En déclarant que Jean-Luc Mélenchon n’a « aucune légitimité pour parler des questions écologiques », Eva Joly s’est engagée dans une bien mauvaise polémique.
Quelle mouche a piqué Eva Joly ? Invitée vendredi à s’exprimer au Forum alternatif mondial de l’eau
à Marseille, comme Jean-Luc Mélenchon la veille, la candidate d’Europe
écologie-Les Verts (EELV) à la présidentielle a estimé que son rival du
Front de Gauche était « encore dans le schéma productiviste » et n’avait « aucune légitimité pour parler des questions écologiques, n’étant pas non plus clairement anti-nucléaire ». Pas moins.
Encore dans le schéma productiviste Mélenchon ? Ce n’est pas l’avis de Paul Ariès qui appelle à voter pour lui, jugeant que sa candidature est « une étape dans la construction d’une gauche antiproductiviste, un premier pas possible vers le socialisme gourmand ». Dans un communiqué du 9 mars, le rédacteur en chef du Sarkophage et directeur de la rédaction de la revue Les Z’indignées estime que « les
thèses en faveur de la planification écologique, de la relocalisation,
de la transition énergétique, du ralentissement, d’un revenu maximal
autorisé, de la réduction du temps de travail et même de la remise en
cause du culte de la croissance (productivisme et consumérisme) sont
présentes dans sa campagne ». Depuis, Paul Ariès a initié avec Jacques Testard un Appel des gauches antiproductivistes et objectrices de croissance à voter pour Jean-Luc Mélenchon.
Et ce n’est pas un cas isolé puisque d’autres écologistes patentés (je
veux dire estampillés EELV jusque-là) ont fait ce choix : Martine
Billard et ses camarades en juillet 2009, et plus récemment Stéphane Lavignotte, ou la conseillère régionale d’Ile-de-France Safia Lebdi. Pour ne rien dire de la comédienne Anémone.
Jean-Luc Mélenchon n’aurait « aucune légitimité pour parler des questions écologiques » ?
Allons donc, faut-il détenir un brevet ? La carte d’un parti qui a pris
pour emblème le tournesol ? Un rappel de faits devrait suffire, Eva
Joly ayant elle-même déclaré à plusieurs reprises qu’elle n’était « pas née écologiste ». En juin 2008, quand l’ancienne juge exprimait sa volonté de s’engager dans le débat européen aux côtés de… François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon défendait la nécessité d’une « planification écologique »
dans la contribution générale qu’il versait aux débats du congrès de
Reims (Voir encadré). Après sa démission du PS, quelques mois plus tard,
il n’a cessé de développer cette idée, de l’enrichir, de la faire
inscrire dans le programme du Front de gauche
dont elle constitue un chapitre, et de la défendre. Jusque dans cette
campagne présidentielle où, c’est vrai, je n’ai pas entendu beaucoup de
candidats argumenter en faveur de l’écologie dans leurs meetings. Comme
ici, à Besançon, devant un auditoire populaire.
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