par Alain Gresh
Une nouvelle fois, un consensus politique se dessine autour de l’intervention militaire française au Mali.
Le Parti socialiste comme l’UMP et le Front national soutiennent
l’initiative du chef de l’Etat. Seules quelques voix discordantes se
font entendre, au Parti communiste (« L’intervention militaire française comporte de grands risques de guerre », PCF, 12 janvier) ou au Parti de gauche. L’ancien premier ministre Dominique de Villepin, dans une tribune au Journal du dimanche (« Villepin : “Non, la guerre ce n’est pas la France” », 13 janvier), s’inquiète également :
« Ne cédons pas au réflexe de la guerre pour la guerre.
L’unanimisme des va-t-en guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu
des arguments de la “guerre contre le terrorisme” m’inquiètent. Ce n’est
pas la France. Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en
Afghanistan, en Irak, en Libye.
Jamais ces guerres n’ont bâti un Etat solide et démocratique. Au
contraire, elles favorisent les séparatismes, les Etats faillis, la loi
d’airain des milices armées.
Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes
essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus
radicaux. »
Il est ironique de noter que cette intervention a commencé au moment où la France se retire d’Afghanistan (Lire « Fin de mission en Afghanistan »,
Défense en ligne, 19 décembre 2012) et où le président Hamid Karzaï se
trouvait à Washington pour discuter du retrait total (ou presque) des
forces américaines. Est-ce sur un succès que ces troupes se retirent
d’Afghanistan ? « Mission accomplie » ?
Rien n’est moins sûr.
Le pouvoir qui s’est installé à Kaboul, dans les fourgons des armées
étrangères, est dirigé par Karzaï, dont il faut rappeler qu’il n’a gagné
l’élection présidentielle de septembre 2009 que grâce à des fraudes massives ;
sa légitimité ne dépasse pas celle de son clan, de ses affidés,
profondément corrompus. Ce sont des dizaines de milliards de dollars
d’aide internationale qui ont disparu dans les poches sans fond des
responsables politiques. Sans parler du fait qu’une part importante de
cette aide « retourne » aux pays donateurs, comme le remarque Oxfam-France :
« L’aide internationale à l’Afghanistan est relativement
significative en volume, mais elle reste largement inefficace : presque
40 % des montants versés depuis 2001 sont retournés aux pays donateurs
sous la forme de profits ou de rémunérations. De plus une large part de
l’aide ne parvient pas aux Afghans les plus pauvres. »
Et, du point de vue social, la situation reste terrible, marquée par une guerre qui n’en finit pas. Toujours selon Oxfam :
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