mardi 18 juin 2024

Pouvoir d’achat, salaires, droits sociaux… Comment le programme « de rupture » du Front populaire va « rallumer la flamme de l’espoir »

Abrogation de la réforme des retraites et de l’assurance chômage, augmentation du Smic, blocage des prix sur les produits essentiels… Le programme « de rupture » du Front populaire, prévu pour ses 100 premiers jours de mandat, en cas de victoire aux législatives, veut frapper fort. Prenant acte de « l’état d’urgence sociale », il mettra en œuvre des mesures rapides sur le pouvoir d’achat et la protection sociale, mis à mal par Macron.

Rallumer « la flamme de l’espoir » en des « jours heureux » et réparer au plus vite les dégâts causés par la politique antisociale d’Emmanuel Macron. Rupture et nouveau paradigme social sont bien au cœur de la feuille de route rendue publique, vendredi 14 juin à la Maison de la chimie à Paris, par le nouveau Front populaire.

Fruit de quatre jours d’intenses discussions menées par les quatre représentants de cette coalition unissant la France insoumise, le Parti socialiste, Europe-Ecologie Les Verts et le Parti communiste, ses propositions revêtent une dimension solennelle, à la mesure de l’événement, et à la fois très concrète. Pouvoir d’achat et protection sociale, mis à mal comme jamais par une succession de mesures brutales, comptent ainsi parmi les priorités mises en avant par les forces de gauche dans leur « programme de rupture », qui se déclinera en 105 mesures au cours des 100 premiers jours de leur mandat, en cas de victoire aux élections législatives, le 7 juillet.

Un programme construit en trois volets : quinze premiers jours dédiés à « la rupture », suivis par cent jours pour mettre en place la « bifurcation » et, enfin, les mois suivants : « la transformation ». Décryptage des engagements sociaux emblématiques d’urgence destinés à améliorer le quotidien de la population et « à répondre à ses besoins immédiats », selon les termes de Manuel Bompard, le coordinateur de la France insoumise (FI).

1. Redonner immédiatement du pouvoir d’achat

Alors que la flambée des prix +6,3 % de hausse en 2023 a contribué à faire basculer dans la pauvreté des pans de la population jusque-là épargnés, dont une part importante de travailleurs, le programme du Front populaire décline des mesures décisives visant à redonner rapidement du pouvoir d’achat.

 « Dès notre arrivée au pouvoir, nous déciderons de mesures de blocage des prix sur l’alimentation et sur l’énergie pour redonner immédiatement du pouvoir d’achat aux Français », a ainsi martelé Manuel Bompard. Ce blocage devrait être mis en place par un décret, qui concernerait les prix sur les biens de première nécessité.

 Le programme du Front populaire prévoit également l’abolition de la taxe Macron de 10 % sur les factures d’énergie et l’annulation de la hausse programmée du prix du gaz au 1er juillet 2024. La loi de finances pour l’année 2024, adoptée le 21 décembre dernier sous le coup d’un énième 49.3 du gouvernement, autorisait en effet le gouvernement à rehausser le niveau de l’accise sur l’électricité, dans la limite d’une augmentation du prix total du kilowattheure de 10 %. Avec pour résultat : une hausse importante des factures pour les consommateurs…

« C’est un serment que nous faisons devant tous les Français »

Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste

2. Salaires : Smic à 1 600 euros net et indexation sur l’inflation

 La rupture se traduira aussi sur la fiche de paie des travailleurs, en particulier les plus fragiles. Une série de mesures fortes destinées à relever les salaires sont ainsi au cœur de ce programme. À savoir : le passage du Smic à 1 600 euros net, l’indexation des salaires sur l’inflation et, pour les fonctionnaires, la hausse de 10 % du point d’indice (intégralement compensée pour les collectivités territoriales). Ces actes d’urgence sociale devront aussi trouver un prolongement lors d’une grande conférence sociale sur les salaires, l’emploi et la qualification.

Ils font écho aux revendications portées par les luttes en intersyndicale, qui se sont multipliées ces derniers mois pour exiger des rémunérations décentes. Jusque-là, les revalorisations automatiques du Smic ont constitué le plus puissant moteur d’augmentations de salaire. Si bien que la part des smicards est passée de 12 % à 17 % entre 2021 et 2023, soit un million de personnes en plus.

3. Protection sociale : abrogation des réformes Macron sur l’âge de départ à la retraite et l’Assurance chômage

« Nous abrogerons cette réforme des retraites injuste »

Marine Tondelier, cheffe des écologistes

 Manifestations massives, colère populaire portée par des syndicats unanimes et les élus de gauche au Parlement… Au mépris de cette mobilisation d’ampleur, Elisabeth Borne avait tout de même fait le choix de dégainer le 49-3 pour faire passer au forceps sa réforme des retraites. Le Front populaire prévoit l’abrogation immédiate par le décret d’application de cette réforme imposant l’âge de départ à la retraite à 64 ans. « Nous la réformerons dans les quinze jours… On vous avait promis qu’on n’abandonnerait jamais, nous y sommes », a déclaré Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts. Le programme du Front populaire réaffirme par ailleurs l’objectif commun d’un « droit à la retraite à 60 ans ».

 Les privés d’emplois ont été une cible récurrente à travers des attaques successives menées par le gouvernement contre l’Assurance chômage. Le Front populaire prévoit l’abrogation des trois réformes imposées ces derniers mois. La dernière en date, portée par le Premier ministre Gabriel Attal, avait pour objectif d’économiser 3,6 milliards d’euros par an sur le dos des chômeurs, en priorité les plus précaires, les jeunes et les seniors. « L’une des premières mesures que nous prendrons sera d’annuler cette réforme, qui va jeter dans la misère des milliers de jeunes et aussi d’aînés qui en seront les premières victimes », a confirmé Olivier Faure, le chef de file socialiste, lors de cette conférence de presse.

Malgré la dissolution de l’Assemblée nationale, le Premier ministre persiste à vouloir faire passer son décret portant la durée nécessaire à l’ouverture de droits de six à huit mois travaillés sur une période réduite de vingt-quatre à vingt mois, tout en raccourcissant la durée maximale d’indemnisation à 15 mois contre 18 actuellement.

La ministre Agnès Pannier-Runacher avait confirmé en début de semaine que cette réforme suivrait son cours, malgré l’indignation des syndicats. Face à ce mépris maintes fois témoigné par le gouvernement à l’encontre des organisations syndicales, le Front populaire se présente aussi comme une rupture. Olivier Faure, le chef de file des socialistes, l’a réaffirmé : « Nous ferons que plus jamais ne soit méprisé le dialogue social et les corps intermédiaires. Nous ferons, au contraire, avec eux. »

 

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