samedi 5 octobre 2024

7 octobre : à Gaza, « après un an, je suis toujours vivant, ça tient du miracle »

Sa maison a été détruite, son frère et ses nièces tués. Depuis la bande de Gaza, Ziad Medoukh, professeur de français et écrivain, livre une chronique d’une année d’horreur qui ne s’arrête pas.

Comme citoyen de la ville de Gaza, je ne sais pas vraiment par où commencer, ni comment, ni quoi écrire… L’intensité du feu venant du ciel et de terre sème toujours plus de morts. On pensait égoïstement que l’escalade actuellement au Liban allait arrêter les bombardements ; or, rien n’a changé.

Nos compagnons du ciel ne sont plus les étoiles, ni la lune vers qui nous levions nos regards animés d’ambition et d’espoir ; ce ne sont désormais que les avions, les drones, les bombardements permanents, le brouillard, le rouge vif du sang, les explosions aussi ardentes que la chaleur du soleil et les éclats d’obus dans l’air, qui sont des coups de tonnerre ininterrompus rythmant notre quotidien.

Face à cette situation, mon cœur et mon esprit sont tiraillés au point de ne plus savoir quoi penser ou quoi dire. Je souffre littéralement chaque instant. Je crie. Comment pourrions-nous diminuer cette souffrance ? Nous n’avons même plus envie de manger, ni de boire, nous n’arrivons pas à dormir, nous sommes morts, cœur et corps.

« Les militaires israéliens détruisent tout, sans distinction »

Chaque heure, chaque minute, chaque seconde, nous sommes traumatisés. Face à l’incertitude de la chute d’une bombe, nous ne savons pas quand la mort nous frappera fatalement. Nous ne savons pas de quelle façon nous allons mourir ou si nous allons survivre à ce énième acte criminel. Hier, ce furent des voisins, des quartiers proches et, aujourd’hui, à qui ce sera le tour ? Qui succombera ?

L’armée d’occupation a semé la terreur et l’horreur à Gaza, qui subit un blocus inhumain et illégal depuis plus de dix-huit ans. Avec ce nouveau cycle d’agressions, les militaires israéliens détruisent tout, sans distinction : immeubles, maisons, bâtiments, hôpitaux, centres d’accueil, mosquées, églises, usines, bibliothèques, centres médicaux, écoles, universités, librairies, stations électriques, puits d’eau, parcs, banques, associations, stades, monuments historiques, centres commerciaux et terrains agricoles.

Le véritable objectif de cette cinquième offensive militaire en quatorze ans est de briser la volonté remarquable d’une population civile résistante qui a choisi de défier le blocus et toutes les mesures atroces de l’occupation, quitte à rester et vivre dans les ruines des bombardements, et dans des conditions inhumaines.

Comme tous les habitants ici, j’ai vécu cette agression avec beaucoup de douleur et de larmes. Après un an, je suis toujours vivant, ça tient du miracle. Je souffre comme toute la population, mais je suis toujours là, en chair et en âme, pour continuer à faire mon devoir d’écrire et de témoigner de la folie meurtrière.

J’ai beaucoup maigri, je me suis affaibli, je suis impuissant et incapable de dire des mots et des phrases face à ces atrocités infligées. Moi qui vois la mort mille fois par jour, qui ai perdu mon frère, mes proches et ma maison, je suis incapable de protéger ma famille, ni de soulager mes enfants. Cette longue année de souffrances et de malheur a été divisée pour moi en cinq périodes et événements, tous horribles et douloureux.

Le début du carnage, du 7 octobre 2023 jusqu’à la fin du mois, a été marqué par des bombardements intensifs qui visaient les bâtiments, les immeubles et les habitations civiles en premier lieu. Le premier jour a connu l’assassinat de 130 citoyens de Gaza, dont 32 enfants, 13 femmes et 12 personnes âgées. Après deux semaines, l’aviation militaire israélienne a lancé des tracts pour demander aux habitants de Gaza et du nord de la bande de Gaza de quitter leur ville pour aller dans le Sud : 900 000 Palestiniens ont quitté le Nord ; 600 000 ont décidé de y rester, malgré les bombardements intensifs.

