lundi 3 juin 2024

Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans les rues de Paris ce samedi 1er juin en soutien aux Palestiniens. Dans les rangs des manifestants, beaucoup de jeunes, tous révoltés par les horreurs perpétrées à Gaza et par la position de la France, loin d’être à la hauteur des enjeux.


 Comme d’autres ici, Jihan a longtemps cru en la paix et à son triomphe. Cette croyance ne reposait sur rien, seulement en sa foi, et c’était bien assez. « Ça fait huit mois que je me dis tous les jours que ça va s’arrêter, que ça ne peut pas durer, raconte-t-elle abritée sous son parapluie. Sauf que chaque jour est pire que la veille et l’escalade de l’horreur prend toujours plus d’ampleur ». Autour d’elle, ce samedi 1er juin, sur la place de la République de Paris, une foule dense se forme en soutien aux Palestiniens sous le feu de l’armée israelienne à Rafah. De haut-parleurs, crépite un slogan que Jihan, qui n’avait jusqu’ici jamais épousé de cause, reprend mot pour mot : « À Gaza comme à Rafah, c’est l’humanité qu’on assassine ! ». « On croit souvent que l’on peut continuer sa petite vie comme si de rien n’était, que l’on peut compartimenter, ignorer ces images d’enfants martyrisés. Moi je n’y arrive pas, ou je n’y arrive plus, souffle la business analyst de 34 ans. D’être ici, ça ne console pas, mais au moins ça rassure. On se sent moins seuls, et on lutte pour que notre indignation soit entendue ». Le sera-t-elle ?

« On se fracture et on le doit à la passivité des gouvernements »

De la même façon, Chiara et Nina, 24 et 17 ans, viennent ici exprimer toute leur tristesse, hurler leur colère. « Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide ! », martèle la seconde, lycéenne en région parisienne. « Il faut juste que ça s’arrête, au moins ça, prolonge la première, juriste dans le social, qui enchaîne cette semaine les mobilisations. Il faut que nos gouvernants comprennent qu’il existe une réelle émotion. Moi, je le vois tous les jours sur les réseaux et c’est vraiment impressionnant : des gens qui sont habituellement passifs affichent un engagement en story (publication éphémère, NDLR). Il se passe quelque chose et ça ne vient pas de nulle part, vraiment ! ». Plus loin, Hikram, 28 ans, travailleuse sociale et militante communiste, fait le même constat, mais s’inquiète : « Tout le monde monte en tension, chacun rejoint un camp. Sur les réseaux, certains demandent de concentrer les regards sur Rafah et d’autres demandent où étaient leurs yeux le 7 octobre… J’ai des amis qui ne se parlent plus à cause de ça. Comme si on ne pouvait pas s’indigner des deux ! On se fracture tous et on le doit à la passivité des gouvernements ».

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