Tandis
que débute l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi pour un
« nouveau pacte ferroviaire », un demi-millier de salariés de la SNCF se
sont réunis hier sur l’esplanade des Invalides, à Paris, pour s’opposer
à la casse du service public.
Alors
que s’ouvrent lundi les débats à l’Assemblée nationale sur le projet de
loi « pour un nouveau pacte ferroviaire », plus de 500 cheminots ont
tenu un rassemblement hier sur l’esplanade parisienne des Invalides, à
l’appel de la CGT cheminots et de l’union régionale de la CGT
d’Île-de-France. « C’est un moment fort du mouvement social, il est
important de montrer que nous sommes au rendez-vous », a lancé au micro
Alexandre Boyer, secrétaire général CGT cheminots de Paris Sud-Est. Une
détermination encouragée par une forte mobilisation en cette quatrième
journée de grève : 43 % de grévistes, dont 74 % parmi les conducteurs de
trains.
« Les cheminots sont en colère, on ne se laissera pas
faire », scande une foule compacte de manifestants CGT, FO et SUD rail
qui marchent d’un pied ferme vers l’Assemblée nationale. Pour Nathalie,
une cheminote de la CGT, « on est en train de montrer au gouvernement
que cette réforme ne passera pas comme une lettre à la poste, on doit
continuer de se mobiliser ». Elle espère que les débats feront basculer
l’opinion du côté des grévistes, car elle estime ce projet de loi
« dangereux » pour l’avenir du service public ferroviaire.
Un vote solennel est programmé en première lecture le 17 avril
La fin du statut des cheminots nourrit les inquiétudes et
les mécontentements. « Comment imaginer que les trains arriveront à
l’heure ou que le service sera amélioré si on casse notre statut ? »
font mine de demander quatre agents de maintenance FO, sur fond de
fumigènes, pétards et sirènes. « On nous fait passer pour des
privilégiés, alors que nos salaires sont gelés depuis des années et que
nos paies ne sont pas énormes », poursuivent-ils.
Tous comptent sur les députés de gauche pour porter leurs
revendications dans l’Hémicycle. « Ils seront les seuls à faire vivre le
débat, les députés de la majorité sont des godillots », peste une
cheminote de la CGT. Preuve en est, les élus de la République en marche
(LREM) ont donné leur feu vert en commission à une série d’amendements
du gouvernement sur l’ouverture à la concurrence. Un vote solennel est
programmé en première lecture le 17 avril, deux jours avant la journée
d’action nationale interprofessionnelle appelée par la CGT.
L’intersyndicale CGT, FO, Unsa, CFDT et SUD souhaite que
les lignes bougent sur la réforme SNCF. Des syndicats ont soumis une
série d’amendements aux groupes de l’opposition (PS, PCF et FI) et à
certains élus LREM. « Nous avons pris contact avec le député PS Luc
Carvounas et plusieurs parlementaires du PCF, de FI pour partager notre
vision du service public ferroviaire », nous assure Alexandre Boyer, de
la CGT cheminots. De son côté, l’Unsa et la CFDT ont transmis
respectivement une dizaine et une vingtaine de propositions, qui portent
notamment sur le maintien de la structure juridique des Epic
(établissements publics à caractère industriel et commercial) SNCF
Mobilités et Réseau, et sur les modalités du transfert des personnels.
« Des députés de la majorité commencent à gémir et semblent vouloir
jouer leur rôle », nous affirme Rémi Aufrère-Privel, le secrétaire
général adjoint de la fédération CFDT transports et environnement, qui a
tenu à participer au rassemblement.
« Il s’agit de réunions pour amuser le corps social »
« On attend que les députés abordent enfin les questions
de fond », affirment à l’unisson les syndicats. Le projet de loi
fourre-tout ne « répond pas aux besoins du service public ferroviaire »,
selon Rémi Aufrère-Privel. Des séances de « concertation » vont
également se poursuivre avec la ministre des Transports, Élisabeth
Borne. « Il s’agit de réunions pour amuser le corps social », s’agace
Florent Monteillet, négociateur pour l’Unsa, également présent à la
manifestation. Selon lui, il est nécessaire que l’État fasse des
annonces concrètes sur la reprise de la dette de SNCF Réseau, qui gère
les voies ferrées.
Ce premier rassemblement annonce une belle manifestation
le 19 avril, affirment les participants. « Nous commençons doucement à
mettre la pression sur le gouvernement, assure Alexandre Boyer, de la
CGT. La mobilisation va se durcir côté cheminots si le gouvernement ne
retire pas son projet de loi. » Son adoption définitive est souhaitée
avant l’été par le gouvernement.
La caisse de grève de la cgt fait le plein de solidarité
« J’ai 78 ans, gaulliste dans l’âme, je ne vous ai jamais rejoint, mais là, il s’agit de sauver le service public ! »
Voilà le genre de messages qui accompagnent les dons reçus par la CGT
et qui alimentent la caisse de solidarité mise en place par le syndicat
pour soutenir les cheminots. Une caisse qui affiche déjà plus de 50 000
euros. « Des tas d’enveloppes n’ont pas encore été ouvertes », précise-t-on du côté de la Confédération. Nombreux sont ceux qui soutiennent ce mouvement, « tout en précisant qu’ils ne sont ni syndicalistes, ni militants politiques ». La cagnotte mise en œuvre par plusieurs personnalités a dépassé les 500 000 euros.
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