Mesdames, Messieurs,
Vous êtes 270 000 à assurer, chaque jour, le droit à la sécurité et à la tranquillité de nos concitoyens. Policiers, gendarmes, douaniers, toutes et tous agents du service public, vous avez fait le choix courageux de vous mettre au service de la nation et de garantir la paix civile. Vous avez su, lors des Jeux olympiques, garantir la sécurité et la sérénité de cet évènement international et ainsi permettre à la France d’accueillir le monde, fraternellement, généreusement. Nous vous en sommes extrêmement reconnaissants.
Beaucoup de nos concitoyens auraient aimé qu’une telle parenthèse de concorde s’inscrive dans la durée. Mais les exigences du moment et les évolutions de la société pèsent sur nos vies à tous et affectent défavorablement votre travail quotidien. Des décennies de politiques du chiffre, additionnées à des réductions budgétaires et des réorganisations perpétuelles ont affaibli votre capacité d’agir efficacement.
Beaucoup d’entre vous se sentent découragés, avec l’impression de « vider l’océan à la petite cuillère » ajoutée à l’absence de reconnaissance de vos métiers. Tout cela nourrit de la déception, de la colère. Les démissions s’enchaînent à un rythme plus élevé que les recrutements. Pourtant, notre pays doit affronter des menaces toujours plus grandes : terrorisme, narco trafic, cyber attaques et cybercriminalité, blanchiment d’argent et corruption, délinquance en col blanc et délinquance tout court, racisme, antisémitisme, violence sexuelles et intrafamiliales…
Nous surmonterons tous ces fléaux en mobilisant tous les moyens de la nation, ceux de la justice mais aussi l’ensemble de nos services publics et de leurs agents. Parce que la France a besoin d’un continuum de sécurité, l’État, à vos côtés, doit retrouver sa place, toute sa place pour garantir à chaque citoyen la sécurité, la tranquillité, la justice, quels que soient son lieu d’habitation, son âge, sa classe sociale ou sa couleur de peau.
C’est pourquoi nous sommes tellement attachés à la construction d’un grand service public de la sécurité aux côtés d’un ministère de la Justice en capacité de faire appliquer rapidement ses décisions, toutes ses décisions. Nous défendons le recrutement dans un premier temps de 60 000 fonctionnaires dans la police, la gendarmerie et les douanes, dont 30 000 nouveaux fonctionnaires de police dédiés à une police du quotidien, de proximité et de terrain. Nous devons aussi redonner tous ses moyens à la police judiciaire en abrogeant la dernière réforme afin qu’elle puisse pleinement travailler au service de la justice, mener des enquêtes, en toute indépendance du pouvoir politique.
Alors que de nombreuses villes ont investi dans des polices municipales et dans la vidéo surveillance, les moyens de la police nationale reculent dans ces mêmes villes. Nous souhaitons donc revoir l’organisation en communautés de brigade ou circonscription d’agglomération en renforçant le maillage en commissariats et brigades de gendarmerie à travers le pays, dotés de moyens d’intervention, 24 h/24 h, et des moyens d’investigation à la hauteur des besoins. Nous souhaitons accroître les moyens dédiés à la police technique, scientifique, au renseignement, aux unités en charge du narcotrafic, de la délinquance financière, du trafic d’êtres humains et du démantèlement des réseaux mafieux, de toute cette délinquance qui gâte la vie des gens. Nous voulons retrouver le contrôle de nos frontières et empêcher autant que possible l’entrée des substances illicites comme celle des armes. Les moyens humains et techniques que nous devons développer sont considérables mais nous devons en faire une priorité. Car c’est en contrôlant beaucoup plus les marchandises qui entrent par nos ports, nos aéroports que nous arriverons à tarir la source, dans l’Hexagone comme dans les territoires d’Outre-Mer.
Nous relèverons ce défi par un plan pluriannuel d’embauches et de formations. Et nous y parviendrons en rendant plus attractives toutes vos missions. Nous proposons de revaloriser vos salaires, par la hausse de 10 % du point d’indice, par la transformation de nombreuses primes en salaires, par l’accès à une retraite anticipée, par la fin de la politique du chiffre, par la protection de vos vies comme de celle de vos familles. Nous faisons de la lutte contre le haut du spectre des trafiquants de drogues, d’armes ou d’êtres humains notre priorité. En cela, nous exigerons un haut niveau de réciprocité entre nos services et ceux notamment des monarchies du Golfe, comme ceux d’Afrique du Nord et d’Amérique latine pour tarir à la source l’arrivée de la drogue, mettre fin à l’impunité pour les criminels en exil et rendre ainsi effectif le démantèlement des filières.
Nous activerons tous les leviers, qu’ils soient économiques, diplomatiques ou politiques, loin de la timidité affichée par la France ces dernières années. Nous souhaitons également revoir et allonger la formation des policiers et agir contre la surpopulation carcérale, assurer des conditions dignes de détention et donner les moyens à l’administration pénitentiaire et judiciaire de réaliser sa mission en toute sécurité.
Nous devrons investir beaucoup plus fortement dans notre jeunesse pour la préparer à relever les beaux défis de notre pays. L’éducation, le travail, le respect, la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité sont des principes, des droits et des valeurs de notre République que nous voulons faire vivre pleinement pour nos enfants. C’est aussi le meilleur moyen pour lutter contre la délinquance avec des services de l’État, de la justice, de l’éducation nationale à la hauteur. Aucune mesure d’économie ne doit les toucher, à l’image de celles subies par la Protection judiciaire de la jeunesse.
Vous le constatez vous-même : quand l’État recule, c’est l’ensemble des services publics qui disparaît et, à travers cet affaiblissement orchestré, c’est la cohésion nationale qui est menacée. C’est pourquoi le budget de l’État doit se mettre au service de ces choix. Nous irons chercher l’argent là où il se trouve. Mais certainement pas dans les poches de celles et ceux qui travaillent et contribuent déjà beaucoup, comme vous toutes et vous tous.
Les communistes sont pleinement à votre disposition pour échanger sur cette ambition que nous portons pour la France et l’ensemble de nos concitoyens.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes salutations républicaines.
Fabien Roussel
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