« J’ai été encerclé pendant 48 heures dans un immeuble avec 60 de mes voisins, sans eau, sans nourriture et sans électricité »

Personnellement, j’ai décidé de rester chez moi, je ne voulais pas participer à une nouvelle Nakba, je voulais continuer mon devoir de témoigner. Pendant cette période, j’ai été très sollicité par les différents médias francophones, j’accordais 15 entretiens par jour à des chaînes et des sites. J’étais épuisé mais fier de participer à informer le monde francophone sur notre situation dramatique. Finalement, et avec l’intensification des bombardements qui ont touché mon quartier, j’ai décidé d’envoyer ma femme et mes cinq enfants à Khan-Younès, au sud, avec ma mère et mes frères. J’ai vécu des moments terribles seul, entre les témoignages, faire les tâches ménagères et aider les voisins sous les bombes.

La deuxième période est marquée par le début des opérations terrestres : les trois semaines de novembre 2023. Les chars et les blindés israéliens sont arrivés dans mon quartier. J’ai été encerclé pendant 48 heures dans un immeuble avec 60 de mes voisins, sans eau, sans nourriture et sans électricité, dans la peur et l’attente d’une attaque qui allait nous coûter la vie. Personne ne bougeait ou ne parlait, jusqu’au retrait des chars.

Lors de la dernière semaine de novembre, une trêve a permis à tout le monde de descendre dans les rues pour constater les dégâts et les destructions massives. Durant cette période, on a eu quelques approvisionnements, quelques magasins étaient ouverts pour les produits de première nécessité, mais leurs prix ont beaucoup augmenté, car les passages étaient tous fermés. La troisième période a été la plus dramatique et la plus horrible. Elle débute le 1er décembre, avec la reprise des opérations militaires israéliennes, cette fois avec l’occupation de toute la ville de Gaza. J’ai été obligé de quitter mon immeuble et mon quartier, car les avions militaires, les chars et la marine israélienne bombardaient à proximité. On n’a rien pu prendre avec nous dans notre premier déplacement forcé.

Mon frère Zaki, ingénieur en agronomie, a refusé de partir. Le 2 décembre 2023, à 20 heures, un voisin qui habite en face de notre immeuble et qui s’occupe de ses deux sœurs handicapées m’a téléphoné pour m’annoncer la terrible nouvelle : un feu a lieu dans notre immeuble. J’entends des cris d’enfants, on a appelé les ambulances et la défense civile, mais ils ne pouvaient rien faire parce que notre zone est considérée comme dangereuse, et l’occupant refusait de laisser passer les secouristes.

À 6 heures du matin, et malgré la présence de drones dans le ciel, j’ai décidé de me rendre sur place avec mon cousin. En arrivant, mon frère était allongé dans la cour avec sa femme et ses cinq enfants : tous morts. Notre immeuble était totalement détruit. On a réussi à sortir les corps et j’ai pleuré. Même si j’ai essayé de cacher mes larmes. On a trouvé un cimetière pour les enterrer, il y avait des bombardements intensifs et tout le monde avait peur. Je suis resté tout le mois de décembre loin de mon quartier, très triste et en colère, mais impuissant.

Lors de la destruction de mon appartement, j’ai tout perdu : mes affaires, mes économies, mes livres, mes vêtements, mais surtout mes souvenirs. Dans mon nouveau quartier, j’ai été hébergé chez les cousins, on était 45 personnes dans la maison dans des conditions très difficiles, sans liberté individuelle, avec la pénurie de tout à Gaza, la poursuite des bombardements et les incursions militaires de l’occupant. J’emprunte jusqu’à présent de l’argent à mes proches et amis pour survivre. Les banques sont fermées et tout est très cher à Gaza. Les produits alimentaires restent introuvables. Leurs prix ont flambé car les aides internationales ne passent pas dans le Nord.

