samedi 1 juin 2024

Ascometal vendu à la découpe, quel avenir pour les 1200 salariés ?


 Le tribunal de commerce de Strasbourg s’est penché, ce jeudi, sur l’avenir des usines du leader français des aciers à haute valeur ajoutée.

Il y a un an, Swiss Steel Group (SSG) annonçait laisser tomber Ascometal. Mais ses dirigeants l’assuraient : un avenir industriel serait garanti, grâce à des repreneurs solides. Un an plus tard, donc, les élus des 1 200 travailleurs du groupe avaient rendez-vous, ce jeudi, au tribunal de commerce de Strasbourg.

Chacun à leur tour, les représentants des cinq sites (Fos-sur-Mer, Hagondange, Custines, Marais et Leffrinckoucke) sont passés devant les magistrats pour connaître leur sort. Avec des destins différents et une grande crainte : celle de voir des usines disparaître dans cette grande vente à la découpe.

Étudié en premier, le dossier de Fos a donné espoir aux élus du personnel. Le délibéré était attendu ce vendredi matin, mais l’offre du groupe italien Marcegaglia « est en pôle, explique François Barge, délégué syndical CGT. Il n’y a pas de loup. Le volet social est respecté : ils garantissent les 303 emplois et les salaires durant deux ans. Côté plan d’affaires, il s’agit d’un groupe industriel familial, sans financiers derrière. Ils gardent la production durant 15 à 24 mois, le temps de mettre en place les 800 millions d’euros d’investissements pour décarboner et transformer nos aciers. On reste vigilants, mais ça assure l’avenir ».

Des offres sous conditions

Les représentants du site dunkerquois sont, eux, sortis sonnés de l’audience. Le groupe espagnol Sidenor, dont le projet industriel ne conservait que 130 emplois sur les 170 actuels, a retiré son offre, faute d’accord avec l’État sur le financement de la reprise. Une nouvelle audience aura lieu le 28 juin, le temps d’étudier d’autres candidatures tardives, dont celle d’Europlasma, récent repreneur de Valdunes.

« L’usine de Leffrinckoucke est capable d’alimenter de nombreux sites dans le Dunkerquois. On a parlé de Starmetal. Il y a aussi ArcelorMittal, dans lequel 850 millions d’euros d’argent public vont être investis pour sa décarbonation. Pour Ascometal, on se demande si l’État veut faire quelque chose », s’interroge Philippe Verbeke, de la CGT métallurgie, qui doit rencontrer le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, ce vendredi.

Il y a enfin le « pôle automobile » Hagondange – Custines – Marais. Là encore, le tribunal a reporté les échéances au 28 juin prochain. Un mois de sursis pour préciser le dossier déposé par Acciaierie Venete. Le leader italien de la sidérurgie s’intéresse aux aciers spéciaux de petits diamètres destinés au secteur automobile. Mais il a conditionné son offre au désamiantage et dépoussiérage du site d’Hagondange, par son actuel propriétaire suisse, jusqu’alors réfractaire à payer les 11 millions d’euros nécessaires.

Pour consolider l’offre de Venete, repreneur qu’elle juge « sérieux, pérenne, solide », la communauté de communes d’Hagondange se dit prête à apporter 15 millions d’euros en capital. L’État, lui, ne parle que de garanties financières. « Si un site ou un autre va dans le mur, nous demandons sa nationalisation, prévient Philippe Verbeke. Car il s’agit d’aciers de très haute technicité, décarbonés. L’arrêt de leur production mettrait en difficulté toute une filière. Et les salariés se trouveraient dans la panade. Imaginez ce qu’il pourrait arriver… »

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