Par Agnès Rousseaux
Frappés par une réduction de salaire de 40 % et par une vague de
licenciements, les salariés d’une usine d’acier, à proximité d’Athènes,
mènent une grève depuis quatre mois. « Nous ne retournerons pas dans le feu et le fer pour 500 euros »,
clament-ils. Reportage au cœur de ce laboratoire de la dérégulation du
travail, qui pourrait bientôt concerner d’autres pays européens.
Cent vingt et un jours qu’ils tiennent le piquet de grève devant les
portes de leur usine. Les salariés d’Halyvourgia Ellados, une usine
d’acier située à 20 kilomètres d’Athènes, ne semblent pas prêts à
laisser tomber. Leur combat est devenu un symbole dans la crise qui
frappe les travailleurs grecs : mi-octobre, leur patron annonce à ces
ouvriers sidérurgistes une réduction des salaires de 40 %. Les journées
de travail doivent passer de 8 heures à 5 heures, sous peine de fermer
l’usine. Les salariés du site d’Aspropyrgos s’y opposent. La direction
licencie alors une trentaine de salariés – un chiffre qui ne cesse
d’augmenter depuis. Le 31 octobre, la grève illimitée est votée.
Avec 380 salariés, Halyvourgia fait partie des principales usines
d’acier de Grèce. Créée en 1938, l’entreprise a contribué à de grands
projets : l’aéroport et le métro d’Athènes, la « route de l’Attique » et
de grands chantiers autoroutiers, la plupart des constructions des jeux
Olympiques de 2004. Un travail dur, avec des cadences élevées, et des
accidents fréquents – dont certains mortels. Une entreprise qui fait des
profits, affirment ses salariés. « Ne me dites pas qu’il n’y a pas d’argent, s’emporte Harris Manolis, un des leaders de la grève. Nous
avons produit 200 000 tonnes d’acier en 2010 et plus de 250 000 en
2011. Une importante partie de notre production part à l’exportation,
entre autres vers Israël. » L’usine tournait 7 jours sur 7, aux 3x8.
Les salariés expliquent qu’avant la décision de la direction, ils n’ont
pas pu partir en vacances, à cause du rythme de production. « Et un jour de production peut permettre de payer une semaine de salaires », affirme le gréviste.
300 euros pour vivre
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