« Face au blocus, le gouvernement de Gaza n’a rien préparé pour l’approvisionnement de la population »

Entre janvier et avril 2024, j’ai été coupé du monde, le réseau de communications a été détruit par les chars de l’occupation. Je ne pouvais communiquer ni avec ma famille et mes proches au sud, ni avec les médias et les amis solidaires à l’étranger. De nouvelles incursions militaires ont forcé de nouveaux déplacements. Avec la famine, j’ai été obligé de manger des herbes pour survivre.

D’avril à mai, il y a eu une petite amélioration, côté alimentation : avec la pression internationale, plusieurs camions sont passés vers le nord qui acheminaient en particulier de la farine pour les boulangeries de Gaza, qui ont commencé à refonctionner. Mais à partir de juillet, on a constaté le retour de la famine dans le Nord. Face au blocus, le gouvernement de Gaza n’a rien préparé pour l’approvisionnement de la population. Les magasins et les supermarchés ont vendu tous leurs produits alimentaires dans les deux premières semaines.

L’occupant a décidé de ne rien envoyer, ni produits alimentaires, ni médicaments, et il a interdit aux organisations internationales d’acheminer des aides dans le Nord. Pour le Centre et le Sud, il a augmenté l’arrivée des aides pour encourager les gens à s’y rendre. Une vraie famine s’est installée, on ne trouvait rien sur les marchés, les produits alimentaires sont introuvables.

Dans les marchés, les habitants sont effrayés, dans leurs yeux tristesse et colère devant leurs enfants. Ils ne peuvent pas répondre aux besoins de ces enfants privés de tout. Pour survivre, on se débrouille, on s’adapte, on prend un repas par jour, on mange du pain, quelques boîtes de conserve. Cette agression a été la plus violente, et la plus meurtrière jamais vue depuis la guerre de 1967. C’est la première fois depuis 2009 que les habitants évacuent leurs maison et quartier aussi rapidement. S’ajoute à tout cela l’ampleur des bombardements israéliens intensifs qui ont touché toutes les habitations et les infrastructures civiles, en particulier les hôpitaux, les écoles et les centres d’accueil.

Cette offensive a fait des centaines de milliers de victimes, selon un bilan provisoire. Les chiffres sur les victimes palestiniennes sont fournis par le ministère palestinien de la Santé à Ramallah qui gère le secteur de la santé dans la bande de Gaza. Plusieurs organisations internationales présentes sur le terrain – Médecins sans frontières, Médecins du monde – ont des chiffres provisoires proches de 125 000 personnes sous les décombres.

J’ai de la peine pour les enfants et les jeunes de Gaza, les pauvres, qui ont perdu une année scolaire et universitaire. Je travaille au quotidien avec eux pour les rassurer, leur remonter leur moral. J’organise des actions et des activités pour les jeunes pour qu’ils soient actifs dans la société et se sentent utiles. Car ils sont désespérés, ils ne voient ni avenir, ni perspective ; certains veulent partir de Gaza à tout prix. Mais la majorité sont toujours là, à supporter l’insupportable. Ils disent avec force et détermination qu’on reconstruira Gaza de nouveau, malgré les pertes et la destruction massive.

« En tant que citoyen qui se trouve sous le feu et les bombes, j’attends toujours une solution afin de mettre fin à notre souffrance »

Nous avons beaucoup apprécié les manifestations de solidarité partout dans le monde, en particulier le soulèvement dans les universités. En tant que professeur, j’ai été touché par la mobilisation continue de ces étudiants pendant des mois et des mois jusqu’à la fin de l’année universitaire, et leur détermination pour réclamer justice et fin de l’agression pour Gaza. Mais surtout c’était un message fort aux jeunes de Gaza qu’ils ne seront pas abandonnés.

