Alors que le nouveau gouvernement de Michel Barnier s’apprête sûrement à présenter un projet de loi menaçant l’existence de l’aide médicale d’État (AME), il est de notre devoir, en tant que représentants du peuple, de nous opposer fermement à cette attaque contre l’un des principes fondamentaux de notre République : l’accès universel aux soins de toutes celles et tous ceux qui en ont le plus besoin.
L’AME n’est pas un privilège accordé, comme certains voudraient le faire croire. Elle est l’incarnation de notre solidarité collective, le prolongement de nos valeurs humanistes, qui placent la dignité humaine au cœur de notre modèle social. L’AME permet aux personnes étrangères en situation irrégulière de bénéficier d’un accès minimal aux soins. Il s’agit donc d’un filet de sécurité indispensable.
Il semble utile de rappeler au gouvernement et singulièrement au nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, que la santé est un droit fondamental, inscrit dans notre Constitution, dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans l’ensemble de nos engagements internationaux. Nier ce droit à une partie de la population présente sur notre sol, c’est ouvrir la voie à une société inégalitaire et fragmentée, bien loin de nos idéaux humanistes portés depuis longtemps au sein de notre République.
Bruno Retailleau ignore sciemment les conséquences sociales et sanitaires d’une réforme de l’AME telle qu’il l’a laissé entendre depuis sa nomination. Cela conduirait inévitablement à un renoncement aux soins pour des milliers de personnes. Ces mêmes malades non traités ne disparaîtront pas ; leur état s’aggravera, propageant des maladies, et mènera à des situations médicales d’urgence. Une situation désastreuse pour notre système de santé et une mise en danger de nombre de nos concitoyens.
Les arguments économiques très souvent brandis par la droite et l’extrême droite ne sont pas crédibles. L’idée selon laquelle l’AME serait une charge excessive pour le budget de l’État relève d’une contre-vérité visant à stigmatiser une partie de la population. En 2022, son coût représentait moins de 0,5 % du budget de la Sécurité sociale, soit 1,2 milliard d’euros. Nous sommes bien loin des fantasmes relayés par les discours populistes. Par ailleurs, les études montrent que la prévention et les soins précoces permettent de limiter les dépenses à long terme, bien plus élevées en cas d’aggravation de l’état de santé.
Mais, au-delà des chiffres, il s’agit ici de faire preuve d’humanité face à des situations personnelles dramatiques. Il est temps de cesser d’instrumentaliser ce débat à des fins électoralistes et de reconnaître l’évidence : ce sont des femmes, des hommes et des enfants qui fuient des situations de guerre, de misère ou de persécution. Leur refuser l’accès aux soins, c’est renier notre histoire et nos valeurs. Notre République ne peut accepter une telle remise en cause d’un de ses droits fondamentaux.
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