Ce
premier jour de la grève unitaire à la SNCF a été très suivi, hier. Le
signe d’une colère et d’une détermination qui déjouent les scénarios
d’une « réforme » jouée d’avance.
Des
quais vides de trains et de passagers. Les images saisissantes de gares
désertées en disent plus long sur la réussite de la grève des cheminots
que les chiffres fournis par la SNCF, selon laquelle ‘‘seul’’ un tiers
des effectifs de l’entreprise publique (33,9 %) auraient cessé le
travail hier, contre 35,4 % le 22 mars. Les trains qui n’ont pas circulé
ce mardi fournissent un autre décompte : sept TGV sur huit annulés,
quatre trains régionaux sur cinq (TER et Transilien) et entre 50 et 80 %
des RER restés au dépôt. Pour expliquer ce décalage, la direction a
fait valoir un taux de grévistes très supérieur chez les personnels
indispensables à la circulation, soumis à déclaration préalable : 48 %
auraient manifesté leur « intention » de cesser le travail, dont 77 %
rien que chez les conducteurs. Un chiffre que la CGT cheminots, syndicat
majoritaire, estimait pour sa part lundi soir à 83 %, et à 1 salarié
sur 2 tous personnels confondus.
Reste
une réalité incontournable : ce premier jour d’une grève appelée dans
l’unité la plus complète par tous les syndicats représentatifs (CGT,
Unsa, SUD et CFDT) contre un projet qui « vise à détruire le service
public ferroviaire par pur dogmatisme », selon eux, a été
particulièrement suivi. Le signe d’un mécontentement et d’une
détermination qui déjouent les scénarios d’une « réforme » plus facile à
mener qu’en 1995, par exemple. Pour cela, l’exécutif comptait, outre
sur sa majorité très large à l’Assemblée nationale pour valider fissa
les ordonnances, sur la bienveillance d’une opinion publique préparée
depuis des années par le travail de division des salariés entre eux.
Pourtant, à rebours de cette entreprise de conditionnement et malgré
l’avalanche des reportages traditionnels sur la « galère des usagers »,
le sentiment d’une mobilisation justifiée gagne des points dans
l’opinion : 46 % sont désormais de cet avis selon un sondage Ifop pour
le Journal du dimanche, contre 42 % quinze jours auparavant selon ce
même institut pour CNews et Sud Radio. C’est davantage que la grève des
transports pour les « régimes spéciaux » de 2007 (37-38 % qui
l’estimaient « justifiée »). Certes, une majorité (53 % ; - 5) reste
pour l’instant plutôt de l’avis du gouvernement. Mais la dynamique n’est
pas de son côté : 48 % ne souhaitent pas qu’ils mènent son projet à
terme, et déjà, des secteurs cruciaux ont ‘‘basculé’’ majoritairement du
côté des cheminots, à l’instar des moins de 35 ans et des catégories
modestes.
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