La mobilisation dans les campus universitaires américains était une surprise, car on s’attendait à des manifestations dans les universités arabes et européennes. Mais les étudiants aux États-Unis ont compris que les Palestiniens sont en train de subir un vrai génocide, victimes d’un régime d’apartheid.

Les décisions courageuses de la Cour internationale de justice, qui a qualifié l’occupation israélienne des territoires palestiniens comme illégale, et celle de la Cour pénale internationale de vouloir juger les criminels israéliens pour les massacres commis dans la bande de Gaza ont été saluées par les Palestiniens, en particulier les Gazaouis.

Mais le plus important, c’est l’application de ces décisions sur le terrain. En tant que citoyen qui se trouve sous le feu et les bombes, j’attends toujours une solution afin de mettre fin à notre souffrance depuis presque un an maintenant. Depuis 1947 jusqu’à nos jours, des dizaines de décisions internationales sur la Palestine sont restées sans application, et aucune sanction n’a été prise contre l’État israélien.

Un an après, notre message est clair : c’est ici notre terre, jamais nous ne partirons, en dépit de tous les massacres et de toutes les atrocités. Et même si la vie continue dans une situation très difficile, l’espoir de reconstruire Gaza existe et l’espoir dans une vie meilleure subsiste à jamais. ❞

 

Corse : les ports et aéroports bloqués par des grèves contre leur possible gestion par des groupes privés

En Corse, une grève spontanée bloque les aéroports et les ports depuis jeudi 3 octobre. En cause : une divergence d’appréciation entre la Collectivité de Corse et l’État sur la gestion de ces sites stratégiques.


Les six ports et les quatre aéroports de Corse sont bloqués depuis jeudi 3 octobre par un mouvement de grève spontanée. Les agents de la chambre de commerce de l’île, emmené par le Syndicat des travailleurs corses (STC), ont ainsi suivi le cri de colère du président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, contre les réticences exprimées par un représentant du préfet de Corse sur un dispositif permettant à la Chambre de commerce de continuer à gérer les aéroports et ports de Corse.

« Déclaration de guerre »

Lors de l’assemblée générale extraordinaire de la chambre de commerce et d’industrie de Corse (CCI), un représentant du préfet de Corse a reconnu avoir des doutes à propos de la création de deux syndicats mixtes ouverts (SMO) portuaire et aéroportuaire d’ici la fin de l’année, devant accorder des concessions à la chambre de commerce et d’industrie pour qu’elle continue de gérer les ports et aéroports de l’île à partir du 1er janvier 2025. Le représentant du préfet a notamment exprimé des réticences sur « un risque juridique important », estimant que ce montage ne pouvait « pas contourner l’appel d’offres » prévu pour tout marché public.

« C’est une déclaration de guerre » de l’État, a vivement réagi Gilles Simeoni en ajoutant qu’« il n’y aura pas de groupes internationaux qui géreront les ports et les aéroports de Corse ». Il n’y a « aucune velléité de la part de l’État » de confier à des groupes privés la gestion des ports et aéroports insulaires, avait assuré à l’Agence France-Presse le préfet de Corse. « Nous avons demandé au préfet de Corse de rétablir le dialogue avec la collectivité locale », a réagi sur franceinfo François Durovray, le nouveau ministre des Transports, estimant qu’« il y a peut-être eu une incompréhension lors d’une réunion ».

 

vendredi 4 octobre 2024

Journée mondiale pour le droit à l’avortement - Une lutte toujours d’actualité

L’IVG est un droit fondamental ! Le 4 mars 2023, nous avons pu collectivement célébrer une victoire juridique dans la lutte pour l’accès à l’IVG en France avec sa constitutionnalisation. Pour autant, ce combat est encore et plus que jamais d’actualité.

