lundi 19 mars 2018

Russie. La continuité, seul grand vainqueur du scrutin présidentiel

Plus de 107 millions d’électeurs russes étaient appelés aux urnes ce dimanche. Photo AFP.
Vladimir Poutine a été réélu hier président, pour un quatrième mandat de six ans. La participation semble avoir été relativement importante.
Au 23, rue Olympiskiï De-revni, des petits groupes discutent devant un établissement scolaire. Le bureau de vote connaît une affluence correcte, ce dimanche. « Nous sommes venus voter avec les enfants pour aller ensuite profiter du soleil et faire de la luge », nous raconte Macha, la quarantaine.
Dehors, l’une des responsables sortie pour fumer a connu trois présidentielles. Elle nous assure que la participation est similaire, cette fois-ci. Le large banquet, les cadeaux attirent aussi un électorat intéressé. Pour Macha, cependant, « ici, elle devrait être moins forte. Plusieurs de (ses) amis n’iront pas voter ». En mars 2012, la participation à Moscou et à Saint-Pétersbourg avait été moins forte qu’ailleurs, 64 %. Dans la capitale, Vladimir Poutine y avait enregistré son plus mauvais score (48 %, contre 63 % au niveau national), ce qui illustrait les conséquences d’une crise politique débutée en 2011. À l’occasion des législatives, Medvedev et Poutine avaient échangé leur place sur le tandem du Kremlin entre chef de l’État et chef du gouvernement, provoquant d’importantes protestations. « Les jeunes issus des milieux aisés, les couches moyennes supérieures avaient sanctionné cette permutation. Même si le contexte est différent, le décalage entre ces deux grandes cités et le reste de la Russie continue », analyse Denis, journaliste au quotidien Novaïa Gazeta.
Au sovkhoze Lénine, l’effervescence retombe petit à petit. L’ancienne ferme d’État se replonge dans son activité première : l’agriculture. « On va se reposer et retrouver notre métier », nous confie Anastasia après plusieurs mois à jongler entre la campagne et le sovkhoze. Pour le candidat du Parti communiste (PCFR), du Leviï Front (Front de gauche) et d’autres formations de gauche, « ce n’est en rien une fin ». Au contraire, pour Pavel Groudinine, « une campagne s’achève mais une autre débute. Car nous défendons un changement de régime afin que le peuple retrouve des droits : accès aux soins, à l’éducation, à la culture »… Dans la course à la seconde place entre les sept autres candidats, Pavel Groudinine paraissait très bien placé, hier soir. Mais il devrait faire moins bien que Guennadi Ziouganov, candidat du PCFR en 2012 qui avait alors atteint les 17 %. Sachant que les thèmes de son programme, « 20 pas vers une vie digne », relatent une réalité sociale et économique que Vladimir Poutine prétend cerner comme l’un de ses principaux défis.

Risque de coupes budgétaires dès l’automne

Pour son quatrième mandat, le président sortant a promis de « diviser par deux le taux de pauvreté » (14 %) et « d’atteindre une croissance autour de 4 % » grâce à d’importants investissements. Pour l’heure, cependant, si les prévisions de croissance varient autour de 2 % pour 2018 et 2019, plusieurs élus du PCFR sont inquiets et pensent que des coupes budgétaires auront lieu à l’automne. « C’est là tout le paradoxe de cette élection, constate, pour l’Observatoire France-Russie, Jean Radvanyi. La majorité des Russes sont fiers de leur président, mais demeurent inquiets quant au fond sur l’avenir du pays. »
Sans surprise, poutine l’emporte haut la main
À la fermeture des bureaux de vote, hier soir, au moins 70 % des 109 millions de Russes sont allés voter pour le premier tour de la présidentielle. La participation a été plus importante qu’en 2012 dans plusieurs régions. Néanmoins, plusieurs irrégularités ont été recensées. À la sortie des urnes, Poutine arrivait largement en tête, avec 71 % des voix. Pour la deuxième place, parmi les sept autres candidats, Pavel Groudinine (KPRF, 8,5 %) arrivait légèrement, devant Vladimir Jirinovski (LDPR, extrême droite, 6,8 %). Les cinq autres se tenaient en moins de 1 % : Boris Titov (Parti de la croissance), Grigori Iavlinski (Iabloko), Ksenia Sobtchak, Sergueï Babourine et Maxime Souraïkine (Communistes de Russie).

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