Pierre Laurent, quel est le symbole de la chaîne humaine au barrage du Sautet ?
L’idée,
pour nous, est de lancer un appel à la mobilisation pour mettre sous
protection citoyenne nos barrages. On le voit bien aujourd’hui : il y a
une vraie offensive gouvernementale contre les services publics, la
SNCF, le service hospitalier et bientôt notre système de production
électrique. Car, il faut le rappeler, 12 % de l’électricité française
est produite par les barrages. C’est la première énergie renouvelable de
France ! Et voilà qu’au moment où on doit piloter, de manière ferme, la
transition énergétique, le gouvernement va activer le levier d’une
privatisation progressive. C’est une triple aberration : économique,
écologique et sociale.
Pourquoi, alors, le débat national n’est-il pas plus virulent ?
Au
local, dans les territoires, on en parle beaucoup. On est même déjà
dans le combat… Mais au national, je pense que le gouvernement est très
embarrassé par la question. Au moment où il fait de grandes déclarations
sur la protection de l’environnement, c’est un peu gênant pour lui
d’expliquer qu’il entend laisser au privé la ressource en eau, qu’il est
prêt à vendre des produits d’un service public essentiel.
Qu’espérez-vous maintenant ?
D’abord,
il faut que s’ouvre un vrai débat sur le sujet. Qu’on explique enfin
aux Français que notre pays pourrait faire autrement, qu’il n’est pas
obligé d’appliquer, avec un zèle de premier de la classe, toutes les
injonctions européennes, qu’il n’est pas forcé à libéraliser tout un pan
de ses services publics. Le gouvernement ne peut pas faire croire que
la France n’a pas son mot à dire, que c’est un chemin obligé et
obligatoire. Je rappelle que notre pays, avec ses représentants et son
poids dans l’UE, est un des principaux rédacteurs des traités européens.
Quand Hulot se lance dans la bataille contre le glyphosate, il le fait
au niveau européen. Si la France menait pareillement le combat pour
l’eau, le débat pourrait être gagné. La France ne doit pas porter un
discours de résignation, elle a cette responsabilité. Il faut sauver nos
barrages.
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