L’accès à l’IVG peut encore être un véritable parcours du combattant : clause de conscience, désinformation, accueil culpabilisant, délais trop longs. La casse du service public, avec un manque de moyens grandissant dans le système de santé publique et une multiplication des déserts médicaux, entrave l’accès à l’IVG. Le planning familial estime à 130 le nombre de centres fermés en 15 ans. L’association vient de publier le 1er baromètre sur l’accès à l’avortement, mené par l’IFOP, où sont constatées ces difficultés : 1 femme sur 3 a ressenti des pressions lors de son avortement, la moitié des femmes ayant eu recours à un IVG ont dû attendre plus de 7 jours pour obtenir un rendez-vous, au lieu des 5 jours recommandé par l’OMS.

L’inscription de cette “liberté” dans la Constitution, ne garantit pas un accès effectif à l’IVG sur tout le territoire. Le droit à l’avortement ne sera pas rendu égalitaire avec seulement des avancées juridiques, de véritables moyens doivent être mis en œuvre.

La nomination du nouveau gouvernement Barnier annonce la couleur. II incarne une politique réactionnaire et patriarcale, avec des ministres qui ont voté et se sont engagé·es contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution ; un premier ministre qui entend gouverner main dans la main avec l’extrême droite ; une austérité annoncée pour les services publics et notamment pour le secteur de la santé déjà en souffrance. Ces positions rétrogrades, réactionnaires et libérales rendent encore plus pressante la nécessité de continuer à mener cette lutte avec détermination.

Ce 28 septembre le MJCF se mobilise aux côtés des associations féministes partout en France pour porter nos revendications et affirmer que l’IVG est un droit fondamental !

Le MJCF revendique :

- La fin de l’austérité dans les services publics.

- L’accès effectif à l’IVG selon la méthode de son choix sur tout le territoire de manière égale.

- L’abolition de la clause de conscience pour les personnels de santé.

Article paru dans CommunisteS n°1012

 

jeudi 3 octobre 2024

Nous combattrons de toutes nos forces le choix de l’austérité !

Dans son discours de politique générale, le Premier ministre fait le choix de la poursuite de la politique du président de la République qui a échoué et a été massivement sanctionnée dans les urnes par les Françaises et les Français.

Une boussole est au cœur des annonces de Michel Barnier : mener une politique d’austérité confirmant que les deux tiers de la réduction du déficit public, plus de 20 milliards d’euros, seront assurés par la réduction des dépenses de l’Etat et des collectivités, affaiblissant ainsi les services publics de proximité et l’ensemble de notre économie. Il confirme ainsi un cap : servir le capital, au détriment du travail et de la réponse aux besoins des Français et des Françaises en métropole comme dans les Outre-Mer, des TPE-PME dont le nombre de faillites atteint un record, et des collectivités dont les ressources ne cessent d’être amputées.

Les salariés, leurs salaires et retraites, sont les grands absents de cette déclaration.

Des millions de salariés demandent de véritables hausses de salaire pour un travail qui paie, et ils obtiennent pour seule réponse une revalorisation minimale anticipée du Smic et les fausses recettes libérales que sont l’intéressement et la participation salariée.

Des millions de salariés demandent l’abrogation de la réforme des retraites, et celle-ci est rejetée par le Premier ministre qui confirme qu’aucun moyen supplémentaire ne sera dégagé au nom de « l’équilibre financier ».

Quant aux enseignants et soignants mobilisés au quotidien au service de nos concitoyennes et concitoyens, ils n’obtiennent rien d’autre qu’une vague promesse de renforts de bénévoles retraités !

Et aucune mesure n’est annoncée pour l’avenir de la jeunesse du pays, traitée sous le seul angle de la délinquance, celle-ci se voit stigmatisée et la justice des mineurs menacée de destruction.

En matière d’immigration, le Premier ministre cède à l’argumentaire du Rassemblement national, comme en témoigne notamment sa volonté de renforcer Frontex et ses pratiques contraires aux droits humains.

Pire, le Premier ministre décide d’aller plus loin dans l’austérité comme en témoignent les plafonds de dépenses prévus dans le cadre du budget 2025, en baisse de 10 milliards d’euros, touchant massivement le travail et l’emploi.

