Le
14/mars dernier, tout juste un mois après la tuerie, des étudiants des
écoles de la région de Washington se réunissaient devant
le Capitole, pour exhorter le Congrès à prendre des mesures contre la
violence armée. M. Wilson/Getty Images/AFP
Le
« plus jamais ça » exprimé par les jeunes du lycée de Parkland après la
dernière tuerie de masse en établissement scolaire et leur
revendication pour une vraie législation sur le contrôle des armes
rencontrent un écho national.
Tous
les signes annonciateurs d’un mouvement d’ampleur historique sont là.
Washington attend ce samedi 24 mars des centaines de milliers de
lycéens, d’adolescents à « la Marche pour nos vies », qui répond à
l’appel des jeunes du lycée de Parkland, en Floride, où a eu lieu la
dernière en date des tueries de masse en milieu scolaire (17 morts). Il
faut se donner les moyens de mettre fin à cette sinistre ritournelle qui
alimente la chronique du pays. « Plus jamais ça », ont lancé les
élèves, ulcérés par la mort si insupportablement absurde de leurs
camarades. Le poignant « J’accuse » de l’une d’entre eux, Emma Gonzalez,
contre la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby qui
défend la vente libre des armes à feu, et des politiciens de tous bords
complices, dont le président Trump, a fait le tour du monde.
Cette détermination des ados de Parkland s’est vite
transmise dans les lycées et les facs de tout le pays. Ce qui augure une
manif monstre dans la capitale fédérale. Au point que les services
publics des transports de la ville ont pris des dispositions spéciales,
conseillant notamment aux participants d’acheter leurs tickets de
transport par avance pour éviter des « engorgements ingérables » aux
guichets. Comme lors du rassemblement des femmes contre Trump l’an
dernier au moment de l’intronisation du sexiste magnat de l’immobilier.
On attend en effet jusqu’à 500 000 personnes sur Pennsylvania Avenue, la
très large artère qui relie la Maison-Blanche au Capitole. Et le
rassemblement de Washington ne laissera voir vraisemblablement qu’une
petite partie de la mobilisation nationale, puisque pas moins de
800 «marches jumelles » sont programmées dans d’autres cités du pays.
Donald Trump et les partisans des armes à feu sont sur la défensive
Le 14 mars, tout juste un mois après la tuerie, tous les
établissements scolaires du pays s’étaient déjà arrêtés pendant
17 minutes pour rendre un hommage aux 17 victimes de Parkland. C’est
donc sans doute à plusieurs millions de voix que s’exprimera cette
« révolte des ados », comme l’a baptisé une bonne partie de la presse
outre-Atlantique. « J’ai été suffoqué par la capacité de ces très jeunes
gens à s’organiser eux-mêmes », souligne Brian Young, dirigeant
d’Action Network, une ONG progressiste de Washington.
Face à cette détermination et à l’émotion qui submerge
l’opinion publique, Donald Trump et les partisans des armes à feu sont
sur la défensive. En Floride, le gouverneur républicain, Rick Scott, a
relevé de 18 à 21 ans l’âge légal ouvrant droit à l’achat d’un flingue.
Le locataire de la Maison-Blanche a d’abord fait mine de vouloir
légiférer de façon analogue au niveau fédéral avant de se raviser en
prétextant qu’il n’y aurait « pas de majorité au Congrès » pour un tel
changement et en précisant qu’il faudrait, de toute façon, « attendre le
verdict de la justice », puisque la NRA a porté plainte contre la
disposition prise par l’État de Floride. Ainsi donc, l’unique réponse du
président pour éviter que ne se reproduise pareille tragédie se
limite-elle à « distribuer des primes » aux profs pour qu’ils viennent
armés au travail.
L’argument n’a pas convaincu les professeurs, qui n’ont
pas vocation, souligne Randi Weingarten, la présidente de la Fédération
des enseignants, à se transformer « en vigiles dans des établissements
bunkérisés ». Des syndicats de profs, des associations de parents
d’élèves ne s’en laissent pas compter et relayent l’appel à participer
aux marches des ados. Quant à l’opinion, elle se prononce désormais
majoritairement pour un contrôle des armes.
Toutefois les jeunes savent qu’il leur faudra tenir dans
la durée pour obtenir « un vrai changement ». Eux qui ont mûri très vite
en politique à la faveur de ce mouvement regardent avec beaucoup de
circonspection cette sorte de consensus « pro-contrôle des armes » qui
émerge désormais étonnamment jusque dans les médias les plus
conservateurs. « Il va falloir maintenir la pression si on veut éviter
l’adoption de fausses solutions, comme de se contenter de relever la
majorité pour posséder une arme à 21 ans », souligne Fiorina Gottfried
(18 ans), qui marchera « pour la vie » dans l’Oregon. Un autre
rendez-vous national est déjà fixé au 20 avril. Anniversaire de l’un des
plus emblématiques massacres en milieu scolaire, à Columbine dans le
Colorado, il y aura exactement dix- neuf ans.
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