Par Patrick Bessac
Les récentes interventions du Front de gauche sur la lutte contre le Front national ont un grand mérite
: elles permettent entre autres d’atterrir sur la réalité du
positionnement des ouvriers, des employés, sur ce que nous appelons les
classes populaires.En effet, et contrairement à l’idéologie boboïde, on constate que le Front national n’y domine pas, que ces catégories sont marquées par un doute massif sur les partis politiques (une personne sur deux en moyenne, voir le sondage de l’Humanité Dimanche) et que leurs aspirations sont profondément ancrées dans le besoin de justice sociale (logement, salaires, service public, égalité, respect).
Le mépris avec lequel l’idéologie dominante traite les travailleurs et les travailleuses issus des classes populaires apparaît pour ce qu'il est, c'est-à-dire une tentative de cloisonner, contenir, décourager toute tentative de jonction.
Or, cette jonction est la principale question du Front de gauche dans les mois et aussi les années à venir. C’est une évidence qu’il convient de rappeler : alors que l’avant-garde est à présent unie et mobilisée, c’est du peuple que dépend la capacité à donner à nos idées une force irrésistible.
De ce point de vue, les meetings, les initiatives militantes, les stages de formation auxquels je participe me renvoient tous à la même question : celui des cultures militantes et de l’efficacité.
Je m’explique.
Nous avons de nombreux jeunes hommes et jeunes femmes qui militent au Front de gauche et qui adhèrent au PCF. Le motif principal de leur engagement est l’urgence du changement et ils expriment une forte demande d’efficacité. A contrario, l’une des sources de démotivation est le bavardage, l’impression de perdre son temps, d’être inutile.
Cette réalité est à rapprocher d’études récentes sur l’évolution du mouvement sportif amateur. Ces études décrivent un changement dans l’implication des bénévoles avec une décrue du modèle construit autour du dirigeant charismatique soutenant l’organisation par beaucoup d’huile de coude au profit d’un autre modèle, plus collectif et plus centré sur des missions précises et identifiées.
Au fond, le phénomène est simple à expliquer : alors que les structures familiales et salariales ont profondément évolué, comprimant beaucoup le temps disponible, les personnes recherchent le meilleur équilibre entre temps disponible et efficacité.
En découlent à mon sens trois besoins primordiaux.
1. Un besoin de passage/renouvellement des cultures militantes. Des choses simples ne sont pas du tout évidentes : porte-à-porte, téléphone, organisations de réunions publiques, contact avec les citoyens... Du coup, alors que la mer monte, il faut transmettre, transmettre, transmettre pour organiser la montée en puissance de l’implication de chacun, chacune.
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