Au regard de ces choix, la surtaxe sur les grandes entreprises — qui n’est en fait qu’un retour, pour une petite minorité de grandes entreprises, sur certains cadeaux fiscaux accordé par Emmanuel Macron – vise à masquer cette nouvelle cure d’austérité. L’heure est à une remise à plat total de la politique d’exonérations et d’aides publiques aux entreprises, pour servir le progrès social et écologique.

Nous combattrons de toutes nos forces le choix de l’austérité. La France a besoin d’un nouveau mode de développement, éradiquant le chômage et  garantissant un emploi de qualité pour tous et toutes et la formation, davantage de dépenses orientées vers une nouvelle industrialisation sociale et écologique du pays et le développement des services publics. 

En matière de politique étrangère, la voix de la France ne sera pas plus forte avec Michel Barnier, alors même que la situation européenne et mondiale, les risques d’escalade en Ukraine et au Proche-Orient appellent plus que jamais une voix indépendante de la France et une diplomatie au service de la paix.

Aux côtés de nos parlementaires qui appellent à censurer ce gouvernement, le PCF salue les organisations syndicales qui ont organisé une première journée d'action interprofessionnelle. Il appelle à amplifier la mobilisation pour combattre la politique du gouvernement Barnier.

Paris, le 1er octobre 2024

Fabien Roussel,

Secrétaire national du PCF

 

Manif du 01/10/2024


 Environ 4 000 personnes ont manifesté ce mardi 1er octobre dans les rues de Grenoble, à l'appel des syndicats CGT, Solidaires et FSU, et de plusieurs organisations de jeunesse. Une mobilisation pour les salaires, les retraites et les services publics, au moment où le Premier ministre Michel Barnier prononçait son discours de politique générale.

Travailleur Alpin


 Près de 700 salariés de #Vencorex et d'autres entreprises de la chimie, venus d'Isère mais aussi d'autres départements, ont défilé ce mardi 1er octobre à Pont-de-Claix, jusqu'à l'entrée nord de la plateforme chimique, aux côtés de plusieurs élus locaux. Réunis à l'appel de l'intersyndicale (CGT, CFDT, CFE-CGC) et de la FNIC-CGT, les manifestants ont réaffirmé leur détermination à sauver les emplois, menacés par le placement en redressement judiciaire de , toujours dans l'attente d'un repreneur.

mercredi 2 octobre 2024

Gouvernement Barnier : les macronistes se rebiffent


 Dur dur d’être un macroniste à l’ère de la cohabitation entre Macron et Les Républicains – le tout sous tutelle de l’extrême droite ! Que c’est loin 2017…

La blague « On va bientôt regretter Darmanin » n’aura pas durer un mois avant de devenir réalité. Comme une malédiction française, demain semble toujours pire qu’hier. Dix jours que Bruno Retailleau est ministre de l’intérieur et, déjà, il nous promet du sang et des larmes.

Sa récente interview à LCI a été un sommet de provocation. Kamoulox : « L’immigration n’est pas une chance, ni pour les migrants qu’on ne peut pas accueillir décemment, ni pour les Français » ; « Je regrette qu’on ne puisse pas faire de référendum. Il faudrait réviser la Constitution » ;« Notre culture est judéo-chrétienne […] Comment voulez-vous intégrer des jeunes qui doutent en leur disant que la France n’est pas aimable, qu’elle est coupable de tous les crimes ? » ; « Je suis favorable à la double peine » ; « Je n’ai aucun tabou. [L’accord de 1968 avec l’Algérie] est un accord déséquilibré, très avantageux pour l’Algérie, très désavantageux pour la France ».

Puis, dimanche dernier, il accorde un entretien à l’hebdomadaire d’extrême droite Le JDD pour remettre en cause un pilier de la République : « L’État de droit, ça n’est pas intangible ni sacré. […] La source de l’État de droit, c’est la démocratie, c’est le peuple souverain. » Plus populiste, tu meurs.

