Le siège du groupe Atos dans la région parisienne. Le groupe emploie 110 000 personnes dans le monde.
Atos, l’entreprise qui gère l’informatique des JO de Paris ou les données médicales de la Sécu, a été reprise début juin par un groupement emmené par David Layani, P-DG de l’entreprise Onepoint. Une opération à plusieurs milliards dans laquelle l’État s’est finalement impliqué en annonçant la prise de contrôle de certaines activités.
Après avoir réitérer pendant de longs mois sa volonté de ne pas s’en mêler, le gouvernement s’est prononcé le 28 aril et le 28 mai pour la prise de contrôle d’une partie des activités du groupe Atos – le géant français du numérique qui emploie dix mille salariés en France dont 1000 à Echirolles et 110000 dans le monde. Prise de contrôle qui concerne les branches liées au ministère de la Défense et au nucléaire civil. La CGT du groupe rappelle que cela concerne « 10 à 15 % des effectifs en France » et que l’argument de la souveraineté numérique est tout aussi réel pour d’autres secteurs, « ses multiples systèmes d’information utilisés chaque jour par la population française, comme les portails des services publics, la CNAM, la CAF, les impôts, France Connect, etc. Le volet des activités militaires ne doit pas occulter les activités sociales d’intérêt national », estime la CGT.
Une reprise, pour quel projet industriel ?
Reste le plan de reprise de David Layani. « L’attitude des créanciers et de la direction d’Atos, repoussant sans cesse la prise de décision extrêmement urgente concernant le choix du repreneur de l’entreprise, a été criminelle ! Pendant ce temps, la confiance des clients s’est mue en méfiance, certains contrats n’ont pas été renouvelés, ou pire, dénoncés, des salariés ont fui ce marasme et l’entreprise s’est encore affaiblie », constate la CGT.
Les informations communiquées concernent la restructuration de la dette et l’apport en capital. La réorganisation – une de plus – de la société ? L’emploi ? Ces questions sont renvoyées à plus tard et la CGT demande à rencontrer le nouvel homme fort du groupe pour connaître ses intentions et lui exposer son projet. Car la CGT a présenté dès février dernier, après des mois d’élaboration avec les salariés d’Atos, un projet industriel pour sauver Atos.
Des décennies d’erreurs statégiques
Mais le syndicat ne tient pas quitte l’ancienne direction des décisions qui ont conduit à l’écroulement financier du groupe. Le tout couvert par le mutisme de l’État. Après les travaux d’une commission d’enquête, le Sénat a publié le 30 avril un rapport d’information sur la situation du groupe. Concernant les dépenses en cabinets de conseil, on peut par exemple y lire que « si la pratique est courante pour ce type d’opérations complexes et sans remettre en cause la liberté d’une entreprise de recourir aux prestations de conseil de son choix, les rapporteurs s’étonnent du coût faramineux de la réorganisation du groupe, estimé à plus de 700 millions d’euros ».
Pour la CGT, la situation actuelle est la résultante d’erreurs stratégiques à répétition, des aventures américaines de la direction Thierry Breton – actuel commissaire européen au numérique –, puis la découpe de l’entreprise en deux branches, « un coût de restructuration proche du milliard d’euros dépensé en 2 ans, avec, pour seul résultat, de rendre encore plus difficile la production et donc l’activité des salariés et les services aux clients ».
C’est l’avenir d’un secteur essentiel pour l’industrie, la mutation écologique et la souveraineté française et européenne qui se joue aujourd’hui.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire