Vingt-quatre heures après la tuerie, Toulouse a t-elle réalisé ce qui s'est produit?
Christian Picquet. A Toulouse et dans la région, l'émotion est d'autant plus forte que nous n'avons jamais eu à faire face à de tels actes barbares et antisémites. En tant qu'élu régional, j'ai fait part de ma solidarité émue à toutes les familles des victimes de lundi, ainsi qu'aux proches des militaires assassinés. Il nous faut réaliser ce qui vient de se passer.
Nous devons mettre en place les conditions d'une réaction la plus massive possible des démocrates et des républicains. Même si l'enquête est en cours, il saute aux yeux que ces assassinats de Montauban et Toulouse sont ouvertement antisémites et racistes. Il est du devoir de la gauche de se lever en masse dans un réflexe républicain, contre les discours de haine proférés ces dernières années et lors de cette campagne présidentielle.
Ces assassinats peuvent-ils être liés au contexte politique du moment?
Christian Picquet. L'enquête n'établit pour l'heure pas de lien de cause à effet entre le contexte politique et ces assassinats. Mais, tout de même, la petite musique sur la hiérarchie des civilisations, sur les origines chrétiennes de la France, sur le fait qu'il y a trop d'étrangers en France, instille du poison dans les esprits. Chacun de ces propos affaiblit le principe d'égalité qui fonde notre démocratie. Nous devons reconstitué un front qui mette à bas toutes ces idées de haine.
Faut-il mettre la campagne entre parenthèse?
Christian Picquet. Non, le débat démocratique doit continuer. Tout arrêter reviendrait à faire reculer la démocratie. Et ces drames de Toulouse et Montauban doivent donner lieu à des choix politiques forts. Veut-on une France fermée sur elle-même, dominée par la peur de l'autre? Ou veut-on au contraire un pays ouvert? Sans aucune instrumentalisation politique, il y aura un avant et un après ces tueries. Le Front de gauche se doit d'être acteur de cette vigilance républicaine à reconstruire. Une notion fondamentale vient d'être mise en cause, celle du vivre ensemble. Comme à d'autres terribles moments récents, je pense aux attentats de la rue des Rosiers, de la rue Copernic, des profanations de cimetières juifs ou musulmans, nous devons nous élever contre la banalisation des idées de haine et d'exclusion, contre le fait qu'un responsable politique puisse citer un homme qui appelait à la déportation des juifs.
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