Les sorties du ministre de l’intérieur sont soutenues par le camp LR, mais aussi par l’extrême droite. En revanche, côté macronistes, c’est la grosse débandade. Et le fait que Bruno Retailleau ait dû rectifier le tir n’y changera pas grand-chose.

Macron plonge à droite, le macronisme passe à gauche (lol)

Yaël Braun-Pivet, la président de l’Assemblée, se la joue garante de la République : « L’État de droit est sacré, c’est ce qui protège notre démocratie. Un ministre ne peut pas prendre toutes les dispositions qu’il souhaite. » Elle avait moins de pudeur de gazelle lorsqu’il fallait aider le pouvoir exécutif à museler le législatif pour faire passer des réformes sans le moindre débat démocratique. Même Élisabeth Borne, « madame 49.3 », juge l’État de droit « sacré ».

Même état d’âme pour le parton des députés MoDem, Marc Fesneau : « L’État de droit c’est ce qui fonde les démocraties. C’est ce qui protège chacun d’entre nous de l’arbitraire. C’est ce qui a pu protéger, quand sous la pression des foules aux passions exacerbées par les populistes, certains étaient prêts au pire. »

Prisca Thevenot, l’ancienne porte-parole du gouvernement, vient-elle de se découvrir une fibre de frondeuse ? Aux propos du ministre de l’intérieur, elle rétorque : « On peut parler immigration sans dénigrer les Français qui en sont issus. Notre langue permet de faire la différence entre immigration illégale et légale. La première est à combattre, la deuxième à contrôler. Ne pas faire la distinction fait le lit du RN. » On l’a connue moins pudique lorsque Gérald Darmanin était au même poste.

En parlant du loup, qu’arrive-t-il à Gérald Darmanin qui, quittant Beauvau, se rappelle soudainement de ses origines ? « Si je m’étais appelé Moussa Darmanin, je n’aurais pas été élu », lâche-t-il, faisant référence à son deuxième prénom hérité de son grand-père tirailleur algérien. Combien de Moussa ont vu leur tente de fortune éventrée par la police, ont été incarcérés dans les indignes centres de rétention ? Combien de Moussa ont souffert de la politique qu’il a menée pendant quatre ans au ministère de l’intérieur ? Combien ont payé pour que Gérald Darmanin ait offert « sur un plateau » (dixit une députée macroniste) au RN la loi immigration ?

Et Prisca Thevenot, encore elle, joue la même comédie sur ses origines et rejette l’expression venue de l’extrême droite « Français de papiers », chère à Retailleau (et aux LR en général). Ils sont « une chance pour la France » depuis qu’un autre occupe le poste de celui qui dit qu’ils ne sont pas une chance pour la France. La question est : quand sont-ils honnêtes, avant ou après avoir perdu leurs ministères ? ?

Même du côté des tenants du libéralisme à outrance, ça tangue. « Une trentaine de députés macronistes se lèvent contre la hausse des impôts envisagée par Michel Barnier »lit-on sur Libération.

Face à tant d’hypocrisie, certains macronistes sautent du Titanic. La députée Sophie Errante quitte le groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée. Elle reproche tout : la loi immigration, la réforme des retraites, les 49.3, le choix de Michel Barnier comme Premier ministre. À noter qu’elle aura attendu sept ans de mandat jupitérien et deux réélections sous sa bannière pour sortir du bois. Est-il jamais trop tard ? Rejoindra-t-elle le frondeur en chef (chef de lui-même) Sacha Houlié pour appeler à censurer le gouvernement ou s’alliera-t-elle à Édouard Philippe comme ses collègues Charlotte Parmentier-Lecocq et Xavier Roseren ont fait avant elle ? Quoi qu’il advienne, Emmanuel Macron peut dormir tranquille.

Il y a quelque temps, la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher s’interrogeait : « J’aurais aimé qu’il y ait des représentants du Parti socialiste » dans le gouvernement Barnier. Quand on voit qu’il vaut mieux attaquer l’État de droit que l’extrême droite, on comprend mieux pourquoi.

