter pour le premier tour de
la présidentielle. La participation a été plus importante qu’en 2012
dans plusieurs régions. Néanmoins, plusieurs irrégularités ont été
recensées. À la sortie des urnes, Poutine arrivait largement en tête,
avec 71 % des voix. Pour la deuxième place, parmi les sept autres
candidats, Pavel Groudinine (KPRF, 8,5 %) arrivait légèrement, devant
Vladimir Jirinovski (LDPR, extrême droite, 6,8 %). Les cinq autres se
tenaient en moins de 1 % : Boris Titov (Parti de la croissance), Grigori
Iavlinski (Iabloko), Ksenia Sobtchak, Sergueï Babourine et Maxime
Souraïkine (Communistes de Russie).
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