Le parti d’extrême droite, qui tente de maintenir le flou sur son projet économique pour garder son socle électoral populaire, a cherché ces derniers jours à s’allier avec les ultralibéraux de LR et Reconquête ! Une clarification de son projet antisocial, déjà visible dans ses votes à l’Assemblée.
Jordan Bardella est content de son coup : « Je souhaite construire une majorité de redressement pour le pays. Je salue la décision d’Éric Ciotti. Il faut mettre fin à la situation de désordre sécuritaire, migratoire et budgétaire dans laquelle nous sommes à cause d’Emmanuel Macron. (…) Il y aura un accord entre le Rassemblement national et Les Républicains », a-t-il assuré sur France 2, mardi soir.
Si le président du RN bluffe en avançant un accord de partis, sa tentative d’absorption de la droite dite « classique » souligne les points d’entente entre les deux camps. En parlant de « désordre sécuritaire, migratoire et budgétaire », Jordan Bardella adoube la ligne économique austéritaire portée par son homologue de LR.
Le RN penche vers LR et balaie Reconquête
Éric Ciotti, c’est la retraite à 65 ans, la fin des 35 heures, les accords de libre-échange, une coupe de 100 milliards d’euros dans les dépenses publiques, 250 000 postes de fonctionnaires en moins, la baisse de l’impôt sur les sociétés et des impôts de production… Ou encore l’instauration d’un taux unique pour l’impôt sur le revenu à 15 % – à l’image de l’ami de Marine Le Pen, Viktor Orban, en Hongrie.
Autant de propositions comprises dans son programme pour la présidence de LR en 2021. Une ligne proche de celle de Reconquête !, que le RN a également approché pour ces législatives avant de renoncer à un accord – non pour des raisons économiques, mais plutôt pour éviter une union trop visible avec des brebis galeuses au racisme décomplexé.
Bardella retourne sa veste sur les retraites
Les premiers effets de ces tractations avec les deux partis ultralibéraux se sont vus dès mardi avec le retournement de veste express de Jordan Bardella sur la suppression de la réforme des retraites adoptée en 2023. « Nous verrons », a-t-il balayé, au motif d’une situation économique « compliquée », quelques minutes avant le ralliement du président LR. Les retraites des Français ne sont donc pas une priorité pour le RN.
S’agit-il d’un renoncement ? Plutôt d’un début de clarification. En réalité, le discours et le programme économiques lepénistes sont flous. Ils n’ont pas vocation à être appliqués mais à attirer un nombre maximal d’électorats différents. Le pouvoir d’achat comme priorité ? Seules la nationalisation des autoroutes et la baisse de la TVA sur certains produits vont dans ce sens dans le programme de Marine Le Pen en 2022. Loin, bien loin de la kyrielle de mesures que propose la gauche sur le sujet.
Le nouveau livret économique du RN repoussé
En boucle sur « le remboursement de la dette » et entré depuis quelques mois dans une opération séduction des milieux patronaux, le RN a dans ses tiroirs un nouveau livret économique, censé répondre à plusieurs exigences de l’oligarchie financière. De nouveaux cadeaux fiscaux aux entreprises sont évoqués, comme le refus d’augmenter les salaires. Pour rappel, les députés lepénistes ont systématiquement voté contre l’augmentation du Smic et l’indexation des salaires sur l’inflation.
Prévue pour le printemps, la sortie de ce livret a encore été repoussée, sans doute pour ne pas révéler la réalité du projet socio-économique du RN, aux antipodes des aspirations de sa base électorale populaire. Car, les électeurs RN plébiscitent à plus de 70 %, selon l’Ifop, le rétablissement de l’ISF, la taxe sur les superprofits, et la hausse des salaires. Depuis deux ans, les députés du RN ont toujours voté contre.
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