Les
députés Sébastien Jumel et Cédric Villani tiennent, aujourd’hui, une
conférence de presse pour exiger la reconnaissance officielle de
l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française.
Maurice
Audin aurait pu avoir 86 ans aujourd’hui, si, dans la nuit du 11 au 12
juin 1957, l’assistant à la Faculté des sciences d’Alger, membre du
Parti communiste algérien, n’avait pas été arrêté par une unité de
parachutistes pour disparaître à jamais. C’est la date qu’ont choisie
les députés Sébastien Jumel (PCF) et Cédric Villani (LREM), mais aussi
la famille et l’Association Maurice-Audin, pour exiger que la vérité
soit faite, et enfin assumée par l’État, sur l’assassinat, par l’armée
française, du jeune mathématicien. Dans nos colonnes, le 22 janvier,
Cédric Villani avait déjà porté cette exigence, affirmant que le
président de la République lui avait fait part « de son intime
conviction que, effectivement, Maurice Audin a été assassiné par l’armée
française ». Emmanuel Macron aura-t-il le courage de reconnaître enfin,
officiellement, la responsabilité des autorités françaises de
l’époque ? Car le militant communiste ne s’est pas évaporé dans la
nature après une évasion en juin 1957, comme l’a trop longtemps soutenu
la « version officielle », mais a bien été exécuté avec « la couverture
pleine et entière du pouvoir politique », comme le confessa du bout des
lèvres avant sa mort le funeste général Aussaresses.
En 2012, Josette Audin avait obtenu de François Hollande
l’autorisation de consulter toutes les archives relatives à la
disparition de son mari. Une décision suivie d’effet puisqu’elle avait
pu consulter les archives militaires, mais aussi des documents des
Archives nationales. « Cette quête dans les archives est restée vaine,
ce qui n’est pas surprenant pour des historiens, explique Sylvie
Thénault. De fait, les archives publiques ont enregistré la version
mensongère de l’évasion. » Pourtant, en 2014, François Hollande, dans
une déclaration officielle, avait remis l’affaire entre les mains des
historiens, sans reconnaître toute la vérité : celle de la
responsabilité de l’État français. « Je suis comme mon père,
matérialiste et athée. Ce qui m’importe, ce n’est pas tant de pouvoir me
recueillir dans un cimetière, mais que justice soit faite », confie
Pierre Audin, qui venait de naître quand son père a été arrêté. De
non-lieux en lois d’amnistie, tout s’est conjugué pour enfouir la vérité
sur les crimes perpétrés par l’armée française pendant la guerre
d’Algérie. Soixante ans après les faits, il serait temps que la France
regarde son passé colonial en face. M. V.
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