dimanche 25 mars 2018

États-unis. Marche géante des ados attendue à Washington « pour nos vies »

Le 14/mars dernier, tout juste un mois après la tuerie, des étudiants des écoles de la région de Washington se réunissaient devant le Capitole, pour exhorter le Congrès à prendre des mesures contre la violence armée. M. Wilson/Getty Images/AFP
Le « plus jamais ça » exprimé par les jeunes du lycée de Parkland après la dernière tuerie de masse en établissement scolaire et leur revendication pour une vraie législation sur le contrôle des armes rencontrent un écho national.
Tous les signes annonciateurs d’un mouvement d’ampleur historique sont là. Washington attend ce samedi 24 mars des centaines de milliers de lycéens, d’adolescents à « la Marche pour nos vies », qui répond à l’appel des jeunes du lycée de Parkland, en Floride, où a eu lieu la dernière en date des tueries de masse en milieu scolaire (17 morts). Il faut se donner les moyens de mettre fin à cette sinistre ritournelle qui alimente la chronique du pays. « Plus jamais ça », ont lancé les élèves, ulcérés par la mort si insupportablement absurde de leurs camarades. Le poignant « J’accuse » de l’une d’entre eux, Emma Gonzalez, contre la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby qui défend la vente libre des armes à feu, et des politiciens de tous bords complices, dont le président Trump, a fait le tour du monde.
Cette détermination des ados de Parkland s’est vite transmise dans les lycées et les facs de tout le pays. Ce qui augure une manif monstre dans la capitale fédérale. Au point que les services publics des transports de la ville ont pris des dispositions spéciales, conseillant notamment aux participants d’acheter leurs tickets de transport par avance pour éviter des « engorgements ingérables » aux guichets. Comme lors du rassemblement des femmes contre Trump l’an dernier au moment de l’intronisation du sexiste magnat de l’immobilier. On attend en effet jusqu’à 500 000 personnes sur Pennsylvania Avenue, la très large artère qui relie la Maison-Blanche au Capitole. Et le rassemblement de Washington ne laissera voir vraisemblablement qu’une petite partie de la mobilisation nationale, puisque pas moins de 800 «marches jumelles » sont programmées dans d’autres cités du pays.

Donald Trump et les partisans des armes à feu sont sur la défensive

Le 14 mars, tout juste un mois après la tuerie, tous les établissements scolaires du pays s’étaient déjà arrêtés pendant 17 minutes pour rendre un hommage aux 17 victimes de Parkland. C’est donc sans doute à plusieurs millions de voix que s’exprimera cette « révolte des ados », comme l’a baptisé une bonne partie de la presse outre-Atlantique. « J’ai été suffoqué par la capacité de ces très jeunes gens à s’organiser eux-mêmes », souligne Brian Young, dirigeant d’Action Network, une ONG progressiste de Washington.
Face à cette détermination et à l’émotion qui submerge l’opinion publique, Donald Trump et les partisans des armes à feu sont sur la défensive. En Floride, le gouverneur républicain, Rick Scott, a relevé de 18 à 21 ans l’âge légal ouvrant droit à l’achat d’un flingue. Le locataire de la Maison-Blanche a d’abord fait mine de vouloir légiférer de façon analogue au niveau fédéral avant de se raviser en prétextant qu’il n’y aurait « pas de majorité au Congrès » pour un tel changement et en précisant qu’il faudrait, de toute façon, « attendre le verdict de la justice », puisque la NRA a porté plainte contre la disposition prise par l’État de Floride. Ainsi donc, l’unique réponse du président pour éviter que ne se reproduise pareille tragédie se limite-elle à « distribuer des primes » aux profs pour qu’ils viennent armés au travail.
L’argument n’a pas convaincu les professeurs, qui n’ont pas vocation, souligne Randi Weingarten, la présidente de la Fédération des enseignants, à se transformer « en vigiles dans des établissements bunkérisés ». Des syndicats de profs, des associations de parents d’élèves ne s’en laissent pas compter et relayent l’appel à participer aux marches des ados. Quant à l’opinion, elle se prononce désormais majoritairement pour un contrôle des armes.
Toutefois les jeunes savent qu’il leur faudra tenir dans la durée pour obtenir « un vrai changement ». Eux qui ont mûri très vite en politique à la faveur de ce mouvement regardent avec beaucoup de circonspection cette sorte de consensus « pro-contrôle des armes » qui émerge désormais étonnamment jusque dans les médias les plus conservateurs. « Il va falloir maintenir la pression si on veut éviter l’adoption de fausses solutions, comme de se contenter de relever la majorité pour posséder une arme à 21 ans », souligne Fiorina Gottfried (18 ans), qui marchera « pour la vie » dans l’Oregon. Un autre rendez-vous national est déjà fixé au 20 avril. Anniversaire de l’un des plus emblématiques massacres en milieu scolaire, à Columbine dans le Colorado, il y aura exactement dix- neuf ans.

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