Au nom du Front de gauche, Marie-George Buffet prône une
autre répartition des richesses vers les salaires, la recherche, la
modernisation de l’outil de travail… La députée communiste de en
Seine-Saint-Denis est coresponsable du Front des luttes au sein du Front
de gauche.
Comment réagissez-vous à la démarche de dernière minute de Nicolas Sarkozy vis-à-vis d’ArcelorMittal ?
Marie-George Buffet. Avec colère. On ne joue pas
avec l’avenir d’hommes et de femmes qui luttent pour sauvegarder leur
usine et leurs emplois. On n’instrumentalise pas leurs espoirs à des
fins politiciennes à la veille d’échéances électorales. Jamais notre
industrie n’avait connu une situation aussi grave. Alors, voir un
président candidat aller quémander à ses amis patrons quelques subsides
pour sauver telle ou telle entreprise, le temps d’une élection, c’est
inadmissible. D’autant que ces salariés et leurs syndicats, je pense à
ceux d’ArcelorMittal, ont des propositions alternatives. Je les ai
rencontrés à Gandrange. Ils ont un plan viable aux niveaux financier,
industriel et écologique. C’est sur ces propositions que le gouvernement
devrait prendre appui pour faire pression sur ArcelorMittal.
Comment se fait-il que les questions de la réindustrialisation et de l’emploi soient au cœur de la campagne ?
Marie-George Buffet. La crise du système en France
et dans le monde est marquée par la financiarisation à l’extrême et ne
repose plus sur la production réelle. Beaucoup de salariés prennent
conscience que ce qui fait la richesse d’un pays, ce qui donne les
moyens du progrès social, ce sont le travail et la production. Et donc
que nous avons besoin d’une relance industrielle avec une autre
répartition des richesses vers les salaires, la recherche, la
modernisation de l’outil de travail, la planification écologique.
La politique y peut donc quelque chose ?
Marie-George Buffet. Bien évidemment. J’ai ouvert le
Figaro Économie et j’ai hurlé quand j’ai lu que la Banque centrale
européenne (BCE) avait, en deux mois, donné 1 000 milliards d’euros à
800 banques privées à 1 % d’intérêt. Imaginons cet argent placé dans un
plan de développement social, solidaire et écologique pour relancer
l’investissement industriel et l’emploi… Cela dépend de décisions
politiques, de même que de mettre la BCE au service de l’emploi et du
développement économique. Décisions politiques toujours, la création
d’un pôle public financier en France pour reprendre en main le crédit et
l’investissement, la mise en place de nouvelles formes de propriété des
entreprises – je suis avec passion l’expérience des Fralib –,
l’instauration de nouveaux droits pour les salariés et les syndicats,
tels que le droit de veto face aux licenciements boursiers, la mise en
place d’une fiscalité des entreprises qui tienne compte de leur
comportement sur l’emploi…
Quelle est, selon vous, la part du Front de gauche dans l’émergence de ces exigences ?
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