Les députés ont voté pour la création d’une commission d’enquête sur le dérapage des comptes publics, afin de faire toute la lumière sur les causes de la dégradation du déficit public.
L’heure des comptes approche pour le gouvernement. Alors que le déficit public doit atteindre 6,1 % du PIB cette année, loin des 4,4 % annoncés initialement par le gouvernement, une commission d’enquête parlementaire va être mise en place pour éclaircir les raisons de ce dérapage incontrôlé. À la manœuvre, deux camps que tout oppose.
Le Nouveau Front populaire (NFP), représenté notamment par le député FI Éric Coquerel, qui devrait prendre la tête des travaux via la transformation de la commission des Finances qu’il préside en commission d’enquête. Et le groupe UDR d’Éric Ciotti, allié du Rassemblement national (RN).
Bien que les premiers entendent interroger la disparition des recettes fiscales comme source du déficit alors que les seconds déplorent une baisse de la dépense publique qui ne serait pas allée assez loin, ils auront à mener ce travail plus ou moins conjointement.
Comment nos comptes publics ont-ils pu être coulés par sept ans de macronisme ?
Sur proposition de Yaël Braun-Pivet, la présidente macroniste de l’Assemblée nationale, un compromis a été trouvé et entériné ce mercredi 16 octobre, pour qu’un rapporteur ciottiste soit nommé, en plus d’un autre issu du camp présidentiel. Ils auront à répondre à une question simple : comment nos comptes publics ont-ils pu être coulés par sept ans de macronisme ?
Lors de la séance de questions au gouvernement, mardi 15 octobre, le premier ministre, Michel Barnier, a d’ailleurs déclaré attendre impatiemment « les chiffres, les faits, la vérité » de ce travail parlementaire. « En 2017-2018, les gouvernements précédents ont ramené en dessous de 3 % le déficit. Et puis il y a eu un emballement, a-t-il observé, faisant allusion à la guerre en Ukraine, l’inflation et la crise du Covid. Ensuite, on a mal maîtrisé la sortie de crise, et la réalité est aujourd’hui celle-là. »
Une analyse bien différente de celle d’Éric Coquerel, pour qui il y a surtout eu « insincérité ou cécité » du camp présidentiel, « peut-être même les deux ». Ce qui en ferait, selon lui, une « possible affaire d’État ». « Bercy a certainement été aveuglé par sa politique de baisse des impôts au profit des plus riches tout en espérant tout de même toujours plus de rendement. C’est très grave ! »
Bruno Le Maire « naturellement à disposition »
Pour la députée Droite républicaine, vice-présidente de la commission des Finances, Véronique Louwagie, « l’alerte aurait dû être de mise dès fin 2023 » : « Nous constations déjà ces écarts par rapport aux prévisions. » À l’époque, le déficit public avait atteint 5,5 % du PIB. Les prévisions du gouvernement n’étaient que de 4,9 %.
Pour Bruno Le Maire, ministre de l’Économie de 2017 à septembre 2024, qui se dit « naturellement à disposition » de la commission d’enquête pour « répondre à toutes ses questions en toute transparence », l’étau se resserre. Même son ancienne première ministre, Élisabeth Borne, pointe du doigt sa responsabilité et celle de ses services d’alors.
Dans un entretien accordé au Point, ce mercredi, elle s’interroge : « Comment est-il possible que Bercy ne sache plus estimer des recettes à partir d’une croissance donnée ? Je pense utile que le ministère effectue son introspection. » Une façon de faire oublier la responsabilité de tout le camp présidentiel ? « Le principal responsable, c’est celui qui préside le pays, tranche Éric Coquerel. C’est lui qui décide de notre politique économique ! »
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