Ces
employées de l’Institut Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne) sont
en grève reconductible pour leur salaire, des recrutements et la
reconnaissance de la spécificité de leur métier exercé en cancérologie.
L’Institut Gustave-Roussy, du nom de son fondateur dans les années 1930, est à la fois un centre de soins, de recherche et d’enseignement. Il prend en charge des patients souffrant de tout type de cancer. 3 000 professionnels y travaillent, dont d’éminents professeurs. Des patients y viennent du monde entier pour y être soignés. « Exercer à Gustave-Roussy est une chance, c’est certain, se réjouit Mélanie. J’ai toujours voulu être assistante médicale pour le lien avec les patients, le travail en équipe, pour être au service des autres. » Les malades, perdus face au cancer, angoissés parfois, passent immanquablement par le bureau de la secrétaire médicale à l’issue de leurs consultations avec leurs médecins. L’enthousiasme de Mélanie retombe néanmoins lorsqu’elle évoque ses conditions de travail. « Parfois, quand un malade arrive dans mon bureau, je me demande combien de temps je vais devoir lui consacrer. Je m’inquiète du temps qui va me manquer pour saisir les comptes-rendus des consultations, les prises de rendez-vous au bloc opératoire qui m’incombent également. Le temps nous manque de plus en plus. »
Préparatrices en pharmacie et patients veulent aussi des changements
Ce jeudi matin, les grévistes, soutenues par la CGT et FO, ont donné rendez-vous à la presse. Les secrétaires médicales ne sont pas venues seules. A leurs côtés, leurs collègues de la pharmacie. « On nous a imposé d’être polyvalentes. De prendre en charge toutes sortes de préparations, notamment les essais cliniques et de nouvelles chimiothérapies sans formation. La situation se dégrade de jour en jour malgré nos alertes », raconte Natacha. Lorsqu’elle a commencé à travailler, elle devait préparer 25 à 35 chimios par jour. Huit ans plus tard, on lui en demande 50. Convoqués lundi, deux préparateurs risquent des sanctions à la suite d’une erreur dans la fabrication de poches de chimio qui, heureusement, ne sont pas parvenues jusqu’aux patients. Ces derniers, justement, ne sont pas en reste. Et se plaignent également. Ils viennent de remettre une pétition de 258 signatures au médiateur pour demander des temps d’attente moins longs, des effectifs supplémentaires à la pharmacie et à l’hôpital de jour. « Vous êtes à côté de la plaque », leur a rétorqué le médiateur en réaction à leur demande de renforcement des effectifs des infirmières et à la pharmacie. Les malades doivent parfois attendre 3 à 4 heures pour être pris en charge. Ou rebrousser chemin quand aucun fauteuil n’est disponible. A l’hôpital de jour, 150 chimiothérapies sont prodiguées quotidiennement.Sur le parvis de l’hôpital, les collègues de Mélanie acquiescent à son témoignage : « Les médecins qui reçoivent quarante, voire cinquante patients par jour alors qu’auparavant, c’était vingt ». « Ces malades, nous devons les suivre. Organiser pour chacun les rendez-vous, pour un scan, une biopsie. Il faut planifier les séances de chimiothérapie. Monter les dossiers de prise en charge des soins. Il faut gérer les courriels, les appels téléphoniques. Et depuis peu, scanner les documents dématérialisés», reprend la jeune assistante médicale.
Ensemble, elles pointent les spécificités de leur métier au sein d’un établissement dédié à la cancérologie : les protocoles de soins de plus en plus complexes, diversifiés et individualisés. « Cela demande des compétences particulières », estime Mélanie. Une « spécialisation » qu’elles aimeraient faire reconnaître par une prime, inexistante à ce jour, de 300 euros par mois. « Le Canard enchaîné vient de rendre public le salaire net de notre directeur, 26 000 euros par mois. Il va avoir du mal à nous expliquer qu’il n’y a pas d’argent, argument que l’on nous ressert en permanence», ironise Flore Munck, secrétaire du syndicat CGT.
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