"Le regain de conscience de classes s’ancre dans ce sentiment
d’injustice. « Eux », les riches, sont toujours épargnés, alors que les
peuples, les salariés, qui ne sont en rien responsables de la crise
économique, doivent payer les pots cassés et se voient décrocher",
estime Paule Masson dans l'édito de l'Humanité de ce mercredi.
Le sondage que nous publions jette un sacré pavé dans la mare.
64 % des Français estiment que la lutte des classes est une réalité
aujourd’hui, soit près de 25 % de plus qu’en… 1964 ! On a tellement
glosé sur la disparition de la classe ouvrière ; tellement caché combien
la précarisation du travail a aggravé la dépendance des salariés
vis-à-vis des employeurs ; tellement traité de ringards celles et ceux
qui n’ont cessé de dénoncer l’énorme captation de richesses opérée par
les propriétaires de capitaux sur les travailleurs… que le résultat de
ce sondage peut surprendre jusqu’aux militants les plus aguerris.
Ils seront pourtant heureux de constater que l’opinion publique se range du côté des résistants qui
continuent de dire et de lire la politique à partir et à travers la
lutte des classes. Karl Marx disait que « l’histoire de toute société
jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes ». Le
siècle a changé, l’économie s’est mondialisée, complexifiée, mais
aujourd’hui, plus encore depuis l’éclosion de la crise de 2008, il existe bien des classes sociales dont les intérêts sont antagonistes. N’en déplaise à Jérôme Cahuzac,
ministre délégué au Budget, qui a avoué tout de go face à Jean-Luc
Mélenchon lundi soir, n’y avoir « jamais cru ». Retrouver cette grille
de lecture permettrait pourtant de battre en brèche bien des idées
reçues, à commencer par celle qui consiste à croire que la France a un
problème de coût du travail alors que le plus gros manque à gagner
financier provient du coût exorbitant du capital.
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