Palestiniens
de Gaza et militaires israéliens s'apprêtaient à une nouvelle journée
sous haute tension dimanche à la frontière, tandis qu'à l'ONU, les
Etats-Unis ont bloqué un projet de déclaration appelant à la retenue
après la sanglante journée de vendredi.
Des
milliers de Gazaouis ont pris part samedi aux funérailles des
manifestants tués la veille lors d'affrontements avec l'armée
israélienne, qui ont fait 16 morts côté palestinien, le bilan le plus
meurtrier depuis la guerre de 2014. Des centaines de
manifestants sont retournés samedi sur plusieurs zones près de la
frontière entre Gaza et Israël pour poursuivre "la marche du retour",
une protestation censée durer six semaines. Le secrétaire
général de l'ONU, Antonio Guterres, ainsi que la représentante de la
diplomatie européenne Federica Mogherini, ont réclamé une "enquête
indépendante" sur l'usage par Israël de munitions réelles.
Les Etats-Unis qui se sont dits "profondément attristés par les pertes humaines à Gaza", ont néanmoins
bloqué samedi soir un projet de déclaration du Conseil de sécurité
appelant "toutes les parties à la retenue et à prévenir toute escalade
supplémentaire" et demandant une enquête sur les affrontements. Israël
a défendu son armée qui, selon elle, a tiré contre des manifestants
lançant des pierres et des cocktails Molotov sur les soldats, ou tentant
d'endommager la clôture et de s'infiltrer en Israël. "Bravo
à nos soldats", a écrit le Premier ministre Benjamin Netanyahi dans un
communiqué. "Israël agit fermement et avec détermination pour protéger
sa souveraineté et la sécurité de ses citoyens".
Les Palestiniens ont dénnoncé l'usage disproportionné de la
force par Israël et des organisations de défense des droits de l'Homme
ont questionné la nécessité de ces tirs à balles réelles. Le président palestinien Mahmoud Abbas a décrété samedi jour de deuil national et tenu Israël pour seul responsable des morts. Dans plusieurs villes de la bande de Gaza, une foule compacte a accompagné les cercueils de manifestants tués la veille.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, 35 personnes ont été
blessées samedi lors de heurts le long de la frontière, mais leurs vies
ne sont pas en danger. Des affrontements entre Palestiniens
et forces israéliennes ont également éclaté à Hébron, dans le sud de la
Cisjordanie, tandis qu'une petite manifestation a eu lieu à Naplouse,
plus au nord. Une grève générale est par ailleurs en cours dans Gaza "au bord de l'effondrement" selon l'ONU ainsi qu'en Cisjordanie.
La tension est vive depuis vendredi, lorsque l'armée
israélienne a ouvert le feu sur des Palestiniens qui s'étaient approchés
à quelques centaines de mètres de la barrière ultra-sécurisée séparant
l'Etat hébreu de la bande de Gaza. Selon le ministère de la
Santé de Gaza, 16 Palestiniens ont été tués et plus de 1.400 blessés,
dont 758 par des tirs à balles réelles. Aucun mort ni blessé n'ont été
signalés côté israélien. Le mouvement de protestation
prévoit des rassemblements le long de la barrière de sécurité pour
exiger le "droit au retour" des réfugiés palestiniens et dénoncer le
strict blocus imposé par l'Etat hébreu à Gaza. La journée
de vendredi a été la plus meurtrière depuis 2014, date de la dernière
guerre entre Israël et le Hamas, qui observent depuis un cessez-le-feu
tendu.
Des organisations de défense des droits de l'Homme se sont
pour leur part interrogées sur la réaction des forces de sécurité
israéliennes. "Les allégations israéliennes de violences
par certains manifestants ne changent rien au fait que l'utilisation de
la force meurtrière est interdite par le droit international, sauf pour
faire face à une menace imminente", a affirmé l'ONG Human Rights Watch,
jugeant le nombre de morts et de blessés "choquant".
La "grande marche du retour" a été lancée à l'occasion de la
"Journée de la Terre", qui marque chaque 30 mars la mort en 1976 de six
Arabes israéliens lors de manifestations contre la confiscation de
terrains par Israël. Les Arabes israéliens sont les descendants de
Palestiniens restés sur place à la création de l'État d'Israël en 1948.
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