Transports en commun gratuits pour 47 000 Grenoblois : le PCF salue « une victoire qui en appelle d’autres »

Les transports en commun sont désormais gratuits pour plus du quart des Grenoblois.

La ville de Grenoble a annoncé la mise en place de la gratuité des transports en commun et de la location de vélo à partir de septembre 2024, pour les plus précaires, soit 47 000 Grenoblois. Faute d’accord avec le Smmag, seuls les habitants de la commune peuvent en bénéficier, en se faisant rembourser leur abonnement. Une première étape, salue la section Grenoble Meylan du PCF, qui milite maintenant pour la gratuité totale et son extension à l’ensemble de la métropole.

C’est « une victoire qui en appelle d’autres », pour la section Grenoble Meylan du PCF, qui « se félicite de la mise en œuvre partielle de la gratuité des transports en commun par la ville de Grenoble via le Centre communal d’action sociale ». La mesure, appliquée à partir de septembre 2024, concerne environ 47 000 Grenoblois, soit plus du quart des habitants de la ville, selon le CCAS.

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Les Grenoblois les plus précaires bénéficient des transports gratuits depuis début septembre, sur remboursement de leur abonnement.

Le sujet est un vieux serpent de mer du débat politique local, comme le rappelle le PCF, évoquant « le fruit d’une longue mobilisation militante et politique, initiée il y a plus de dix ans ». Une revendication qui figurait également parmi les promesses de campagne d’Éric Piolle en 2020, les communistes étant « à l’origine de [son] inscription dans le programme municipal », soulignent-ils.

Un quotient familial inférieur à 715 euros

La victoire de Grenoble en commun aux municipales 2020 n’avait pourtant pas suffi à la mettre en place. La compétence étant métropolitaine, l’échec de Yann Mongaburu, candidat soutenu par la majorité municipale, lors de l’élection à la présidence de Grenoble Alpes Métropole – prélude à plusieurs années d’intense rivalité à gauche – avait en effet donné un coup d’arrêt au projet de gratuité… Du moins provisoirement.

La ville a ainsi annoncé en 2023 l’instauration du dispositif, associé à son bouclier social et climatique, financé par la hausse de 25 % du taux de la taxe foncière. Après quelques péripéties et détails à régler, celui-ci est donc officiellement opérationnel depuis le mois de septembre 2024, mais avec un petit bémol. Car le Smmag, autorité régulatrice des transports, a refusé de participer, déclinant les sollicitations de la mairie.

Seuls les résidents grenoblois sont éligibles à ce stade.

Par conséquent, seuls les résidents grenoblois peuvent en bénéficier. Principal critère d’éligibilité, avoir un quotient familial inférieur à 715 euros. Sont également concernés les étudiants boursiers ainsi que les bénéficiaires de l’aide médicale d’État (AME), de la complémentaire santé solidaire (CSS) et de l’allocation de solidarité spécifique (ASS).

Faute d’intervention du Smmag, les bénéficiaires doivent d’abord acheter leur abonnement (mensuel, trimestriel ou annuel) aux transports en commun ou à Mvélo+, avant de se faire rembourser les frais. Un dossier à remplir soit sur internet (grenoble.fr ou grenoble.iziici.fr), soit dans une maison des habitants. Le remboursement intervient dans un délai maximal de trois mois, via un virement bancaire du CCAS.

Bien qu’incomplète, la mesure constitue « une première étape bienvenue pour le pouvoir d’achat, la redistribution équitable des richesses et l’accompagnement nécessaire aux transitions écologistes », estime le PCF Grenoble. Investis au sein du collectif pour la gratuité des transports publics de l’agglomération grenobloise, les communistes restent néanmoins mobilisés pour « obtenir la généralisation de la gratuité totale dans la métropole grenobloise, à l’image de ce qui se pratique dans d’autres agglomérations comme celle de Montpellier ».