Le taux de chômage fait apparaître un recul mais une journée de redoux soudain ne masque pas le froid profond.
En effet, le
taux de chômage au sens du BIT a diminué de 300.000 personnes au 4ème
trimestre 2017. Mais, d’une part, il était grand temps que le chômage
réagisse avec une activité économique qui connaît à présent 7 trimestres
de croissance, qu’on nous vend comme « la reprise qui serait enfin
là ». D’autre part, cette réaction du chômage tardive et faible
conjoncturellement ne doit pas masquer la situation très détériorée,
minée, de l’emploi ni la gravité de ce que vivent des millions de gens.
En effet, dans le même temps, Pôle emploi
n’a jamais compté autant de gens inscrits au chômage sur le même
trimestre : 6.714.000 personnes (en moyenne au 4è trimestre 2017).
Le chômage au
sens du BIT mesure en effet le nombre de personnes ayant travaillé ne
serait-ce qu’1 heure durant la semaine précédente l’enquête. On comprend
dans ces conditions qu’une part de ceux qui sont comptés non chômeurs
se considèrent privés d’emploi, même avec quelques heures de travail.
Et d’ailleurs,
le halo du chômage, qui compte les personnes plus ou moins découragées
de recherche d’emploi, mais qui souhaiteraient tout de même travailler,
n’a historiquement jamais été aussi élevé (2.500.000 personnes). Le
gouvernement serait bien inspiré de commenter les différents chiffres du
chômage dans leur diversité, comme le recommande justement le CNIS
(conseil national de l’information statistique).
Et pourtant on
nous dit « la reprise est là » ! Donc les politiques d’E. Macron et F.
Hollande seraient validées ? Au contraire, ces chiffres du chômage
montrent justement que cette politique ne va pas !
C’est en
réalité la fin d’un cycle de croissance venu des Etats-Unis en 2010,
après la crise financière de 2008, que notre pays prend en fin de
course. Dix ans après la crise, le pays compte 600.000 pauvres de plus,
il compte 500.000 chômeurs de plus qu’avant 2008. Et ce cycle de
croissance pourrait même avorter plus tôt que prévu, avec des marchés
financiers qui montrent les dents face à une chute possible de leur
sacro-saint rendement et des Etats-Unis ayant engagé un bras de fer
mortifère pour attirer plus d’argent et d’activité que jamais ; eux qui
sont devenus, d’après Tax Justice network, le premier pays d’évasion fiscale.
Il est grand
temps de prendre le taureau par les cornes, au lieu de se satisfaire
d’un indicateur ponctuel. D’autres indicateurs montrent la voie. Une
proportion de plus en plus élevée d’entreprises (32%) signale
l’indisponibilité d’une main d’œuvre compétente. Le grand chantier
auquel il faudrait s’atteler, c’est la promotion des qualifications de
toutes et tous, dans la sécurité, pour répondre aux deux immenses
béances françaises : une production défaillante, avec un déficit
commercial industriel et de services devenu abyssal et des services
publics en surchauffe absolue, alors qu’ils sont une des clés de la
réponse aux enjeux économiques, écologiques et sociaux d’aujourd’hui.
Mais pour cela,
il faut s’attaquer au coût du capital et à la domination de la finance,
car il faut mettre plus de moyens, et engager une politique mettant
l’emploi de qualité, avec de bons salaires, et la formation, avec un bon
revenu, au cœur de la politique économique et de l’investissement. Cela
implique d’agir sur les banques et les grandes entreprises pour
qu’elles utilisent, leur argent ( crédit, « marges », …) tout
autrement, et que l’Etat utilise les 200 milliards d’aides aux
entreprises pour contraindre le grand patronat à changer cette pratique
qui nous mène dans le mur. Au niveau de l’Europe l’inaction du
gouvernement face aux 30 milliards supplémentaires que la BCE apporte
chaque mois aux marchés financiers et aux banques doit cesser. Développer
vraiment l’emploi ou concilier avec la finance et le grand capital,
c’est le dilemme qui est posé à tous, pour l’intérêt du pays !
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