jeudi 27 juin 2024

Législatives 2024 : homophobie, racisme, sexisme… L’extrême droite multiplie les violences depuis la dissolution

Les partisans du RN ne se cachent plus. Pire, ils exacerbent la violence contre les minorités depuis le 9 juin et l’annonce de la dissolution : homophobie, racisme, sexisme, agressions verbales et physiques… Un aperçu de ce qui se multiplierait si l’extrême droite accède au pouvoir.

La violence de l’extrême droite grimpe en flèche. Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale, les partisans du Rassemblement national (RN) dévoilent leur vrai visage : xénophobe, sexiste, et homophobe. Le score des élections européennes leur a fait pousser des ailes. « Bonobo », « Va à la niche ». Ces insultes ont été prononcées par les voisins de Divine Kinkela, une aide-soignante du Loiret. Filmée pour Envoyé Spécial (France 2), cette femme est quotidiennement victime de leur racisme décomplexé. « On est chez nous, alors tu dégages. On est en France, on fait ce qu’on veut, on te l’apprendra si tu ne sais pas », crient ces francs adorateurs de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Divine ne se sent plus la bienvenue chez elle. Comme elle, beaucoup d’immigrés et de Français issus de l’immigration ont peur et ne se sentent plus en sécurité.

Racisme, homophobie, sexisme…

Cette séquence a fait le tour des réseaux sociaux, et elle est loin d’être un cas isolé. « J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, moi je vote RN, je vais te tuer, je vais te massacrer, je vais vous éradiquer. » Ces mots sont ceux prononcés par un automobiliste à un chauffeur de bus scolaire ce mardi 25 juin à Thiais (94). Ce dernier a été insulté et menacé de mort pour avoir simplement demandé à ne pas stationner sur une place réservée aux bus scolaires. Selon une source policière confirmée par le parquet de Créteil, l’automobiliste a délibérément percuté les jambes du chauffeur de bus avant de prendre la fuite.

La montée en puissance du RN décomplexe les racistes, mais aussi les LGBTphobes. Alors qu’il rentrait chez lui après les élections européennes, un jeune homosexuel de 19 ans est agressé par quatre militants d’extrême droite dans les rues de Paris. « Toi sale Pédé, t’es un trans », lui disent-ils avant de le frapper d’un coup-de-poing à la tête. Après son agression, le jeune adulte ne tarde pas à appeler la police. En garde à vue, les auteurs affirment leurs « revendications paramilitaires et d’affiliation au GUD et au Rassemblement national », souligne le parquet de Paris. Selon Libération, l’un des militants d’extrême droite aurait déclaré devant les enquêteurs : « Vivement dans trois semaines, on pourra casser du Pédé autant qu’on veut. »

Même dans le cadre de manifestations contre l’extrême droite, ses militants viennent bomber le torse. Le 11 juin à Nancy (54), une dizaine d’hommes cagoulés ont attaqué des manifestants, ceinture en main, avant de se réfugier derrière un cordon de CRS. Ces derniers ont chargé et arrosé de lacrymogènes les militants antifascistes. Peu de temps après la manifestation, des petits groupes ont essayé d’intimider les manifestants dans les ruelles aux alentours. « La situation actuelle semble donner des ailes à l’ultradroite la plus radicale et à cette faction de policiers qui osent aujourd’hui, dans les faits, afficher ouvertement leur soutien », écrit le média en ligne Blast.

Le lendemain, à Toulon (83), un individu menace un manifestant en situation de handicap avant de faire des saluts nazis : « Tu crois que je t’ai oublié ? On va s’occuper de toi », a rapporté la victime à Streetpress, citant les propos de son agresseur. Deux jours plus tard, la valse nazie se poursuit dans un bar lyonnais (69), juste après une manifestation en faveur du NFP. Auprès de Libération, Sarah témoigne : « J’ai vu un homme se faire passer à tabac à coups de chaîne de vélo. Ils ont aussi jeté des chaises sur les gens, ont renversé des tables, c’était le chaos. Tout le monde a eu très peur ». Cette scène, Sarah l’a filmée pour la poster sur les réseaux sociaux. Depuis, elle se fait harceler et menacer par la fachosphère.

L’extrême droite s’invite jusque dans les événements festifs. « Y’a les fachos », crie une voix sur la scène d’une guinguette à Angers. Comme révélée dans Ouest France, une poignée de militants identitaires ont voulu s’en prendre à des antifascistes installés en terrasse, venus voir un concert de rap. Armés de lacrymogènes et de ceintures, le visage masqué pour la plupart, le groupe de nationalistes est entré le torse bombé. Une enquête pour violence avec arme est ouverte. Le gérant de la guinguette du Héron carré témoigne auprès de Libération : « En ce moment, ils ne se sentent plus pisser (…) Je me disais qu’ils ne viendraient jamais ici, c’est un endroit un peu safe (sûr, NDLR). Mais non. C’est une institution qui a été attaquée. »

Les personnalités publiques sont visées

Sur Instagram, Karim Rissouli tombe des nues. Ce n’est pas au travail, ni sur les réseaux sociaux que le présentateur de « C politique » et « C ce soir » reçoit des messages racistes. C’est à son domicile. Dans cette lettre, l’individu (qui se revendique militant RN) affirme que « le peuple français historique en a plein le cul de tous ces bicots ». « Vous ne posséderez jamais la France », poursuit-il. Personne n’est à l’abri, et encore moins les journalistes.

« Depuis le 9 juin et la dissolution, on a franchi un nouveau cap dans “l’hystérisation” de notre société. Certains militants d’extrême droite pensent avoir déjà gagné, alors ils se permettent tout », explique Erwan Chartier dans Le Monde. Ce journaliste breton du Poher hebdo est lui aussi victime d’intimidation : sa rédaction a récemment été recouverte d’autocollants marqués de l’inscription « En attendant l’épuration… faîtes l’inventaire des collabos ». Et depuis deux ans, les salariés sont attaqués par l’extrême droite : menaces en ligne, intimidations par téléphone et courriel, alertes à la bombe… La raison ? Avoir alerté sur la montée de l’ultradroite en Bretagne. Une expression désormais passible de menaces.

« Salope », « Moche » et « Islam » sont tagués sur les affiches électorales de l’écologiste Sabrina Sebaihi dans les Hauts-de-Seine. Sur celles de sa consœur Julie Laernoes, en Loire-Atlantique, ce sont des croix gammées qui sont dessinées. « L’extrême droite est le véritable danger. Elle se sent pousser des ailes. On assiste à une libération des actes racistes et antisémites », écrit la députée sortante sur X (ex-Twitter). Si les candidats du Nouveau Front Populaire (NFP) sont victimes de la fachosphère, les femmes le sont d’autant plus.

« Cette multiplication d’actes montre que plus l’extrême droite progresse politiquement dans le pays, plus cela libère ces expressions nazies, fascistes et ces menaces de mort », disait déjà Fabien Roussel en mai dernier suite aux tags néonazis sur le monument aux morts d’Escautpont (Nord). « Cela ne peut pas être banalisé. » Et des graffitis, au drame, la frontière est très fine. Ce 22 juin à Fos-sur-Mer (13), l’élue PCF Anne Bachman a été la cible d’une violente altercation avec un sympathisant du RN : menaces de mort, agressions verbales, injures sexistes… L’extrême droite n’attend qu’une victoire aux législatives pour laisser exploser sa violence.

 

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